Trouver des solutions grâce au collectif
Le co-développement est une méthode qui permet de faire émerger des solutions grâce au groupe. Le 12 juillet 2022, dans le magnifique Campus Versailles Patrimoine et Artisanat d’excellence, nous avons organisé une soirée qui a réuni une cinquantaine de personnes. L’objectif était de favoriser les rencontres et permettre aux artisans d’art de trouver des réponses à leur questionnement.
Entre les vues ensoleillées sur le château de Versailles, dans la bienveillance, l’ambiance dynamique et joyeuse, les échanges se sont construits sans peine. Démonstration :
Avant de terminer par un apéritif et une visite du campus Versailles, nous avons organisé cette session de co-développement. Chaque artisan d’art a été invité à décrire une ou deux problématiques à laquelle il a fait face récemment. Nous avons retenu six problématiques qui ont fait l’objet des six tables rondes décrites ci-dessous. Chaque artisan qui avait soulevé la problématique est devenu porteur de projet. Les personnes intéressées par la thématique se sont réunies autour de lui.
1 - Mieux gérer son temps au quotidien
Autour de cinq participants, Anne, doreuse et restauratrice sur bois doré, a exposé sa problématique. Le temps de production en atelier et la réponse aux commandes lui prend la grande majorité de ses journées. Elle se laisse porter par ses projets, et voudrait être plus structurée dans son organisation pour allouer du temps au développement commercial.
La question de l’artisan d’art entrepreneur est aussi de trouver du temps pour les autres composantes du métier : la vente, la prospection, la communication, l’administratif, la comptabilité. Les participants se sont donc concentrés à trouver une manière de lisser les différents temps nécessaires à l’activité pour tout faire. Voici les conseils/exercices qui sont ressortis :
Prévoir des temps réguliers à la communication, la prospection… est une solution. Il faut essayer de consacrer dans sa semaine et dans son mois des temps entiers dédiés à des thèmes/chantiers (communication, prospection…). Pour cela, avec le retour d’expérience que vous avez déjà, il faut essayer de calculer le nombre de jours nécessaires sur chaque semaine ou mois à allouer à chaque thème. Vous pouvez par exemple compter les heures sur l’année de production, qui vous permet de savoir le nombre incompressible/idéal d’heures en atelier.
La technique du gâteau du temps est une bonne manière de répartir mieux son temps ensuite avec les différentes tâches à accomplir : dessinez un camembert répartissant vos différentes tâches en part de gâteau, correspondant au temps passé pour chacune d’entre elle aujourd'hui. Ensuite, faites le même gâteau en dessinant la répartition idéale du temps qu’il faudrait. L’écart entre les deux vous permet de voir quel temps vous devez essayer d’ajuster, pour quelle tâche.
La semaine idéale : Grâce à l'expérience que vous avez acquise aujourd’hui, ou à l’exercice du gâteau de temps, essayez de dessiner une semaine idéale sur un calendrier, en répartissant des blocs de travail affilié à une tâche. Prévoyez des temps libres pour laisser place à l’imprévu.
1h30 pour se concentrer : prévoyez toujours une pause après 1h30 de travail, car la concentration diminue au-delà. Vous reprendrez le travail encore plus efficacement.
Les temps de gestion du planning : il faut prévoir régulièrement des temps où vous revoyez vos priorités et l’organisation de chaque jour/semaine. Ce peut être 20 min le lundi matin, le vendredi soir. 10 min tous les matins et soirs. L’important est de permettre de prioriser les tâches à accomplir, et de remodeler sa semaine pour atteindre ses objectifs.
Tout ce que l’on peut faire en 2min : le faire immédiatement. En effet, cela évite d’accumuler de la charge mentale : cela peut être la réponse à un mail, un sms, un commentaire…
Avoir un tableau qui résume toutes les tâches à faire, avec un code couleur (urgent, en cours, à faire…). L’afficher dans son atelier et le mettre à jour lors des temps de gestion de planning.
Savoir dire non : c’est même impératif. En effet, vous êtes très sollicité, et la capacité à vous protéger est primordiale pour tenir dans le temps. Dire non peut se faire simplement, en proposant une solution ou alternative à la personne en face, qui ne prenne pas votre énergie.
2 - Comment pallier aux périodes de crise ?
Damien est maroquinier - ébéniste, il crée des sacs alliant ses deux savoir-faire, dans un atelier- boutique à Versailles qui a pignon sur rue. Avant le COVID son activité se répartissait entre la revente (30%) et la vente aux particuliers (70%). Damien a recentré ensuite son activité sur sa boutique, constatant qu’elle pâtissait de ses commandes B2B. Depuis la crise sanitaire, la fréquentation de la boutique a baissé significativement, et Damien s’interroge sur les moyens :
- de faire revenir physiquement sa clientèle à la boutique
- de booster sa notoriété et visibilité
Après un premier tour de table qui a consisté à aider Damien à préciser sa problématique, la question sous-jacente était comment retrouver un niveau de chiffre d’affaires acceptable dans cette période post-covid, encore marquée par une baisse d’activité importante.
Voici les solutions qui ont été proposées par son groupe :
Créer des événements dans sa boutique, en-dehors des périodes déjà très animées. En dehors des JEMA, Noël, et autres périodes de fréquentation ou d’activité nécessairement fortes, créer des animations au sein de l’atelier, et notamment :
Des ateliers d’initiation au savoir-faire : sur des périodes bien limitées et cadrées dans le temps (pour que cela ne déborde pas sur les périodes nécessaire à la création et la fabrication)
Des nocturnes / soirées à l’atelier, à l’occasion du lancement d’un nouveau modèle, d’une actualité forte de la ville de Versailles… peut-être en s’associant à d’autres artisans du quartier.
Capitaliser sur l’innovation produit pour communiquer et créer du buzz. Damien a revisité un fauteuil Wassily des années 20, projet qui a passionné ses abonnés autant que lui. Envisager d’autres collaborations et projets atypiques qui sont un moyen toujours gagnant pour créer de la notoriété. Réserver la communication à des périodes commercialement creuses.
Communiquer d’avantage, en s’entourant éventuellement d’une personne. Envoyer plus régulièrement une newsletter, et notamment pour inviter ses clients à venir à la boutique pour les événements qu’il mettra en place.
Envisager l’embauche sous forme d’alternance par ex (aides de l’état jusque fin décembre) pour se charger du site internet et des réseaux sociaux.
Creuser les possibilités de collaboration avec des acteurs locaux comme le Campus Versailles.
3 - Comment recentrer son activité sur la production en diminuant les cours :
Lucile est céramiste, aujourd’hui les cours représentent 90% de son activité. Cette activité est rentable et appréciée, elle a de nombreux clients en liste d’attente, mais elle n’y prend vraiment plus de plaisir, on peut presque dire qu’elle est au bord du ‘burn out’. Lucile donne ses cours dans sa boutique atelier à Versailles, dans lequel ses propres productions sont peu mises en avant. Elle souhaiterait se concentrer sur la vente de ses productions et réduire à 30% la part prise par les cours.
Conseils donnés par le groupe :
Faire une analyse de l’existant en comprenant ce qui a marché jusqu’à présent dans les ventes de la production personnelle.
Par exemple les deux évènements partagés avec d’autres artisans semblent avoir très bien marché : peut-on doubler le nombre d’évènements mutualisés ?
Quelle gamme de produits fonctionne le mieux ? Faudrait-il tester de nouvelles gammes de produits pour répondre à la demande du marché ?
Quel est l’état de l’existant concernant la communication, la plateforme de marque, les activations (réseaux sociaux, RP, Site, salon, partenariats, revendeurs…) : quelles sont les priorités à travailler et quel est le rétro-planning de mise en oeuvre ?
Organiser au mieux l’espace boutique pour qu’il soit très dominant visuellement lorsque l’on rentre dans la boutique car de toutes les façons les cours se remplissent sans effort.
Importance de se poser la question : Comment les cours que je donne peuvent être aussi source d’énergie positive ? Lucile aime notamment les échanges et l’expérimentation ; elle gagnerait à designer et marqueter ses cours autour de ces thèmes.
4 - Comment trouver le prix juste ?
Anne est peintre en décor, tout juste diplômée, elle ne sait pas encore comment elle va se rémunérer, alors elle s'interroge sur la méthode de calcul du prix juste et sur la manière de rémunérer ses expérimentations.
Le groupe va l'aider à préciser sa question en l'interrogant sur : son produit, sa technique, son catalogue produit, les projets sur mesure, et sa cible. Le groupe va l'amener à repenser son positionnement : quel statut choisir : artisan ou artiste? dans le premier cas elle devra prospecter afin de trouver des clients, et bien connaître le prix de marché en interrogeant ses pairs par exemple, afin de facturer au bon prix.
Anne doit pouvoir se vendre, et ne doit jamais sous évaluer son tarif même avec une faible expérience car cela devaloriserait son travail. En tant qu'artiste elle peut se faire représenter par un agent et obtenir le statut a la Maison des Artistes. Elle doit aussi définir sa clientèle cible : grand public ou professionnel ?
Pour ses devis, elle pourra proposer une prestation modulée avec plusieurs choix (prestation simple ou plus complexe), ou proposer un forfait journalier tout simplement.
Concernant la phase d'expérimentation, la phase de maturité de l entreprise est importante. Lors de la création il faut privilégier la rentabilité. Néanmoins, le groupe est unanime et souligne qu'innover créé de la valeur ajoutée et permet de mieux vendre. Il est donc est vivement conseillé d'expérimenter à toutes les phases de développement de son entreprise.
5 - Comment prospecter efficacement auprès de partenaires B2B ?
Frédérique, bronziere d’art a plusieurs activités : l’une est de créer des bijoux et objets utilitaires, l’autre des sculptures. Elle vend via des salons, la plateforme Empreintes et sa boutique atelier. Elle se demande aujourd’hui comment prospecter et démarcher les bons acteurs du B2B: galeristes et boutiques physiques.
Un premier tour de table a permis de recentrer le débat, démêler les problématiques multiples de Frédérique et son positionnement entre art et artisanat. Il a fallu analyser qui étaient ses clients actuels et potentiels, quelle direction elle souhaitait donner à son travail et qui lui assurait sa source de revenus principale.
Le tour de table a révélé les difficultés à fixer ses prix et son offre avant de commencer la prospection.
Les solutions proposées par le groupe ont été les suivantes :
Redéfinir son offre et la cible des clients visés.
Segmenter son offre en trois catégories selon la clientèle.
Revoir son pricing en fonction des catégories.
Réaliser un Benchmark sur réseaux sociaux/ dans les villes/ revues spécialisées
Avoir un apporteur d’affaires rémunéré à la commission pour le développement commercial.
6 - Comment faire face à une activité trop chargée ? Et recruter la bonne personne dans son équipe ?
Depuis de nombreux mois, Sophie, artisane d’art créatrice d’abat jours, fait face à un rythme d’activité trop important pour son entreprise qu’elle mène seule. Elle s’épuise à travailler le soir et le week-end pour répondre à ses clients dans les délais. Sophie souhaiterait sous-traiter une partie de ses tâches, ce qui lui ferait gagner 50% de son temps de production. Sophie a du mal à trouver la bonne personne pour ce poste.
Solutions évoquées :
Définir de manière très précise ce qu’elle attend d’un bon candidat afin de réaliser une fiche de poste : Missions à effectuer, compétences et qualités requises, lieu, contrat, rémunération. Le besoin doit être très cadré, pour attirer le bon profil.
Choisir les canaux de diffusion de cette offre en fonction du profil qu’elle recherche pour atteindre l’objectif : Instagram, Facebook, Linkedin et/ ou écoles ? Compagnons du devoir, La bonne Graine, Octave Feuillet…
Nous nous sommes rendus compte que Sophie recherchait par exemple un profil d’ouvrier de production, avec des tâches répétitives et peu de créativité. Elle ne doit donc pas s’adresser à des écoles qui forment des créatifs.
Effectuer un premier filtre téléphonique avec les critères spécifiques définis afin de pouvoir sélectionner les candidats adaptés.
Faire venir la personne et la faire tester au moins une journée en découverte/immersion dans l’atelier pour vérifier si la mission correspond aux attentes de chacun.
vous envisagez les metiers d’art comme voie professionnelle ?
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