Karen Swami, une entrepreneure devenue artiste qui s’exprime grâce à la céramique.
Gauche : Karen Swami
Droite : Faience noire émaillée réhaussée à la laque végétale et à l’or pur
Karen Swami est issue d’un parcours professionnel plutôt éloigné de l’artisanat. Après des études de commerce internationales à l’ESCP, elle crée sa société de production dans le cinéma où elle avance comme entrepreneure. C’est un peu avant 40 ans qu’elle se sent arrivée à l’issue de cette première vie professionnelle. Jamais elle n’a envisagé de devenir céramiste, bien qu’elle en pratique le savoir-faire depuis toute petite. Jamais elle n’aurait cru pouvoir en vivre. Plusieurs signes lui ont donné le courage de se lancer.
Qu’est-ce qui vous a convaincue de vous lancer comme céramiste ?
Mon métier de producteur était difficile. Encouragée par un psychologue , j’ai voulu revenir plus intensément au travail de la céramique plus comme moyen d’expression et loisir récréatif que pour envisager un nouveau métier. J’ai commencé par participer à un stage de tournage de 4 jours à Montreuil aux Ateliers Chemin de la Céramique avec Thierry Fouquet. Celui-ci m’a proposé de passer un CAP en candidat libre. J’ai acheté un four et un tour que j’ai installés dans mon bureau de production et je me suis mise à tourner le matin, le soir, à l’heure du déjeuner et de plus en plus…
Mes pièces étaient très visibles dans mon bureau et un jour une connaissance inspirée par mon travail m’a proposé de les montrer à Christian Liaigre. Il a voulu toutes les acheter ! Premier signe. On était en 2012. Et puis ce genre d’événements s’est présenté à plusieurs reprises.
J’ai été guidée par ces encouragements et par mon sens entrepreneurial. La gestion d’entreprise ne me faisait pas peur et je connaissais ce milieu professionnel par mon ex-mari antiquaire.
Comment décrivez-vous votre travail ?
Je suis venue à la céramique par la création. Je me suis exprimée en tournant des pièces volumineuses, des vasques. J’aime explorer la matière et je la façonne au gré des expériences. Par exemple, quand j’étais à la recherche du noir de carbone, j’ai expérimenté la technique de l’enfumage en céramique qui consiste à créer une atmosphère pauvre en oxygène pour intensifier le noir mais qui fragilise les pièces. Celles-ci se fissurent souvent à la cuisson. C’est en voulant les réparer que j’ai découvert la technique japonaise du kintsugi qui utilise la laque végétale (urushi) soupoudrée d’or pur pour combler les fissures.
Je suis intransigeante sur l’équilibre de la forme qui se dessine sur le tour. Mes formes sont inspirées par l’atmosphère zen qui rappelle l’art spirituel et esthétique japonais du Wabi Sabi, l’art d’accepter et d’apprécier l’imperfection.
Comment trouve-t-on son public quand on est artiste ?
Pour moi, le tremplin a été de participer aux salons. Assez rapidement, j’ai investi 30 000 euros pour participer au salon Révélations. Je voulais investir cette somme car je savais que ce passage pourrait être déterminant pour que cette passion devienne un métier qui me permette de vivre. J’avais toujours en tête la possibilité de revenir à mon métier précédent en cas d’échec. En revanche, je n’ai jamais participé aux salons de céramistes qui bien que de très bonne qualité ne permettent pas toujours aux visiteurs de comprendre les différences de prix.
Petit à petit, d’entrepreneure je suis devenue artiste, quand je n’avais pas de difficulté à vendre mon travail au début, j’en ai plus aujourd’hui ! Mes pièces ayant une valeur que j’ai parfois du mal à expliquer, je préfère confier le travail à des professionnels qui connaissent bien le marché ! Aujourd’hui à Paris, je suis représentée dans deux galeries, NAG et la Galerie Minsky . Cependant, comme me l’avait expliqué Pierre-Marie Giraud un galeriste très connu en Belgique je crois que les galeries ne me recherchent pas trop car d’un côté j’ai accompli moi-même un gros travail de commercialisation qu’ils auront du mal à m’apporter et d’autre part, mes pièces ne sont pas assez chères pour qu’ils gagnent correctement leur vie.
Aujourd’hui, je vais au PAD à Paris qui réunit des collectionneurs et amateurs internationaux (NDLR : avant le COVID) et à Art Basel à Miami et à Bâle. Ce sont ces foires qui rassemblent la plupart de mes clients privés et professionnels.
Un conseil que vous pourriez donner aux personnes qui veulent se reconvertir vers votre métier ?
Quand on est à la bonne place, les opportunités se présentent. Ce métier est exigeant et contraignant, mais si on n’a pas peur de travailler 90 heures par semaine, on peut arriver à gagner sa vie !
Pour en savoir plus :
Instagram : @karenswami
Site web : swami.fr
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