Astrid de Chaillé, peintre en décor met en valeur son métier autant que ses décors
Je connaissais Astrid par les décors découverts sur les réseaux sociaux mais je n’avais toujours pas eu la chance de la rencontrer. Le contexte m’a empêchée d’aller jusqu’à son atelier mais j’ai pu m’entretenir un long moment avec elle. Après près de 20 ans de métier, elle est toujours aussi passionnée, elle vous le communique et vous donne vraiment envie d’en savoir plus.
Qu’est-ce qui t’a donné envie de devenir peintre en décor ?
J’avais 14 ans quand mes parents ont repris un hotel particulier XVIIème avec un gros travail de restauration. Tous les samedi, un peintre venait pour réparer, reboucher, enduire, restaurer, créer des décors. Ca a été un gros coup de coeur qui a motivé mon choix par la suite.
Quelle a été ta formation ?
J’ai commencé par suivre un cursus dans deux écoles d’Art Appliqué à Rennes et à Nantes pour apprendre le dessin pur (LISAA et PIVAUT) puis j’ai complété par une spécialité de peinture en décor en Bretagne avec Yannick Guégan, Meilleur Ouvrier de France. Ce n’est pas indispensable d’apprendre le dessin, beaucoup de peintres en décor n’ont pas cette expertise quand ils commencent. Jusqu’à aujourd’hui, l’école d’art Mural de Versailles a très bonne réputation. Chaque professeur a sa spécialité et c’est ce qui fait la richesse de l’enseignement. Au-delà de la technique, l’école apprend également à faire un devis, ce qui est clé quand on commence ! En dorure, l’école de la Bonne Graine a également très bonne réputation.
As-tu une spécialité ?
J’aime particulièrement réaliser du faux marbre, mais la richesse de notre métier est aussi la variété, chaque chantier est un nouveau challenge, ce qui me plaît beaucoup. Il m’est arrivé de réaliser un dressing en faux léopard… après un chantier au château de Versailles, c’est très varié !
Quand on travaille sur les chantiers, il faut tout d’abord avec une bonne connaissance des matières à imiter et des techniques de base. Il y a toutefois quelques spécialistes comme Bertrand de Lataillade pour les faux ciels, Amaury de Cambolas pour les faux marbres, même si bien entendu leur talent est aussi reconnu pour les autres fausses matières.
Qui sont tes clients ?
Je travaille beaucoup sur des chantiers de restauration du patrimoine (Fouquet’s, Château de Goulaine, Château de Versailles, Galerie Vivienne,..) et j’ai également quelques chantiers privés. C’est beaucoup plus difficile de travailler directement pour des privés car il faut avoir un bon réseau. Le bouche à oreilles a énormément d’importance. Comme artisan d’art indépendant, je travaille comme sous-traitant pour des ateliers spécialisés dans la restauration du Patrimoine. Les plus connus sont les Ateliers Gohard , les Ateliers Meriguet-Carrère et l’Atelier de Ricou dont j’admire l’expertise technique qui permet une parfaite préservation du patrimoine.
Comment réponds-tu à une demande de décor par un client privé ?
Je prends toujours en compte l'endroit où va se trouver le décor, les goûts et attente du client, l'éclairage, l'ambiance qui règne dans la pièce le style des meubles ou de la décoration ,... Ensuite je vais lui proposer une maquette s' il s agit d un panoramique, ou des échantillons s'il s agit d' une fausse matière.
Faut-il du talent pour réussir à être un bon peintre en décor ?
Je dirais qu’avec le talent, le peintre en décor ira très loin. Son talent sera reconnu, admiré et envié. Sa réputation se fera toute seule. Mais avec beaucoup de travail et d'exercices, d’intérêt pour la matière, chaque peintre peut progresser et atteindre un bon niveau.
Il faut également résister à la pression d’un chantier où il faut souvent avoir terminé avant même de commencer ! Il faut aller vite, supporter la poussière, travailler parfois à plusieurs mètres de haut, avec une minerve, casque anti-bruit, scie circulaire à 1 mètre ! Il faut savoir réparer un joint, reprendre la peinture et l’enduit si l’entreprise de peinture n’a pas préparé le mur pour le décor. Il faut supporter l’utilisation de produits toxiques, un masque à gaz…
Mais après 18 ans, je suis toujours là, heureuse et passionnée par mon métier.
La lassitude existe-t-elle dans ton métier ?
Je ne la connais pas ! Chaque nouveau chantier est une nouvelle histoire. La passion de ce métier, l’amour du patrimoine, la variété des matières à réaliser, la satisfaction des clients, ... et puis s'endormir chaque soir en ayant créé, réalisé de ses propres mains en ne partant de rien. Impossible de s en lasser !
Le marché est-il saturé pour intégrer des nouveaux artisans ?
C’est un petit monde, nous nous connaissons tous en région parisienne, mais je ne pense pas qu’il manque de travail pour les peintres en décor. Etant mère de 3 enfants, je n’accepte que les chantiers en région parisienne et pourtant je ne manque pas de travail. Nous ne souffrons pas d’une forme de concurrence entre nous, au contraire nous nous entraidons !
As-tu un conseil à donner pour les personnes qui veulent se diriger vers la peinture en décor ?
Je leur conseille de faire des stages sur chantier pour se rendre compte du métier. Mais si ces personnes ont passion, méticulosité, patience et bonne forme physique, il n’y a pas de raison qu’ils n’y parviennent pas !
Pour en savoir plus :
Instagram : @astrid_de_chaille
Site web : astriddechaille.com
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