Slim Guenaoui fait naître le vitrail du Sable à la Lumière.
Slim est installé à la Saucelle (Eure-et-Loir) à 1h30 de Paris. Il venait tout juste de construire son atelier quand une tornade d’une violence terrible balaie en deux minutes une centaine de chênes et endommage la maison. Tel un symbole, l’atelier sera épargné.
En 2015, après une première vie professionnelle, Slim décide de devenir vitrailliste. L’appel est viscéral et sa reconversion spontanée.
Droite : Corne d'abondance (240cm/120cm) / Biocoop Paris 9ème Trinité - technique : verre, plomb & cuivre
Pouvez-vous nous en dire plus sur votre reconversion professionnelle ?
J’ai vraiment aimé ma vie professionnelle chez Radio France et France Musique, mais je ressentais de plus en plus le désir de renouer le contact avec le vivant et le savoir-faire artisanal. J’ai fait un bilan de compétences qui m’a éclairé sur des pistes possibles. Dans ce cadre, j’ai participé à un stage d’une semaine au CIV (Centre International du Vitrail) à Chartres qui a débouché sur une formation de 12 mois en CIF (congé individuel de formation). J’ai trouvé dans le vitrail tout ce que je cherchais. Par sa dimension symbolique et l'usage de matières singulières, le verre, le plomb et la lumière, le vitrail est un artisanat empli d'histoire et de mystère, qui m’a tout de suite fasciné.
Mon choix n’a pas été très raisonné ! Mon parcours de vie semblait s’incarner dans le vitrail ! Le virage a donc été assez naturel.
Que vous a apporté votre formation ?
Cette formation de 12 mois suivie au CIV (deux semaines à l’école sur trois) m’a appris le savoir-faire. L'enseignement transmis était complet et d'une grande qualité pédagogique. La formation s’est articulée autour de trois modules : les bases du vitrail (découpe du verre, sertissage…), la peinture sur verre et la restauration.
Nous avons reçu également un enseignement sur l’histoire de l’art autour de la peinture, du vitrail et de l’architecture, indispensable pour comprendre l’environnement dans lequel on évolue. Enfin, la formation aborde les aspects pratiques du métier (coûts de revient, élaboration de devis, sécurité et prévention…)
J’ai quitté la formation avec un diplôme de vitrailliste et un diplôme de restaurateur de vitraux « biens communs » permettant de répondre à des appels d’offres pour des chantiers de biens non classés.
Gauche : Saint-Potter dans cadre rétro-éclairé (80cm/60cm) / Pulp's Toys rue Dante - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux
Droite : La Papesse (70cm/50cm) / collection personnelle - technique : verre, plomb & cuivre / grisaille & émaux
Avez-vous une spécialité ?
Les stages d’initiation deviennent l’essentiel de mon activité et l’expérience vécue pour les stagiaires comme pour moi-même est à chaque fois extrêmement réjouissante. L’environnement de l’atelier s’y prête particulièrement et le temps de la session, l’immersion dans l’univers du vitrail est totale.
Au delà des stages, j’ai un attrait particulier pour la peinture. J’ai à coeur de revisiter les mythes et les archétypes avec un regard plus contemporain. Le symbolisme (étymologiquement « ce qui rassemble ») est ma source d’inspiration principale. J’ai, par exemple, prêté à la figure très connu de l’archange Saint-Michel, les traits d’Harry Potter. J’ai également, pour ambitieux projet, de revisiter les 22 arcanes majeurs du tarot de Marseille en évoquant notre monde d’aujourd’hui (réchauffement climatique, société de consommation, inégalités sociales…).
Pour exemple, la Papesse (ci-dessus) incarnée par une afro-américaine devant le port de Gorée au Sénégal (lieu symbole de la mémoire de la traite négrière en Afrique) est une invitation pour chacun d’entre nous à s’affranchir de ses chaînes.
Gauche : Saint-Luc selon le livre de Kells / collection personnelle - technique : verre, plomb / grisaille & émaux
Droite : Montage du vitrail Sainte-Anne (180cm/90cm) / Eglise de la Saucelle (28250) - technique : verre, plomb / grisaille & émaux
Est-ce dur de vivre de votre métier ?
C’est long ! Je propose depuis récemment des stages qui se remplissent bien. C’est un levier nécessaire qui me permet d’assurer un revenu régulier et je suis très heureux de partager mon savoir-faire et ma passion.
La création quand à elle prend du temps. Il n’est pas simple de créer son réseau, de faire connaître son travail et il y a plus de concurrence qu’on ne le croit. Le marché est probablement plus porteur dans la restauration. Il faut être toutefois conscient que pour ce dernier le travail peut être fastidieux. Il est indispensable d'être capable de répondre aux appels d’offre (les commissions attendent des réponses très précises, très techniques). Monter un dossier peut prendre une semaine et c’est sans garantie et non rémunéré. Il est également nécessaire de savoir s’adapter aux chantiers, d’être un peu touche-à-tout. Dans la restauration, nous ne sommes jamais trop de deux! Une garantie décennale vous sera également demandée et pour une jeune entreprise c’est un coût non négligeable.
Un conseil pour les personnes qui veulent se diriger vers votre métier ?
C'est un métier de passion. Il me semble important de proposer sa patte singulière pour se démarquer des autres propositions. Certains ateliers embauchent de jeunes vitraillistes. C'est aussi une bonne façon de se perfectionner !
Pour en savoir plus :
Instagram : @dusablealalumiere
Site web : dusablealalumiere.fr
Stages d’initiation au vitrail : S’inscrire
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