Laurie Archambault et la transmission du savoir-faire de l’Ebru, l’art du papier marbré
Quand vous venez découvrir l’atelier de marbrure rue Levert dans le 20ème arrondissement, dans cette impasse partagée avec d’autres artistes, vous êtes ailleurs, vous entrez dans une ambiance, vous ne savez pas bien laquelle mais quand vous apercevez les projections d’encres qui habillent l’établi, vous comprenez.
Laurie Archambault a hérité du savoir-faire de l’art Ebru grâce à sa transmission par l’un des derniers marbreurs à le pratiquer à Paris, Baykul Baris Yilmaz.
L’Ébru « nuage » est l’art traditionnel Ottoman qui consiste à créer des motifs colorés en appliquant des pigments de couleur au goutte-à-goutte ou au pinceau sur de l’eau puis à transférer ce motif sur du papier. Les dessins et les effets employés dans l’art du papier marbré sont, entre autres, des fleurs, des feuillages, des motifs ornementaux, des entrelacs et des lunes ; ils sont utilisés pour la décoration dans l’art traditionnel de la reliure. C’est à la main que sont broyé finement les pigments naturels avec de l’eau (diluant), qui sont ensuite mélangés à quelques gouttes de fiel de bœuf (un acide naturel) qui sert de liant, avant d’être déposés sur une préparation d’eau mucilagineuse, où les encres flottent en formant des motifs bigarrés (texte extrait de l’UNESCO sur le patrimoine culturel immatériel de l’humanité).
Les connaissances et les compétences de l’Art Ébru sont transmises oralement dans le cadre de la relation maître-apprenti.e. Baykul Baris Yilmaz a été formé en Turquie par Alparslan Babaoglu.
Laurie son apprentie, est d’abord formée en reliure par les maîtres François Brindeau et Odile Douet, c’est à l’École Estienne qu’elle pratique la marbrure pour la première fois à l’âge de 17 ans aux côtés de Marianne Peters. Elle reviendra vers cette pratique aux côtés de Baris qui la formera 15 ans plus tard.
De la fabrication des pinceaux à la préparation des pigments jusqu’à la création des motifs imprimés sur papier, ce savoir à été transmis avec patience et précision. Cet apprentissage continue tout au long du parcours de l’artiste grâce à une pratique quotidienne.
L’art de la marbrure est arrivé en Turquie depuis l’Asie au XVème siècle à la grande époque de la tradition du décor, de l’ornementation et de l’ennoblissement du papier, utilisé pour la calligraphie et la décoration d’objets. Cet art est arrivé en Europe au XVIème siècle grâce aux grands voyageurs et négociants venus d’Orient. Baris fût un des derniers marbreurs à pratiquer cet art dans la plus pure tradition.
C’est au tour de Laurie de continuer à créer et un jour transmettre à son tour.
Les papiers marbrés sont historiquement et aujourd’hui encore utilisés pour les couvertures des livres reliés. La plupart des clients sont des relieurs, des bibliothèques et en particulier la Bibliothèque Nationale de France qui oeuvre pour préserver et conserver son patrimoine.
Baris a également pratiqué la marbrure suminagsahi, l’art ancestral japonais qui consiste à faire flotter de l’encre sur l’eau. C’est l’effet hypnotisant de la beauté du dessin qui prend forme sur l’eau qui pousse l’artiste à aller toujours plus loin dans ses recherches et à faire rayonner son art auprès du plus grand nombre.
Photo crédits Ibo Ogretmen
Retrouvez les créations mêlant reliure et papiers marbrés de l’atelier sur Instagram et Facebook.
Retrouvez les activités et initiations proposées par Laurie ici !
Pour en savoir plus :
Instagram : @lespetitesmains
Site web : laurie-et-lespetitesmains.fr
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