Fabien Meaudre, artisan savonnier et fondateur de la marque Le Baigneur

Fabriquant près de 50 000 savons par an, déterminé à produire lui-même et à garder sa casquette d'artisan, Fabien a partagé avec nous sa vie d’artisan et d’entrepreneur, qu’il mène depuis le printemps 2012.

Dans cette ambiance vivante et chaleureuse de la maison des Compagnons du Devoir, après un début d’apéro, chacun a pris sa place silencieusement et nous avons accueilli Fabien Meaudre. Magali Perruchini habituée à partir sur les traces des artisans avec son blog Les Mains Baladeuses a interrogé Fabien, qui s’est livré sans retenue à une assemblée plus qu’attentive à son témoignage aussi sincère que touchant.

Quelques moments clés de ce témoignage :

Quel a été ton déclic ?

Après l’école Hôtelière, j’ai commencé à travailler dans la restauration mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Ce que j’aimais le moins c’est qu’on me donne des ordres, et j’avais encore moins envie d’en donner aux autres. Je voulais être indépendant et quand une amie m’a offert un kit pour fabriquer des cosmétiques, j’ai imaginé monter ma boite de cosmétiques, en m’inscrivant dans le développement durable. Puis j’ai construit un business plan avec l’aide de l’APCE pour vérifier que je pouvais en faire un business.

Es-tu devenu tout de suite savonnier ?

Quand j’ai décidé de choisir le savon comme produit, j’ai commencé par sous-traiter, en travaillant sur le concept, le graphisme, et en créant un site web. Après des longues journées passées devant mon ordinateur ou à réceptionner les livraisons, je me suis rendu compte que je ne voulais plus dépendre d’un sous-traitant, qui limitait en plus mes marges. Ce qui me plaisait c’était de faire. A ce moment-là, j’avais monté ma société en SARL et j’ai pu profiter d’une aide accordée aux indépendants pour financer 3/4 d’une formation de savonnier que j’avais trouvée dans le sud de la France.

AS-tu eu besoin d’argent quand tu as commencé ?

J’ai commencé avec un capital de 15 000 euros pour lancer l’entreprise. Puis un an après, il fallait des nouveaux fonds pour acheter le matériel, la matière première, payer le loyer du local que j’avais trouvé à Montreuil. Je suis allé voir l’Adie qui m’a accordé un prêt en micro-crédit. Ils peuvent financer jusqu’à 10 000 euros en combinant un prêt à taux 0 et un prêt à taux plus élevé. J’ai également fait une augmentation de capital en faisant entrer un nouvel associé. Le capital est passé à 50 000 euros. Comme mon activité était en lien avec le développement durable, la région Ile-de-France m’a accordé également une prime. Entreprendre, c’est passer son temps à trouver des solutions et quand on est motivé on les trouve ! L’argent ne doit pas être un problème.

Comment as-tu trouvé tes premiers clients ?

J’ai profité des réseaux sociaux et c’est comme ça que je me suis fait connaître. C’est important d’optimiser les outils gratuits. Ce n’est pas nécessaire quand il faut faire des choix de mettre du budget dans la communication. Cela vient dans un deuxième temps. Les réseaux sociaux sont un outils de développement commercial dont il faut accepter les règles du jeu. Il faut être présent pour montrer qu’on est en vie. Il faut aussi avoir un site web performant.

as-tu eu des choix DÉTERMINANTS à faire ?

Quand je ne m’en sortais plus tout seul, j’ai rencontré des business angels pour envisager une autre phase de développement. Cela supposait de conquérir le marché, embaucher et devenir semi-industriel. J’ai choisi de rester artisanal et je ne le regrette pas. D’abord je n’avais pas envie de donner le flambeau à 5km du bout de la course et l’envie de continuer à fabriquer moi-même était plus forte.

AUJOURD’HUI as-tu trouvé une stabilité financière ?

Il y a des cycles de développements et j’ai compris que rien n’était jamais acquis. Après avoir ouvert ma boutique rue de la Folie Méricourt dans le 11eme, j’ai développé un nouvel axe de distribution avec la vente directe, en complétant la vente en ligne et la vente aux revendeurs. J’ai souffert de la mauvaise conjoncture économique et à ce moment-là, le fait d’avoir un salarié est lourd ! Comme je me sers en dernier, c’est difficile… Mais j’ai eu des phases où je pouvais me rémunérer 2000 euros nets par mois… Je suis conscient des aléas, mais je sais que je vais m’en sortir car je cherche toujours des solutions.

Quel message voudrais-tu transmettre ?

Même si parfois j’ai des idées noires dans des situations d’impasse, je ne regretterai jamais cette liberté de choisir, de ne dépendre que de moi. Et puis en étant artisan, en utilisant mes mains, je nourris mon corps et mon âme.

Pour en savoir plus :

Site web : lebaigneur.fr

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