Fabien Meaudre, fondateur de la marque Le Baigneur
Fabriquant près de 50 000 savons par an, déterminé à produire lui-même et à garder sa casquette d'artisan, Fabien a partagé avec nous sa vie d’artisan et d’entrepreneur, qu’il mène depuis le printemps 2012.
Dans cette ambiance vivante et chaleureuse de la maison des Compagnons du Devoir, après un début d’apéro, chacun a pris sa place silencieusement et nous avons accueilli Fabien Meaudre. Magali Perruchini habituée à partir sur les traces des artisans avec son blog Les Mains Baladeuses a interrogé Fabien , qui s’est livré sans retenue à une assemblée plus qu’attentive à son témoignage aussi sincère que touchant.
Quelques moments clés de ce témoignage :
Quel a été ton déclic ?
Après l’école Hôtelière, j’ai commencé à travailler dans la restauration mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Ce que j’aimais le moins c’est qu’on me donne des ordres, et j’avais encore moins envie d’en donner aux autres. Je voulais être indépendant et quand une amie m’a offert un kit pour fabriquer des cosmétiques, j’ai imaginé monter ma boite de cosmétiques, en m’inscrivant dans le développement durable. Puis j’ai construit un business plan avec l’aide de l’APCE pour vérifier que je pouvais en faire un business.
Es-tu devenu tout de suite savonnier ?
Quand j’ai décidé de choisir le savon comme produit, j’ai commencé par sous-traiter, en travaillant sur le concept, le graphisme, et en créant un site web. Après des longues journées passées devant mon ordinateur ou à réceptionner les livraisons, je me suis rendu compte que je ne voulais plus dépendre d’un sous-traitant, qui limitait en plus mes marges. Ce qui me plaisait c’était de faire. A ce moment-là, j’avais monté ma société en SARL et j’ai pu profiter d’une aide accordée aux indépendants pour financer 3/4 d’une formation de savonnier que j’avais trouvée dans le sud de la France.
AS-tu eu besoin d’argent quand tu as commencé ?
J’ai commencé avec un capital de 15 000 euros pour lancer l’entreprise. Puis un an après, il fallait des nouveaux fonds pour acheter le matériel, la matière première, payer le loyer du local que j’avais trouvé à Montreuil. Je suis allé voir l’Adie qui m’a accordé un prêt en micro-crédit. Ils peuvent financer jusqu’à 10 000 euros en combinant un prêt à taux 0 et un prêt à taux plus élevé. J’ai également fait une augmentation de capital en faisant entrer un nouvel associé. Le capital est passé à 50 000 euros. Comme mon activité était en lien avec le développement durable, la région Ile-de-France m’a accordé également une prime. Entreprendre, c’est passer son temps à trouver des solutions et quand on est motivé on les trouve ! L’argent ne doit pas être un problème.
Comment as-tu trouvé tes premiers clients ?
J’ai profité des réseaux sociaux et c’est comme ça que je me suis fait connaître. C’est important d’optimiser les outils gratuits. Ce n’est pas nécessaire quand il faut faire des choix de mettre du budget dans la communication. Cela vient dans un deuxième temps. Les réseaux sociaux sont un outils de développement commercial dont il faut accepter les règles du jeu. Il faut être présent pour montrer qu’on est en vie. Il faut aussi avoir un site web performant.
as-tu eu des choix DÉTERMINANTS à faire ?
Quand je ne m’en sortais plus tout seul, j’ai rencontré des business angels pour envisager une autre phase de développement. Cela supposait de conquérir le marché, embaucher et devenir semi-industriel. J’ai choisi de rester artisanal et je ne le regrette pas. D’abord je n’avais pas envie de donner le flambeau à 5km du bout de la course et l’envie de continuer à fabriquer moi-même était plus forte.
AUJOURD’HUI as-tu trouvé une stabilité financière ?
Il y a des cycles de développements et j’ai compris que rien n’était jamais acquis. Après avoir ouvert ma boutique rue de la Folie Méricourt dans le 11eme, j’ai développé un nouvel axe de distribution avec la vente directe, en complétant la vente en ligne et la vente aux revendeurs. J’ai souffert de la mauvaise conjoncture économique et à ce moment-là, le fait d’avoir un salarié est lourd ! Comme je me sers en dernier, c’est difficile… Mais j’ai eu des phases où je pouvais me rémunérer 2000 euros nets par mois… Je suis conscient des aléas, mais je sais que je vais m’en sortir car je cherche toujours des solutions.
Quel message voudrais-tu transmettre ?
Même si parfois j’ai des idées noires dans des situations d’impasse, je ne regretterai jamais cette liberté de choisir, de ne dépendre que de moi. Et puis en étant artisan, en utilisant mes mains, je nourris mon corps et mon âme.
Florian Sicard, maroquinier et fondateur de la marque Etablissements Pardi est venu témoigner
Pour la deuxième fois chez les Compagnons du Devoir, nous avons invité un artisan à partager sa vie, sa vision de son métier, ses difficultés et ses motivations. Cette fois-ci Florian Sicard, maroquinier, est venu répondre à nos questions, au micro de Magali Perruchini auteure du blog Les Mains Baladeuses et du livre “Nouveaux Artisans”.
Florian et Magali
Groupes de discussion et de co-développement post-entretien avec Florian
Quelques moments clés de ce témoignage :
As-tu eu une première vie professionnelle avant la maroquinerie ?
J’ai fait mes études aux beaux arts de Rueil Malmaison, école qui a fermé… J’ai recommencé aux Beaux Arts de Paris pour avoir un deuxième diplôme, identique ! J’ai appris pleins de choses fantastiques et notamment à développer beaucoup de choses avec mes mains sans être même conscient que j’avais envie d’en faire quelque chose. Ma première famille a donc été dans l’art contemporain, et ma spécialité était d’être artiste performeur. Mon travail consistait à utiliser une forme de mouvement avec mon propre corps sur lequel j appliquais des structures que je fabriquais moi même (bois, tissu…)
Quel a été ton déclic ?
Des rencontres et des besoins matériels. Mon métier de performeur ne me suffisait pas pour vivre donc je travaillais aussi à la Gaîté Lyrique. Le milieu culturel me plaisait beaucoup mais tous les 5 ans il y a un changement de directeur et d équipe. A la fin du mandat, je ne me retrouvais plus dans ce qu on m a proposé et je savais que j’avais envie de travailler de mes mains. J’ai profité d’un an de chômage et je ne voulais surtout pas regretter de ne pas avoir essayé. J’ai donc commencé avec la machine de ma mère à fabriquer des sacs, les premiers prototypes ! Fabriqués en tissu d’abord puis avec des empiècements en cuir en-dessous...
Les rencontres tu disais ? J ai fait une vente privée en déployant tout ce que je pouvais comme énergie dans la communication, dont flyers, affichettes... Pleins de copains sont venus et une personne est venue de l’extérieur. Elle m’a acheté un sac et ça a beaucoup compté car elle ne me connaissait pas. J’ai également gagné un peu d’argent avec les copains qui avaient eux-aussi acheté des pièces… J’avais organisé la vente chez une amie. Vers 22h quand j’étais en train de ranger, elle m’a appelé “j’ai rencontré une maroquinière, il faut que tu la vois”. J’envoie un mail et cette maroquinière me propose de boire un café . Je suis tombé amoureux de l atelier de Carole Gauthrot « l’atelier de toutes les matières ». Cette rencontre tombait au bon moment car j’avais cherché des formations et j’étais à chaque fois exposé à pleins de freins qui me semblaient insurmontables, notamment le budget. Je dois tout à Carole, elle m’a tout appris.
Peux-tu nous en dire plus sur cette formation AUPRÈS de carole Gauthrot ?
Fin Novembre 2014 j ai rencontré Carole et en janvier je lui ai fait une proposition : il me reste quelques mois avec le chômage, je ne suis pas maladroit, vous m’apprenez le métier et je suis votre petite main gratuite. Elle a dit oui et m’a pris sous son aile. Son entreprise tournait bien depuis 15 ans, au fur et à mesure elle m a donné des contrats, pas toujours passionnants mais ça m’a permis de continuer à progresser, me former, en travaillant d’arrache-pied.
Comment as-tu gagné ta vie ?
D’abord les contrats que me donnait Carole, puis j’ai trouvé des moyens alternatifs de garantir un revenu en louant mon appartement sur Airbnb et en faisant un prêt à la consommation de 4000€. Cela m’a donné un peu de confort quand j’ai lancé ma marque en juin 2016. Et puis j’ai appris par besoin. Quand on est motivé, on cherche les réponses où elles se trouvent !
Quelles ont été les étapes de la création de ta marque Etablissements Pardi ?
D’abord être le plus honnête avec moi même en m’acharnant à essayer de comprendre ce que j étais capable de faire car ma marque, c’est ma personne. Je suis artisan, mon entreprise c’est moi !
Comment gères-tu ton entreprise ?
Je fais beaucoup de choses moi même, et je n ai reçu aucune aide de ma famille. Sans me contredire, elle n’a pas jamais cru que je pouvais y arriver. Mais ce n’est pas plus mal car ça m’a obligé à trouver des moyens sans budget, à proposer des échanges de bons procédés. C’est comme ça que j’ai fait mon e-shop.
J ai 800 activités, mon meilleur ami c est mon iPhone et je priorise. Mais quand on est un chef d entreprise, il faut savoir dire stop et garder du temps pour soi. Il faut aussi savoir organiser son temps pour la création.
Comment trouves-tu tes clients ?
Les réseaux sociaux facilitent la visibilité et l’acquisition de quelques clients (plus instagram que Facebook où je ne totalise pas plus de 200 abonnés), mais ce n’est pas là où se trouve ma clientèle. Ma clientèle me connaît grâce aux boutiques et peu à peu j’ai des clientes fidèles. J’ai été exposé au Bon Marché (j’avais réussi à contacter la directrice du style qui n’a pas réagi tout de suite, mais finalement est revenue vers moi :-). Ce que je m’applique à faire c’est de fournir un service irréprochable : packaging, livraison, délai de réponse. Je dis toujours oui à une cliente ! C est la qualité relationnelle qui s instaure.
Un budget marketing ? Les seuls frais de communication que j’engage sont dans le shooting que je fais chaque année. Je me sens limité sur les prises de vues et je trouve que cela très important !
Ta motivation ?
Me lever le matin de me dire j aime ce que je fais !
Un conseil à donner à ceux qui veulent se lancer dans la maroquinerie ?
C est faisable ! On est conditionnés sans se rendre compte et c est bien de prendre du recul et de décider ce qui est important pour soi. Et il faut savoir saisir les opportunités, qui peuvent prendre du temps.
Alix D.Reynis, modeleuse. “J’adore parler de ma vie car j’adore ma vie”
Mardi 28 janvier, 60 personnes sont venues écouter le témoignage d’Alix Depondt Reynis chez Les Compagnons. Elles sont restées attentives, ne manquant pas un détail, une réponse, un conseil. 45 minutes d’entretien, au micro de Magali Perruchini, de partage depuis la conviction de devenir artisan jusqu’au développement de sa marque patronymique Alix D. Reynis telle qu’elle est aujourd’hui. S’en sont suivies 15 minutes de questions sans artifice et de réponses franches.
Magali et Alix
Les participants
Quelques moments clés recueillis par Delphine Burthey :
Quelles ont été tes premières vies professionnelles avant de trouver ton chemin ?
J’ai eu un parcours pour le moins varié : Etudes de droit, Sculpteur, Clerc de notaire, Chef de chantier… Sculpteur c’est très difficile. On doit mettre ses tripes sur la table, avoir un message à faire passer. Je n’en avais pas et je n’en voulais pas. A la fin de ma période de sculpteur je faisais beaucoup de pièces utilitaires. De l’utilitaire joli !
Le déclic :
J’ai obtenu une rupture conventionnelle [rupture du contrat de travail d’un commun accord] auprès de l’entreprise où j’étais chef de chantier. J’avais 35 ans, je venais d’avoir mon 4ème enfant et aucune idée de ce que je voulais faire. Inscrite à l’école Camando, j’ai réalisé que je n’avais pas le temps ni l’envie de reprendre des études. J’ai rencontré un coach qui m’a proposé de faire ce que j’aimais pendant une après-midi. J’aimais et je savais travailler de mes mains. Il me restait de la terre et des outils : j’ai donc eu l’idée de faire une assiette ! J’ai trouvé le bon bout de la pelote et je l’ai déroulé.
Qu’est-ce qu’un modeleur (modeleuse ?) ?
Je suis devenue modeleur : une personne qui fabrique des modèles en plâtre pour pour être coulés en porcelaine de Limoges. Ils sont ensuite produits en série : création du modèle, du moule et de l’outillage nécessaire.
Comment se sont passés Les débuts ?
Avec mon expérience de la sculpture et de la terre, je me débrouillais pour faire des moules. Puis j’ai eu les coordonnées d’un professeur via un fournisseur de matière première ce qui m’a permis de faire une semaine de modelage et moulage à l’Atelier des Arts Céramiques avec Céline Turpin, une référence dans ce domaine.
Pendant 4 à 5 ans, j’ai travaillé chez moi dans mon sous-sol. J’y faisais la production et mon salon est devenu mon bureau. J’étais affiliée aux Ateliers d’Art de France dont une des conditions sine qua non était de garder la production dans son propre atelier.
Je souhaitais absolument vivre de mon travail. Mais c’est difficile de tout faire soi-même quand on n’a que deux mains et 24 heures par jour… J’ai alors cherché un sous-traitant pour me faire gagner du temps. Je fais la conception de l’objet et les moules puis je les envoie au fabriquant à Limoges pour qu’il s’occupe de la production finale.
Je touchais encore le chômage, je donnais des cours et je réinvestissais tout ce que je gagnais pour acheter du plâtre… (matière première pas trop chère).
Mon premier gros investissement a été de constituer un stock de bougies parfumées. J’ai emprunté à la banque 15000 euros. J’ai été obligée de me confronter à la réalité économique de mon projet et ça m’a donné confiance. Si la banque me prête de l’argent, c’est que je suis une professionnelle.
Comment vendre et se faire connaitre ?
C’est important de se confronter au marché, d’avoir du feedback sur ce que l’on fait et de se constituer petit à petit un réseau. Au début ça a été par le bouche à oreilles, les ventes chez les copines, à l’atelier, puis les salons professionnels plus ou moins gros, dont Maison & Objet. Des aides sont possibles pour les salons : en étant affilié, les Ateliers d’Art de France finançaient 50% du stand et la chambre des métiers via l’ARCAF à hauteur de 1000€. C’est important de passer par les salons pour se faire connaître (même si ce n’est pas marrant !).
C’était un début de réseau : revendeurs, journalistes, particuliers et un e-shop (non-marchand au début qui a vite basculé en marchand). Instagram n’existait pas encore.
J’ai eu la chance d’avoir des revendeurs emblématiques (Merci, Le Bon Marché). Ça m’a donné une super visibilité. Mais il faut faire attention à ne pas tout accepter même si c’est très tentant. Certains revendeurs ne vont pas forcement bien vous représenter, défendre et comprendre votre ADN. Le risque est d’être noyé au milieu d’autres objets qui n’appartiennent pas au même univers.
Avais-tu une stratégie de marque ?
Je n’ai pas une stratégie aussi claire que cela. C’est venu petit à petit. J’avais des cibles et des ambitions claires : concurrents et inspirations identifiées. Mais tout s’est affiné en avançant. Je fais tel type d’objet et en découle mon positionnement. Regardez ce que j’aime, c’est ce qu’il y avait chez ma grand-mère ! Mes médailles ressemblent à ma médaille de baptême ! C’est mon histoire avant la stratégie…
Quelle a été l’étape suivante dans ton développement ?
Le premier gros risque a été l’ouverture de la boutique rue Commines réalisée grâce à un emprunt à la banque. Montrer plusieurs bilans en forte croissance (un chiffre d’affaires x2 chaque année), … ça aide. J’ai rémunéré ceux qui travaillaient pour moi avant moi. Au début, j’ai eu beaucoup de stagiaires mais former non-stop c’était épuisant. Dès que j’ai pu, j’ai embauché d’abord à mi-temps puis à plein temps.
Je suis artisan mais surtout entrepreneure. Une des folies de l’entrepreneur c’est de toujours avoir envie d’aller plus loin. J’ai eu envie d’avoir une boutique rive Gauche. Quand ça doit se faire, tout s’aligne et se déroule incroyablement bien. J’ai visité plusieurs lieux avant de trouver ce local que j’adore rue Jacob appartenant à la SEMAEST justement (Gestion des locaux commerciaux à vocation artisanal et artistique de la mairie de Paris) !
Est-ce compatible d’ être à la fois artisan et entrepreneur ?
Ce n’est pas simple et cela dépend des périodes. Actuellement je passe deux jours par semaine à l’atelier. J’ai embauché aussi pour pouvoir retourner à l’atelier. J’essaie de déléguer tant que je peux.
Comment se démarquer dans univers si concurrentiel ?
La diversification se fait en cohérence avec mon univers de marque. Quand on sait travailler avec ses mains, le medium qu’on travaille importe peu. Il faut être multiple. On a commencé par les bougies parfumées puis on a proposé des luminaires dont la valeur perçue est plus élevée que celle d’une tasse, et nous avons aussi des bijoux car la dimension coup de coeur a beaucoup de valeur. Nous créons les prototypes et sous-traitons la production aujourd’hui en Thaïlande. Malheureusement le coût de la main d’oeuvre en France est trop élevée mais je ne désespère pas de trouver le moyen de ramener la production en France.
Quelle est ta clientèle et comment la fidélises-tu ?
Mes clients sont des particuliers de tout type, de l’étudiante à la cliente plus aisée (suivi que j’ai obtenu grâce à l’algorithme Instagram), des revendeurs qui prennent 50% de marge mais communiquent sur ma marque. Les architectes pour les luminaires principalement sont difficiles à toucher mais passent de gros volumes et les marges sont moins dégradées.
Pour fidéliser c’est important d’être hyper gentille ! Je n’ai pas ou peu de commentaires négatifs sur Instagram. Les personnes en boutique sont très appréciées. On est à l’écoute, disponibles et on essaie d’avoir le meilleur sens commercial possible.
Je n’oublie jamais qu’un client mécontent parle à 10 personnes, un client content en parle à 1 …
Quelle est la part d’Instagram dans ta communication ?
C’est énorme ! On a une viralité phénoménale. Cela ne se substitue pas aux relations presses mais plutôt aux salons style Maison & Objet. C’est une vitrine. Il ne faut pas hésiter à investir même financièrement en sponsorisant ses publications. J’ai aussi un bureau de presse. J’ai commencé à l’utiliser à partir du lancement de la boutique de la rue Jacob et ça me coûte 1500 euros par mois.
As-tu eu des galères ?
Elles ont été plutôt humaines. Au bout de 4 ans d’activité je me suis associée. Une erreur qui a failli couler ma boite. J’ai dû racheter ses parts une fortune. C’est un grand traumatisme. Soit on s’associe au moment où on monte sa boite soit ce n’est pas la peine !
Quelles sont tes prochaines étapes ?
Je n’ai pas envie de devenir une grosse entreprise. J’ai envie de connaitre mes clients et mes équipes. La prochaine étape est sans doute l’ouverture d’une autre boutique. Nous suivons les provenances de nos ventes, cela permet d’envisager la suite…
Un conseil pour les personnes qui voudraient se reconvertir ?
Avoir confiance en soi, écouter qui on est, suivre son intuition et travailler beaucoup. Mais si on se heurte à des portes il ne faut pas y aller. Je ne force pas le passage si ce n’est pas pour moi et je vais ailleurs. En somme du travail et de la passion !
RENCONTRE AVEC DAMIEN BEAL
« Je me définis donc comme un artisan qui crée. Mon savoir-faire c’est le bois, le cuir et demain ce sera peut-être autre chose. L’important c’est le chemin ».
En ce 5 mai, en pleine période de confinement, nous avons invité Damien Béal à témoigner lors de ce rendez-vous en ligne, sur son parcours d’artisan et d’entrepreneur. Damien a choisi sa voie jeune. Déjà enfant, son couteau était son fidèle compagnon de bricolage. Dans les années 2000, il a rejoint d’autres Compagnons, ceux du Devoir, en faisant le tour de France pendant 4 ans où il se formera à la menuiserie et l’ébénisterie.
Damien est artisan d’art et créateur, peu importe la matière qu’il choisit. Il agit selon ce qu’il a intimement envie de faire de ses mains et de sa marque. Fidèle à ses valeurs, artisan convaincu par la transmission, il avance comme entrepreneur et comme artisan d’art.
Damien Béal, dans sa boutique 40 rue d’Anjou à Versailles
Quel a été ton parcours avant ta marque de maroquinerie ?
J’ai commencé mon apprentissage en menuiserie à 14 ans. Après 3 ans en alternance en lycée professionnel de menuiserie, je suis rentré à 17 ans chez les Compagnons du devoir. La maroquinerie est arrivée plus tard en 2013 avec l’achat d’une première peau.
Quel genre d’artisan es-tu ?
Je me sens avant tout artisan sans étiquette particulière. Avec les années, être artisan c’est un moyen de créer sans entrer dans une catégorie. Je me définis donc comme un artisan qui crée. Mon savoir-faire c’est le bois, le cuir et demain ce sera peut-être autre chose… L’important c’est le chemin.
Artisan ou Entrepreneur ?
Un entrepreneur doit pouvoir se réinventer. Mon souhait est de continuer à créer des objets. Je n’étais pas prédestiné à fabriquer des sacs. Les opportunités sont celles que je prends au fur et à mesure. C’est une construction sans fin. J’aime beaucoup l’idée qu’un artisan crée un objet et que cet objet trouve son public.
Pendant mes premières années d’indépendant, les gens avaient une idée et je leur fabriquais sur mesure ce qu’ils souhaitaient. Puis, j’ai eu envie de vendre des créations telles que je les imaginais. Je voulais qu’elles soient achetées en l’état sans modification. Quand j’ai créé mon premier sac, c’est ce qui s’est passé. Ce que j’avais créé plaisait ! Au-delà du sac, c’est à cette volonté que je me suis accroché.
Je suis passé d’Artisan à Artisan d’Art.
Atelier-boutique Damien Béal, 40 rue d’Anjou à Versailles
Sac Pause Weekend papaya miel bois et cuir Damien Béal
Quelles compétences de ta formation initiale t’ont permis de devenir Sellier maroquinier ?
Quand je me suis formé seul à la maroquinerie, j’avais déjà un savoir-faire pointu en tant qu’artisan du bois. Il y a d’autant plus de points communs entre les métiers du bois et du cuir que je travaille un cuir épais, le collet. Par exemple, un couteau à parer est un outil très proche du ciseau à bois. Il y a un lien assez naturel sur la manipulation de la matière, la découpe, la manière de percer le cuir.
Pour mon premier sac je n’ai acheté que trois outils. C’est une des particularités de la maroquinerie : on peut très vite fabriquer des objets avec très peu de matériel. C’est tout l’inverse du bois !
Comment concevoir un sac ?
C’est ce qui était plus complexe ! Comment dessiner un sac confortable et facile à porter, associant du cuir et du bois avec des coutures à la main. Je m’y suis pris de façon très intuitive. C’est l’expérimentation qui permet de se former tout au long de sa vie d’artisan. J’ai beaucoup regardé les sacs des gens, leurs assemblages. J’ai écouté les conseils des vendeurs de cuir sur les réactions de la matière.
Pour assembler un meuble il y a beaucoup de règles structurelles. Pour un sac c’est la même chose. C’est un objet en volume, ce sont juste les matériaux qui changent.
Damien Béal maroquinerie en bois et cuir - vélo en bois - © Deer Cut
Strict Minimum vert bois et cuir Damien Béal
Syndrome de l’imposteur dans la maroquinerie ?
Non, tout dépend de la qualité. Si ton produit est irréprochable c’est difficile de te dire que tu es un imposteur. Je reste légitime en tant qu’artisan et reste humble sur ce que je crée.
De quoi est constituée ta collection ?
J’ai une collection permanente qui évolue. Quand un produit plait mais ne touche pas à assez de monde, il sort de la collection et j’en fait rentrer un autre. Ma gamme de prix va du sac à 280 euros à 800 euros. Je vends également de la petite maroquinerie à 40 euros.
Je choisis du cuir français tanné en Italie avec un tannage végétal. Le cuir est tanné sans chrome, à l’eau avec des pigments naturel (des écorces chêne, mimosa…). Mes coutures sont réalisées avec du fil de lin. Mes boucleries viennent de la maison Poursin à Paris, et je me fournis aussi un peu en Italie.
Travailles-tu seul ?
Ma compagne m’accompagne depuis le début dans les réflexions et s’occupe du site internet. J’ai une apprentie et une stagiaire. Je sous-traite la partie bois à Nantes.
Quelles ont été les étapes de développement de ton entreprise ?
Il y a 8 ans, j’ai fermé ma boutique de meubles. J’ai pris une année pour réfléchir à l’étape d’après. A cette époque, une amie mosaïste m’a demandé de réaliser un sac tout en bois pour un défilé de mode à Genève. En parallèle de cette création, j’ai commencé à travailler sur une idée de sac en bois et feutrine puis je me suis dirigé vers le cuir. J’ai fait une dizaine de sacs et ai commencé à faire des ventes éphémères. J’ai rencontré un engouement autour de cet objet. Puis au bout d’un an, il a été question de faire le choix de « je continue ou j’arrête ». J’ai choisi de continuer à travailler le cuir en mettant de coté le travail du bois.
Qu’est ce qui t’a permis de te lancer sereinement ?
J’avais la chance de toujours avoir mon atelier de menuiserie. J’étais un peu équipé. J’ai commencé à faire la couture de sacs chez moi dans mon salon. Ce qui a joué, c’est le sentiment de pouvoir créer un objet et de pouvoir le distribuer tel que. C’était pour moi hyper important ! Avec ces sacs en cuir et bois, j’arrivais sur un terrain de jeu où personne n’était allé. C’était risqué mais je sentais qu’il y avait une demande derrière. Ça me faisait du bien d’être dans un atelier moins poussiéreux, loin des chantiers.
Quel financement ?
J’ai investi 1 500 euros pour vendre dans des boutiques éphémères. J’ai vendu mes sacs et j’ai réinvesti petit à petit mais je ne me versais pas un salaire. A ce moment-là, j’ai bénéficié de six mois de chômage et j’ai mangé mes six mois d’économies. Je n’ai pas eu besoin d’acheter beaucoup de matériel car j’avais mes outils. Cela a avancé petit à petit. La première année mon chiffre d’affaires oscillait entre 15 et 20 000 euros. Maintenant mon chiffre d’affaires est de 90 000 euros et je me verse un salaire de 1500 euros par mois.
Le Vide Poche d'Aronde - Damien Béal
La Ninetta - Damien Béal
Que t’a apporté l’ouverture de ta boutique ?
Grâce à elle j’ai augmenté le chiffre d’affaires de 20% chaque année. Quand on part sur de bons choix, les choses s’enchaînent. Grâce à ma couverture sur le magazine de Versailles, une mécène m’a proposé une boutique gratuitement pendant 3 ans ! Tout a changé depuis ce jour ! Du jour au lendemain j’ai eu pignon sur rue. J’ai pu investir, me faire connaitre tout en gardant mon atelier de menuiserie.
A quels salons participes-tu ?
La clientèle professionnelle est arrivée par les salons. En septembre 2016, mon premier salon est Maison & Objet, je casse ma tirelire ! et je n’ai eu aucune commande…. L’emplacement était mauvais. (Pour rappel : prix du Stand de 300 à 5 000€, Aide possible Atelier Art de France : 300 à 800€). En 2017, année top ! J’ai appris de mes erreurs. Je suis maintenant au hall Craft.
Comment est constitué ton chiffre d’affaires ?
40% de mon chiffre d’affaires vient des professionnels (Chine, Japon et Suisse) et 60% vient des particuliers dont 10% sont des ventes en ligne.
Comment a évolué ton activité en ligne ?
Je travaille beaucoup sur la vente en ligne mais cela nécessite des investissements importants et prend du temps. Ce serait bien que j’investisse autant dans internet que ce que j’ai investi dans les salons professionnels. Instagram et Facebook sont de vrais leviers de clientèle. J’ai 3 500 abonnés sur Instagram et autant sur Facebook. Instagram évolue beaucoup. Les algorithmes changent. La vidéo prend une place énorme (stories, live). Il y a une attirance du public pour cela, mais je ne suis pas sûr d’être totalement à l’aise avec cette mise en scène pour le moment !
Mon chiffre d’affaires en ligne est encore irrégulier avec un très gros pic à Noel. Ce sont surtout des clients fidèles qui achètent. Mes sacs ne sont pas les plus simples à vendre en ligne. Le bois peut faire peur.
Quel a été le plus gros risque que tu as pris ?
Quitter l’atelier financé par la mécène pour prendre une boutique payante qui me coûte 12 000 euros à l’année. Je le paie un peu dans cette période de confinement ! Mais la vie est bien avec des risques ! C’est ce qui fait avancer !
Quelles sont tes perspectives ?
Avec cette pandémie, c’est le flou ! Je me pose beaucoup de questions : mes clients seront-ils au rendez-vous ? Comment bien communiquer auprès de mes clients sur nos approvisionnements compliqués (gros problèmes de fournitures des cuirs italiens, ruptures de stock des fournisseurs) et ses conséquences sur le nombre de coloris disponibles (actuellement 16 couleurs proposées) ? Attention donc aux dépenses ! Il va falloir faire le dos rond, avoir moins de charges. Si demain on doit fermer la boutique, on la fermera. Et on en ré-ouvrira une autre dans un an.
En termes de perspectives produit, un nouveau sac doit sortir après le confinement, monté différemment et permettant d’aller vers d’autres matériaux. J’aime beaucoup le cuir et ce qu’il devient dans le temps. Mais j’aime l’idée d’un sac sans cuir ou moins de cuir. La laine m’attire beaucoup par son côté plus éthique. Je m’intéresse aussi au cuir vegan : matière qui ressemble au cuir sans en être.
As-tu d’autres activités complémentaires ?
Je n’ai pas le temps ! je travaille 70h par semaine. On verra avec le corona… Seule petite activité complémentaire, je fabrique des portes-clef pour des professionnels. Ça m’amuse donc je le fais !
Travailles-tu pour le luxe ?
Non, je souhaite rester indépendant. J’ai juste collaboré à un concept car de Citroën et créé des pièces uniques pour une galerie. Je ne suis pas fan de ce que veut dire le luxe maintenant. Je préfère le haut de gamme. Tout dépend à quelle échelle on veut travailler.
As-tu des conseils pour les personnes qui veulent aller vers ce métier ?
Il faut se poser les bonnes questions :
Dans ce métier, y a-t-il de la place ? est-il facile de trouver du travail ? J’aime le cuir. Des métiers meurent. Quels sont les métiers qui manquent de repreneurs ? Aller vers un métier où il a un besoin : la ganterie, la gainerie par exemple.
Mon mode de vie est-il en lien avec les revenus associés à ce type de métier ? Je n’ai pas un revenu élevé mais je sais pourquoi je me lève. Je fais un métier qui me plait.
Si je dois donner un conseil en stratégie commerciale : essayer d’avoir le moins de charge possible et être débrouillard ! N’achetez qu’avec l’argent gagné au fur et à mesure. N’investissez pas des grosses sommes pour avoir les reins solides pendant une durée assez longue.
Le statut que je recommande pour démarrer : la micro-entreprise. On ne récupère pas la TVA mais on n’a pas besoin d’un comptable à 2500€ par an. Si on ne gagne rien, on ne paie rien. Si on veut fermer c’est plus léger. Le plafond a augmenté pour le la fabrication/revente poussé à 90 000€ et 45 000€ pour la prestation de service. Passé ce seuil, il y a toujours moyen de basculer après vers un autre statut.
Concernant les réseaux sociaux : communiquer sur son projet avec son entourage puis élargir petit à petit. Les gens ont besoin d’authenticité et adorent l’histoire de l’artisan qui montre l’évolution d’un produit. Il faut en profiter, c’est gratuit. J’ai toujours essayé de garder un échange réel, honnête.
Merci Damien de cet échange LIVE !
Propos recueillis par Delphine Burthey
Pour retrouver Damien :
site web : damienbeal.fr
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Facebook : damien.beal
Rencontre avec Jean-Baptiste Saint-Criq, créateur de matières et spécialisé en marqueterie de paille
Jean-Baptiste a terminé en 2010 sa formation de sept années dans les métiers d’art du Bois à Revel. Avec un Diplôme des Métiers d’Art (DMA), une spécialité dans la marqueterie et une maîtrise parfaite de la technique, il a élaboré son propre savoir-faire et a affirmé son style contemporain. En 2015, il crée son entreprise Cercus.
Jean-Baptiste va partager avec nous son parcours et nous allons notamment aborder les questions suivantes :
Le processus de création et de fabrication autour d’une pièce contemporaine, depuis l’idée jusqu’à la pièce finie.
Ce que le collectif apporte dans l’entreprise de Jean-Baptiste.
Ses choix de développement commercial et les enjeux qu’il confie en partie à un agent.
« Nous autres les artisans, nous travaillons avec notre cœur, nous devons être multi casquettes mais nous ne pouvons pas tout faire. Travailler avec un agent c’est avoir une vision stratégique de développement de l’entreprise. »
© Cercus
© Cercus
Jean-Baptiste nous reçoit dans son atelier-domicile à Pibrac près de Toulouse. Il fait partie des quelques rares artisans qui se distinguent dans l’art de la marqueterie de paille en France et qui parviennent à en vivre. Doté d’une sensibilité unique à la matière, Jean-Baptiste évoque avec enthousiasme son parcours, sa technique, et sa collaboration avec son agent avec laquelle il trace son sillon.
QUEL A ETE TON PARCOURS AVANT LA CREATION DE TON ENTREPRISE CERCUS ?
Je voulais travailler avec mes mains. C’est une journée d’initiation au lycée Revel, une école professionnelle des métiers d’art du bois et de l’ameublement qui m’a convaincu. J’ai passé un BEP, BAC pro, CAP dans l’ébénisterie pendant 4 ans puis je me suis spécialisé dans la marqueterie avec l’obtention d’un CAP, puis DMA en 3 ans. La rencontre avec la matière a été une évidence. J’ai ensuite complété cette formation de 7 ans par de nombreuses expériences professionnelles en entreprise. Entre 2010 et 2015, j’ai travaillé sur des projets d’agencement, de menuiserie et j’ai développé mon savoir-faire en marqueterie de paille. C’est en 2015 que j’ai créé CERCUS.
PEUX TU NOUS ECLAIRER SUR TA TECHNIQUE ET LA MATIERE PREMIERE UTILISEE ?
On utilise des bottes de paille de seigle pour orner des surfaces planes. A l’aide de plioirs, j’ouvre la paille au bout, je l’ouvre, puis je l’écrase sur toute la longueur pour avoir une paille plane de chaque côté. La paille est alors posée, collée, superposée pour former une trame graphique. Elle est ensuite plaquée sur le support final. Enfin, je ponce la matière qui fait apparaître les brins dessous. J’altère le vernis de silice naturel puis j’applique un vernis à eau ou polyuréthane pour uniformiser et protéger la matière. Chaque œuvre est unique par sa composition propre et sa couleur. J’ai développé ma technique pendant 10 ans à l’instinct. Les ratés m’ont permis d’avancer. Il y a peu de fournisseurs de paille de seigle. J’ai choisi de travailler depuis 10 ans avec la famille Rodot en Saône et Loire, qui fournit une matière d’une qualité incroyable avec une palette riche d’une cinquantaine de couleurs renouvelée tous les ans.
QUEL EST LE PROCESSUS DE REPONSE AUX APPELS D’OFFRES ?
Il se déroule en plusieurs étapes et est quantifiable en fonction de la nature du projet et du client : 1- 1 er RDV pour découvrir l’univers du client et son cahier des charges qui doit être strictement respecté 2- 2eme RDV pour présenter 2-3 échantillons sur mesure 3- 3eme RDV final pour valider le projet avant lancement en production ; L’échantillon choisi est toujours conforme à la réalisation finale. Je facture rarement les échantillons livrés.
COMMENT EVALUER TON TEMPS DE FABRICATION ?
Mon temps de travail est quantifié par rapport à une surface au m2 pour les projets de chantiers d’intérieur. En revanche c’est plus difficile à évaluer quand il s’agit d’un projet de création unique pour lequel on me donne carte blanche pour un évènement ou une exposition par exemple. Il faut savoir que les étapes de préparation sont aussi longues pour une petite surface que pour un format plus important.
QUI SONT TES CLIENTS ?
Des particuliers rencontrés sur des expos ou grâce à mon site internet, qui me contactent pour de l’agencement, de l’ébénisterie, de la marqueterie,
Des entreprises (de plus en plus des maisons de luxe)
Des décorateurs et architectes d’intérieurs sourcés par mon agent
Depuis 1 an, je travaille exclusivement la marqueterie de paille, ça marche très bien ; je n’en délaisse pas moins la partie ébénisterie qui m’est utile pour la réalisation de mes projets. J’aime également sourcer des matières nouvelles comme la pierre de schiste avec laquelle j’ai réalisé des essais.
QUEL EST LE ROLE DE TON AGENT ?
J’ai eu la chance de rencontrer dans une coopérative d’entrepreneurs, Agathe Bourdrez qui a créé l’agence Tout un art. Je m’étais rendu compte de mes propres limites, et j’étais incapable de tout gérer. Nous avions la même sensibilité et nous avons décidé de collaborer sur:
Le démarchage commercial
Le développement de la communication digitale
Les RDV clients
Les suivis de projets de chantiers
Le développement à l’international
Du coup, je peux dégager du temps pour la fabrication (je suis passé de 40% à 90% de temps plein consacré à la production) et je peux répondre à toutes les questions d’ordre techniques que me posent les clients. 90% de mes contrats sont décrochés par mon agent. On est très complémentaires et comme je ne peux pas développer seul mon entreprise, Agathe m’aide à me promouvoir et à accroitre mon réseau.
QUELS SONT TES AUTRES PARTENAIRES ?
Je me suis rapidement entouré de gens très compétents dans leur domaine pour développer le site internet. Un graphiste a travaillé sur ma charte graphique, et une photographe a réalisé des visuels qui reflètent bien mon travail. Je possède aussi un réseau de partenaires artisans avec lesquels je partage la même sensibilité. Les artisans en marqueterie de paille ne sont pas des concurrents, c’est un réseau fort avec lequel j’aimerais partager des projets.
QUELLES SONT LES INITIATIVES COLLECTIVES AUXQUELLES TU AS PARTICIPE ?
J’ai créé à la fin de ma dernière année de lycée à Revel en 2010 avec des camarades, le Collectif Folie Douce. Le travail collaboratif m’a permis de participer à des œuvres individuelles et collectives à plusieurs mains, et de prendre part à des salons comme celui du Carrousel du Louvre. J’ai également rejoint une coopérative d’entrepreneurs, la maison de l’initiative à Toulouse qui m’a aidé à structurer mon activité en bénéficiant de la force du collectif et d’un suivi d’accompagnement. Depuis cette année, j’ai créé mon propre statut avec la CMA.
QUELS CONSEILS POUR ACCROITRE SA NOTORIETE ?
Il ne faut pas hésiter à participer aux concours proposés par l’INMA et les Ateliers d’art de France, sans oublier les salons Maison et Objet et Résonnance qui offrent de la visibilité. Le réseau régional est aussi important car il permet de promouvoir son entreprise et obtenir des aides financières.
Merci JB d’avoir partagé ton expérience d’artisan et d’entrepreneur !
Pour retrouver Jean-Baptise Saint-Criq :
Instagram : @cercus.marqueterie
site web : cercus.fr
Maxime Perrolle, tourneur d’art sur bois. L’artiste qui a les pieds sur terre.
Ebéniste depuis 2013, Maxime Perrolle est tourneur d’art sur bois depuis 2016, et aujourd’hui il est aussi sculpteur. Exerçant son art depuis Yvry-sur-Seine où est situé ton atelier, il ne cesse de se déposséder des machines pour se rapprocher du bois qu’il aime passionnément. Il a été lauréat en 2019 du Prix de la Jeune Création Métiers d’Art porté par Ateliers d’Art de France. Il est vu comme un artiste, et il a aussi le pragmatisme des artisans.
Nous sommes dans l'atelier de Maxime, pour commencer peux-tu nous montrer à quoi ressemble ton atelier ? Quelles sont les machines que tu utilises ?
C'est un immense atelier partagé qui fait dans les deux mille mètres carré, cloisonnés en plusieurs ateliers. C'est une structure associative, Le Soft, qui est à Ivry sur Seine et regroupe environ 80 artistes et artisans. Dans cet atelier, nous sommes 15, avec différents corps de métiers : des artistes plasticiens, des graphistes, des sérigraphes, de la déco du cinéma….
Au sein de cet atelier, je partage 150 mètres avec quatre artistes et artisans qui travaillent essentiellement le bois. On a un espace collectif et des box, par exemple pour le stockage d'outils. C'est là où je vais affuter mes outils, stocker une partie de mes pièces, créer mes peintures… Je travaille pas mal des pigments qui sont très volatils. Dans une atmosphère où il y a beaucoup de poussière, je dois m’isoler pour travailler mes teintes.
La fameuse machine pour tourner des pièces, c’est un gros tour à bois. La particularité de mon travail, et de celui de quelques autres tourneurs en France, c'est de travailler des bois verts qui sont encore gorgés de sève, ils viennent d'être abattus et sont encore très humides. Je fais donc sécher les pièces qui viennent d'être tournées dans les copeaux.
Quels bois travailles-tu ?
Je travaille beaucoup de chêne français. C’est un arbre qui pousse très bien dans nos régions, en Ile de France, en Bourgogne… Je préfère valoriser les bois locaux qu'on trouve ici. Au tout début, j’ai travaillé des bois exotiques comme les bois précieux. Ce sont des bois qui sont très beaux, très denses, avec une très belle qualité de coupe, magnifique à travailler. Mais ce sont des bois qui sont difficilement traçables au niveau de l'abattage. On ne sait pas du tout dans quelles conditions ils ont été abattus. D’un point de vue éthique, je préfère maintenant travailler les bois locaux, ce sont des bois nobles dont on connait la source.
Il y a deux types de fournisseurs. D’abord la forêt. Je m’y balade de temps en temps. On trouve souvent des arbres qui sont couchés par les vents ou laissés par les bûcherons. Or à partir du moment où les arbres sont couchés sur le sol, ils tombent dans le domaine public et on peut donc les récupérer. Ce sont des bois qui peuvent être là depuis plusieurs années, avec des surprises comme un peu de moisi et donc des décors dans le veinage qui peuvent être intéressants. Mais on est limité si on cherche une dimension particulière.
Dans ce cas là je me fournis dans une scierie en Bourgogne. Ce sont des exploitants forestiers qui gèrent une partie de leur forêt. Ils font de l'abattage pour prendre soin de leur forêt, coupent les arbres malades pour laisser la place aux plus jeunes. C’est une scierie familiale, avec encore la mère qui doit avoir 80 ans et qui tient encore la comptabilité. C’est encore vraiment dans son jus, tout est en bois. C'est très, très cool, d'y aller. J'aime bien ce contact.
Peux-tu nous dire aussi le temps qu'il te faut pour tourner ou pour sculpter une pièce ?
Le temps est relatif. Tout dépend vraiment des pièces. Là c'est un petit bol en chêne. Il y a du tanin dans le chêne, ce ne sont donc pas vraiment des bols utilitaires, plutôt des bols à usage décoratif. Ces bols sont culbuto, ils n’ont pas de pied et trouvent leur position tout seul. C'est une des premières choses qu'on apprend en tournage sur bois. C’est du tournage assez classique, pour tout ce qui est dans le domaine utilitaire, comme les bols, les saladiers, les boîtes... Ça m'arrive encore d'en faire aujourd'hui, mais beaucoup moins.
Aujourd'hui, je suis plutôt sur ce type de forme là. Ce sont des petits vases en chêne. Là, il y a deux techniques vraiment différentes : le tournage sur bois pour la forme générale et le creusage de la pièce. Il y a ensuite, un travail de sculpture à la main, à la gouge, pour faire toutes les gorges.
Donc tu continues à tourner tout en ayant ajouté une nouvelle une corde à ton arc en sculptant les pièces que tu as tournées ?
Oui, c’est en travaillant des effets de textures et de sculpture sur des pièces tournées que je suis arrivé à avoir l'envie de travailler directement des pièces uniquement issues de la sculpture.
Généralement, en tournage sur bois, on travaille la moitié de l'arbre. On coupe le cœur qui est la partie la plus nerveuse. En sculpture, on peut travailler dans le sens de la longueur, dans des grands plateaux très gros, on est donc beaucoup moins limités en termes de diamètre. C'est aussi ça qui est intéressant dans le domaine de la sculpture. On est complètement émancipés de la machine et de la manière dont on travaille le bois. On peut travailler dans des formats beaucoup plus imposants.
Tu as été lauréat l'année dernière du prix de la Jeune Création Métiers d'art par Ateliers d'art de France. Tu as été primé par la Fondation Banque Populaire, par le Carrousel des Métiers d'Art. Ce sont des candidatures auxquelles tu as postulé ? Comment ça s'est passé et qu'est-ce que tu en a retiré ?
Je conseille à tout le monde, de passer par ces appels à candidatures et de ne pas en avoir peur parce que cela peut être un tremplin. C'est une mise en avant hyper intéressante. On commence par répondre à un appel à projets avec un dossier qui est validé par un jury. Pour la plupart des prix, il y a un ensuite un deuxième jury. C'est assez intimidant car on se retrouve tout seul devant une quinzaine ou une vingtaine de membres du jury pour défendre son dossier. C’était le cas pour la Fondation Banque Populaire. Chaque prix apporte des choses différentes. Il ne faut pas candidater à tous les prix, mais bien choisir et sélectionner ceux auxquels on souhaite candidater.
Comment choisis-tu les prix auxquels tu candidates ?
La Banque Populaire m’a plu car c'est une fondation très ciblée, avec plusieurs pôles, dont un pôle métiers d'art pour lequel j'ai postulé. Il y a aussi un pôle handicap et un pôle musique. J'aimais bien la démarche et la promotion des métiers d'art.
On doit faire un business plan sur trois ans. Il ne faut pas en avoir peur, tout le monde sait très bien que vous êtes artisan, on est jugé sur la pertinence du projet et la qualité du travail effectué. On définit son business plan en fonction de ses besoins. Pour la Banque Populaire, j'avais présenté une dizaine de pièces et j’avais choisi de cibler mon business plan sur le financement de salons et de matériels avec un échéancier sur 3 ans. Lorsque l’on passe en commission, soit on vous donne la totalité de la somme qui est alors répartie sur les 3 années. Ou vous recevez une somme chaque année pendant 3 ans.
Il y a d’autres prix pour lesquels on ne reçoit pas d’argent. Par exemple le prix Jeune Création d'Ateliers d’Art de France, le syndicat des métiers d'art. Si vous ne les connaissez pas, je vous invite vraiment à aller voir leur site. Ateliers d’Art de France milite notamment pour la création d’un statut juridique pour les artisans d'art qui aujourd'hui n'existe pas en France. Tous les ans il y a un appel à candidatures pour leur le prix Jeune Création qui finance la participation des lauréats à Maison et Objets, Révélation ou au salon du Patrimoine Culturel au Carrousel du Louvre.
Comment choisis-tu les salons auxquels tu participes ?
Les 2 premières années en tant que tourneur sur bois, en 2016 et 2017, pour me lancer et parce que j'avais besoin de savoir quelle clientèle était intéressée par mes créations, j’ai commencé par des pop-up stores, des petites boutiques éphémères dans Paris. Ça demande un petit investissement, mais il n'y a pas trop de risques. J’ai aussi fait pas mal de marchés artisanaux, des foires… Cela m'a permis de me faire la main. J'ai beaucoup adapté ce que je faisais, des pièces utilitaires, des petits bols à des prix assez accessibles….
Quand j’ai évolué vers des pièces plus artistiques et à me diriger de plus en plus vers la pièce unique, j’ai commencé à viser d'autres salons avec un autre public. J’ai commencé à faire moins de salon grand public et à faire des salons qui mêlaient grand public et professionnels, par exemple le Carrousel du Louvre et Révélation. Et depuis un an je me suis concentré sur Maison et Objets qui est un salon uniquement professionnel.
Quel investissement la participation à ces allons représente-t-il chaque année ? Y a -t-il un salon plus pertinent par rapport à ta clientèle ?
Chacun a ses propres objectifs. Le mien est de cibler la clientèle des architectes d'intérieur, décorateurs… plutôt que de travailler avec des particuliers et des collectionneurs. Forcément, cela demande un engagement financier qui est beaucoup plus important. Chez Maison et Objets, je prends six mètres carrés pour un coût de 3000 euros, financé à hauteur de 900€ par Ateliers d’Art de France car je suis adhérent, ce qui est non négligeable.
Beaucoup d’artisans disent que Révélations est un tremplin et un investissement, qu’en penses-tu ?
De mémoire le salon coûte entre 550 et 600 euros du mètre carré, avec un minimum de 12 mètres carrés par stand. Il faut donc avoir les reins solides pour le faire. C'est la raison pour laquelle il y a beaucoup de stands collectifs qui permettent de diviser les charges.
J'ai eu la chance de le faire une fois sur un stand collectif avec LAFTAB, l’Association Française de Tournage d'Art sur Bois. C'est le meilleur salon que j'ai fait. C’est sous la nef du Grand Palais, c’est un lieu emblématique, sublime, avec une lumière extraordinaire pour les pièces. C’est une biennale avec déjà plusieurs éditions, qui monte en notoriété avec des gens qui reviennent.
Pour moi, c'est vraiment un salon à faire un moment dans sa carrière, même si vous ne faites pas de vente sur place, cela permet d’être présent et de le mettre sur son CV. Se sont de belles rencontres.
Tu as eu des retours sur ce salon ? As-tu vu une différence par rapport à Maison et Objets sur les commandes que tu as eues après ?
Révélation est surtout un salon grand public, ce n’est pas un salon professionnel même s’il y a des professionnels qui viennent. La majorité du public, ce sont des particuliers dont beaucoup de connaisseurs, amateurs d'art et collectionneurs avec du fort potentiel d'achat. Je m'en étais bien sorti, j’avais vendu 3 pièces. Sur Révélation, contrairement à Maison et Objets, tu achètes sur le salon.
A Maison et Objets, il y une grande majorité de professionnels, même s’il y a un peu plus de particuliers ces dernières années. Vous avez surtout affaire à des sourceurs, qui sourcent des produits dans les bases de données par exemple pour un cabinet d’architectes. Tout se passe en moins d'une minute. Ils n’ont pas temps de parler parce que le salon est immense et leur visite chronométrée. Votre stand doit donc être épuré et lisible. Au début, cela peut être très déroutant. Sur les salons grand public on a l’habitude de parler de nos pièces, mais aussi beaucoup de notre métier avec les curieux. Et là, ce n'est pas du tout le cas, les professionnels connaissent déjà votre métier et s’en fichent un peu, on parle tout de suite de prix.
Est-ce que tu peux nous expliquer comment tes pièces ont évolué depuis que tu es tourneur d'art et comment cela s'est traduit dans ton chiffre d'affaires ? Et aujourd'hui quelle est la répartition entre clientèle directe, clients professionnels et quelle clientèle as-tu grâce aux galeries qui te représentent ?
Les deux premières années, c’était très compliqué, j'avais un job alimentaire à mi-temps. Je faisais beaucoup de petits salons et de petits pop-up avec de la vente directe de pièces utilitaires. Je faisais très peu de chiffre d'affaires. Je crois que les deux premières années, j'étais entre 6.000 et 8.000 euros par an. J'ai commencé à m'orienter vers la pièce unique fin 2018 début 2019. J'ai clairement vu la différence. 2019 a été la première année où j’ai pu lâcher mon job alimentaire et les petits chantiers que je faisais. En 2018, j’ai fait environ 15.000 euros de chiffres d’affaires et 20 000 euros en 2019.
Quand tu es passé de la pièce utilitaire à la pièce unique, as-tu changé de catégorie de clientèle en même temps ? Est-ce une question de marge ?
Ce n'est pas forcément qu'une question de marge. Quand on travaille avec des professionnels, ils vous achètent des pièces de manière récurrente et commandent toute l’année. C'est aussi le but du salon Maison et Objets. Après, c'est bien de garder une base de clients particuliers. D’abord parce que les relations avec les particuliers connaisseurs et collectionneurs sont beaucoup plus cool, mais ce sont des ventes beaucoup plus aléatoires. Un collectionneur va vous prendre une, deux, trois pièces. Mais au bout d’un moment, sauf s'il y a une maison secondaire ou une troisième maison, il va s'arrêter. Alors qu’avec un professionnel c’est sur du long terme avec une vraie collaboration.
Les marges que tu appliques avec des collectionneurs et des professionnels sont très différentes ? Comment cela se traduit sur une pièce ?
A partir du moment où j’ai commencé à travailler avec des professionnels, j’ai fait le choix d’augmenter mes prix pour pouvoir m'y retrouver. En moyenne, un architecte d'intérieur ou un décorateur va prendre 25%, un galeriste va prendre 50%. Il y a des artisans qui font la moyenne entre les deux et qui font 30% à tout le monde. Il n'y a pas de règles établies. Du coup, cela fait forcément augmenter le prix des pièces. Par contre, il faut faire attention d'avoir toujours le même prix des pièces. Si par exemple un particulier trouve une pièce à tel prix dans une galerie et qu'il trouve la même directement chez vous à 50%, vous n’allez pas travailler longtemps avec la galerie ! Cela peut être considéré comme de la concurrence déloyale.
Avant je ne connaissais pas trop le milieu des galeries, j’étais un peu la fleur au fusil, tout naïf. Mais j'ai trouvé la galerie Mayaro qui me correspond bien. C’est dans le 7ème arrondissement. La galerie est très ciblée, elle est tenue notamment par Eloïse Gilles et représente des artisans d'art. D’autres galeries dans Paris vont vous dire « mais vous, vous êtes artiste et artisans, c'est quoi ? Et vous ne faites pas de la création ? » il faut vraiment bien choisir avec qui on a envie de travailler.
Aujourd'hui tu es représenté par une galerie et tu es à la Maison des Artistes. Tu te considères comme un artiste ? Quels sont les critères de reconnaissance des artistes et les avantages par rapport à la Chambre des Métiers de l'Artisanat ?
Cela a été une très grosse prise de tête pour moi, car je ne me suis jamais vraiment considéré comme artiste ni comme artisan. Pour moi c'est juste une histoire de statut, de régime.
La problématique qu'on a en France, c'est qu'on n'a pas de statut juridique pour les artisans d'art qui ne savent pas où aller entre la Chambre des Métiers et la Maison des Artistes. Qui sont en plus deux entités qui ne correspondent pas forcément aux métiers et aux attentes des artisans d'art. Dans les pays anglo saxons la législation est complètement différente, avec une vraie mise en avant des métiers d'art qui ne sont pas très loin de l'art contemporain.
A la création de mon entreprise en 2013, j'étais à la Chambre des Métiers. Aujourd’hui j'ai fait le choix d'être à la Maison des Artistes tout simplement parce que les charges sociales sont moindres et surtout parce que cela me permet de faire des appels à projets artistes. En France il y a le 1% culturel, cela peut être intéressant. Il y a aussi beaucoup d’appel à projets de prix, de bourses ou de fondations où il faut être artiste. Pour les ateliers d’artistes de la ville de Paris, il faut aussi avoir le statut d’artiste pour pouvoir en bénéficier. Il y a donc pas mal d'avantages qui correspondent à ma situation.
C'est un choix personnel. On parle du régime de retraite aujourd'hui, mais je suis persuadé que les artisans ou artistes ne vont pas forcément l’avoir. Quand j’étais en stage j'ai connu des ébénistes qui avait 80 ans, donc je ne me fais trop d'illusions.
Aujourd'hui, as-tu l'impression de manquer des opportunités en n’étant pas à la Chambre des Métiers de l'Artisanat ?
Certainement. Il y a des avantages et des inconvénients dans les deux statuts. Mais pour le moment cela me correspond plus d’être à la Maison des Artistes.
Si on parle réseaux sociaux, est-ce que cela t’apporte des clients collectionneurs, de la notoriété ?
J’utilise beaucoup Instagram, très peu Facebook. C'est vraiment important de s'y investir, d’abord parce que cela permet d'être en lien avec sa communauté. Il y a une grosse communauté de travailleurs du bois dans tous les pays du monde et qui se connectent sur Instagram. Cela permet de voir ce qu’ils font, de mettre en valeur nos métiers, c’est inestimable.
Sur Instagram, j'ai déjà fait des ventes, j’ai aussi des contacts de galeristes, de collectionneurs ou de particuliers qui me contactent pour me demander un prix ou un catalogue. J’ai aussi contacté Mayaro par Instagram. Et surtout, je suis en contact avec des professionnels, parce que cela correspond à ma dynamique. Cela permet donc de créer de belles opportunités.
C’est vraiment très important de faire de belles photos sur Instagram. Il ne faut pas hésiter à investir dans du matériel photos. C’est primordial, même si c’est un peu coûteux. Dans nos métiers on travaille énormément l'image et la lumière. Moi par exemple, je travaille beaucoup sur les noirs brûlés au chalumeau. Selon la lumière le noir va avoir des nuances très différentes, il faut pouvoir le mettre en valeur. Si on met une photo fade, la pièce est totalement écrasée, cela ne va pas mettre en valeur votre travail, ce serait dommage.
Comment fais-tu pour surmonter tes difficultés, as-tu des astuces ?
Les premières années généralement sont assez galère. Moi j'ai eu une période très difficile avec une remise en question constante. Et puis, j'ai fait pas mal de chantiers et de jobs alimentaires. C’est important de pas en avoir honte et ne pas le subir comme un échec. Parce que votre job alimentaire va justement vous permettre de pouvoir continuer à créer et s’accrocher.
Tu as été formé en tant qu’ébéniste pour démarrer, puis tu as fait des formations complémentaires pour être tourneur sur bois. Peux-tu nous expliquer quelles formations t’ont été utiles pour ton métier d'aujourd'hui ?
J'avais 20 ans quand j’ai fait ma formation d’ébéniste. Je n’étais plus dans le cursus scolaire et n’ai malheureusement pas pu entrer dans un CAP. J’ai donc fait en 2012 une formation diplômante pour adultes en passant par le GRETA. En 2013 je me suis mis à mon compte. Et en 2016 je me suis formé au tournage sur bois à l’école Jean-François Escoulen.
Avant de se lancer il est ultra important de se former, même si on a déjà des compétences. Si j'ai vraiment un conseil à donner, c’est « Formez-vous, formez-vous ». D’autant plus qu’aujourd’hui, grâce aux organismes de financement, comme le Fongecif, les Régions…. on peut faire des formations intégralement financées. Ça permet d'avoir des bases solides pour pouvoir commencer à bosser.
As-tu des conseils à donner aux jeunes sur la manière de candidater auprès d’une entreprise, pour un stage, un apprentissage ?
Je ne peux accueillir de stagiaire dans la structure de ma boîte, mais il ne faut pas hésiter à se rendre sur place et à toquer aux portes pour se présenter et rencontrer les gens. Le contact direct, ça marche bien.
Qu’est-ce qui t’a manqué quand tu as démarré ?
Ce qui m'a manqué au début, c'est le temps, parce que j'avais un boulot alimentaire et j'avais l'impression de ne pas réussir à avancer. J'avais déjà une ligne directrice, je savais que j'avais envie de me diriger vers la pièce unique et j'avais envie de brûler les étapes. Encore aujourd'hui, je trouve qu'on n'a jamais assez de temps. On est artisan et on travaille de nos mains, mais on travaille aussi sur ordinateur, on fait la compta, le démarchage, la vente, les salons…. Et finalement, le temps d'atelier devient assez minime.
Quel temps consacres-tu à la création et la production à l’atelier par rapport au temps passé sur la partie administrative, communication, vente… ?
Cela dépend des périodes. Il y a des moments avec des commandes, la préparation des salons où on passe son temps à l’atelier. Et ensuite on passe beaucoup de temps à prendre en photos les pièces, les intégrer au catalogue, à faire de l’administratif… globalement dans l’année, je pense que c’est du 50-50.
Est-ce que tu as suivi une formation ou un programme d'accompagnement sur la partie business ? Est-ce que tu as été aidé ?
Je n’ai pas été aidé, c'est d'ailleurs ce qui m'a manqué au début. Et c'est ce qui manque généralement dans les formations diplômantes qui sont déjà très intenses. On préfère mettre l'accent sur les compétences techniques que sur les compétences entrepreneuriales. Mais il y a d'autres organismes qui peuvent compenser ce manque de formation sur ces sujets. Je pense par exemple à Pôle Emploi et aux Chambres des Métiers.
Est-ce que tu as pu obtenir obtenir une aide de la part de la région Ile de France pour ta formation à Escoulen ?
Oui j'avais reçu une aide de la région de la région Ile de France, je ne me souviens plus du montant, mais en gros j'ai quand même financé un quart de ma formation. Je vous conseille de vous renseigner sur le FAFCEA, le fond de formation auquel on cotise quand on est à la Chambre des métiers et qui vous octroie des droits à la formation. Si vous êtes salarié cela peut se faire via le Fongecif¨. Si vous êtes demandeur d’emploi, Pôle Emploi peut aussi financer des formations. Cela dépend vraiment du statut.
Comment adaptes-tu ta casquette entre artistes et artisans en fonction des contextes. Est-ce que tu arrives à assumer les deux conjointement ?
Pour moi, je n’ai pas d’étiquette. Je n'ai pas l'impression d'être artisan, ni artiste. Je suis juste créateur ou sculpteur à la rigueur. J'ai juste envie de créer une pièce. Si je dois m'exprimer sur le sujet, je m'exprime d’abord en mon nom propre, avant d'être un artisan et un artiste.
Quel est ton processus créatif ? Où trouves-tu tes inspirations ? Comment fais-tu pour avoir de nouvelles idées à chaque fois ?
Je suis d’abord inspiré par d’autres artisans. J'aime aussi tout particulièrement ce qui est minéral et aquatique, les formes monolithes sur lesquelles on voit encore les traces d’outils, comme sur les silex taillés. Je puise beaucoup mon inspiration dans la nature, les paysages de sable… Je travaille beaucoup la courbe, le point d’équilibre de mes pièces culbuto… Il y a des courbes partout autour de nous. C'est important d'avoir l'œil, de regarder une ligne d'horizon, une colline ou un arbre….
Quels sont tes conseils pour démarcher une galerie ?
Mon conseil serait de faire un beau book, avec de belles photos de belles pièces et de trouver les endroits où on peut croiser les galeristes. Si vous faites du porte à porte chez les galeries, cela ne marche pas parce que le propriétaire de la galerie n'est jamais là, c'est souvent un salarié qui tient la galerie. Même si vous déposez en book, il y a peu de chances que cela marche. Alors n’hésitez à aller faire des expos, faire des salons comme Maisons et Objets, même en tant que visiteur….
Est-ce qu'il existe un label particulier pour ceux qui, comme toi, utilisent du bois local avec une traçabilité parfaite ?
Je ne pourrai pas vous donner le nom de tous les labels, mais cela existe, notamment le Label ONF…
Est-ce que tu as pu te procurer toutes les machines dont tu avais besoin grâce au prix de la Fondation Banque Populaire ?
Non car j'ai fait un gros investissement quand je me suis lancé en 2016. Je suis donc passé par un crédit, pour acheter mon tour à bois professionnel qui est une machine assez chère. Au tout début je me débrouillais comme je pouvais, j’achetais un outil après chaque chantier. C’est impossible de s’équiper entièrement dès la première année sauf si vous avez de l'argent, on le fait donc au fur et à mesure. La Banque Populaire m'a permis de renouveler le matériel que j'avais, d'acheter du matériel de meilleure qualité et du matériel manquant qui m'a permis de faire des pièces plus grosses.
Merci Maxime d’avoir partagé ton expérience d’artisan et d’entrepreneur !
Pour retrouver Maxime Perrolle:
Instagram : @maxime.perrolle
site web : maximeperrolle.com
Comment la communication digitale et la réflexion sur la raison d’être peut amener une marque artisanale à se développer. Discussion avec Elodie Gervet (Flowrette) et Tiphaine Chouillet (La Racine)
Nous avons eu le plaisir d’interroger Elodie Gervet qui a créé Flowrette il y a à peine plus d’un an. En très peu de temps, la jeune pousse Flowrette qui créée des bouquets de fleurs séchées est devenue la maison Flowrette avec trois salariés, bientôt six, un concept store à Paris et un atelier en banlieue parisienne ! Elodie n’est pas un artisan d’art classique car son processus de fabrication est beaucoup plus court que celui de la plupart des artisans d’art, mais ce qui nous a intéressé c’est comment la communication digitale peut aider une entreprise artisanale à se développer. Aidée par son expertise digitale et son intuition, Elodie nous a expliqué très naturellement comment elle a fait grandir Flowrette grâce à ces outils digitaux et la cohérence de sa communication. Tiphaine Chouillet, fondatrice du studio La Racine qui aide les marques de savoir-faire à révéler leur identité inspirée de leurs racines a permis d’élargir la discussion pour nous expliquer pourquoi il est important de réfléchir à la raison d’être de sa marque le plus en amont possible.
Retrouvez les leçons extraites de cette discussion :
Pour Elodie Gervet (co-fondatrice de Flowrette)
Lancer une marque avec une identité claire et cohérente définie dès le début, être différentiant
Créer une image de marque avec des axes forts : proximité client, qualité de service, singularité de l’offre, expérience client, discours séduisant
Saisir une opportunité sur un marché très spécifique : « nous étions les premiers acteurs lorsque nous avons lancé notre entreprise »
Capitaliser sur les réseaux sociaux et la qualité des visuels photos : « Shootings, photos, textes, calendrier, relation client…j’y consacre 1 jour par semaine ». Consacrer une part importante au budget shooting “Aujourd’hui je consacre 600€/mois pour avoir une variété de visuels”
Programmer des Milestones pour sa présence sur les réseaux sociaux :
1 - test produit (ETSY)
2 - création comptes Instagram, Pinterest + teasing avant lancement,
3 - achat du nom de domaine
Savoir qui est sa cible et adopter le bon positionnement
Mettre en place une stratégie pour le référencement (SEO), le travailler sur Google gratuitement ou de manière payante pour se faire connaitre (Google shopping)
Créer des partenariats avec des influenceurs (2 à 3/mois). Les retombées sont mesurables grâce à des articles qui permettent d’améliorer le SEO et la création de codes promo de 5% avec le nom du blogger) * Viser la compatibilité avec le blogger et la cohérence avec l’univers de la marque avant sa notoriété.
Faire appel aux bons plans pour dénicher un espace de vente (Mairie de Paris permet d’avoir des locaux sans pas de porte à acheter)
Compter environ 2 semaines pour concevoir son eshop en solo, et un mois avec un développeur professionnel à qui on livre juste les maquettes.
Proposer un service de livraison fiable : Colissimo et Chronopost qui sont les moyens de livraison les plus fiables mais les plus coûteux.
Mesurer les retombées communication avec Google Analytics (FB permet de convertir davantage qu’Instagram qui est plus un réseau d’inspirations)
Proposer une nouveauté par semaine aux clients et réaliser des tests in situ boutiques
Savoir calculer son prix de revient : Coût des matières premières + coûts marketing + coût packaging, +coût de la manufacture
Proposer son projet à Pôle emploi qui peut aider à lancer son entreprise (en étant dirigeant non rémunéré) avec l’aide du chômage.
Pour Tiphaine Chouillet (Studio La Racine) :
Définir une vision et les fondations de sa marque : Authenticité exigence excellence, souvent des valeurs communes entre les entreprises artisanales .
S’interroger : Qu’apporte ma marque au monde, en quoi y contribue-t-elle ?
Distinguer les marques des valeurs intrinsèques d’une personne
Penser aux bonnes pratiques : Réfléchir à ce qu’on a envie de communiquer avant (par ex les actions marketing qui viendront alimenter la marque), penser à la cohérence globale de marque
Mesurer la performance de sa communication grâce aux ventes : meilleur outil de mesure !
Soigner sa communication : elle a autant d’importance que l’on s’adresse aux professionnels qu’aux particuliers
Et si vous souhaitez découvrir le replay (ou le revoir), c’est ICI !
Comment optimiser la gestion de son atelier d’art. Discussion avec Eve George (Atelier George) et Guilhem Vallery-Radot (Fabeo)
Nous avons eu le plaisir d’accueillir Eve George qui a créé l’Atelier George en 2016 avec son conjoint Laurent. Leur atelier est le fruit d’une collaboration heureuse entre le design et le savoir-faire pointu dans le soufflage de verre. Issus de parcours différents, leurs savoir-faire à chacun se mêlent et s’enrichissent pour donner vie à chaque projet de leur atelier.
Eve, issue d’une solide formation de design (Boulle, ENSCI) s’est formée au soufflage de verre au CERFAV et Laurent formé dans les plus grandes cristalleries (Saint-Louis, Lalique) et les ateliers d’art (Biot) fait naître des contraintes techniques un espace de créativité nourricier.
L’Atelier George travaille pour les décorateurs d’intérieur, les galeries d’art et développe également sa propre clientèle. Ils imaginent et fabriquent des luminaires, des carreaux de verre et des projets sur-mesure.
Ce qui nous a intéressé c’est comment Eve et son associé gèrent leur atelier. Leur activité très spécifique de souffleurs de verre repose essentiellement sur la vente de pièces de leur propre collection, les projets sur-mesure représentant une part plus marginale de leur chiffre d’affaires.
Guilhem Vallery-Radot, co-fondateur de la gestion d’atelier Fabeo est intervenu dans la discussion pour nous aider à comprendre pourquoi c’est important de tracer les flux dans un atelier artisanal, quelle que soit sa taille et comment optimiser cette gestion.
Retrouvez quelques leçons extraites de cette discussion :
Quelques bonnes pratiques utilisées par Eve et son associé pour gérer leur atelier :
Définir un processus de commandes et de planification de la production efficace :
1- Réception d’un email et/ou d’un bon de commande client
2- Validation d’un acompte de 50% (si une relation de confiance est déjà établie avec le prescripteur)
3 - Confirmation de commande renvoyée au prescripteur et affichée sur le tableau à l’atelier pour qu’elle soit visible par tous. Le délai de livraison est mentionné.
4- Saisie de la commande dans Google Agenda avec délais de livraison + estimatif du moment où la pièce va être soufflée.
Gérer le niveau de stock de matières premières grâce au comptage permanent (à chaque nouvelle commande) pour anticiper les ruptures.
Avoir peu de stock de pièces finies et éviter le confié de marchandises.
Pour les commandes sur-mesure :
Evaluer de manière le plus juste possible le temps de façon, puis faire le devis, et valider un règlement comptant à la commande.
Facturer les frais de prototypage.
Financer le développement d’une nouvelle collection car les coûts de création et de développement sont trop élevés pour être inclus dans le prix de vente.
Proposer un service de livraison fiable au meilleur coût grâce au comparateur de prix Boxtal
Sélectionner les distributeurs en phase avec ses valeurs d’entreprise.
Organiser son temps de travail en tenant compte d’une proportion importante consacrée à la gestion d’entreprise.
Capitaliser sa gestion avec les bons outils : Google agenda par exemple pour optimiser la gestion du temps, et le logiciel Henrri pour gérer la facturation.
Quelques bonnes pratiques issues de l’expérience de Guilhem :
Guilhem Vallery-Radot a co-fondé la solution de gestion d’atelier Fabeo imaginée pour aider les artisans d’art à gérer leur atelier. Ils ont imaginé cette solution après avoir enquêté auprès des artisans d’art sur leurs difficultés de gestion. Les bonnes pratiques ont été restituées dans l’outil, mais sont en soi des bonnes pratiques de gestion :
Encadrer l’ensemble des processus, de la commande à la fabrication en terminant par la livraison
Avoir une vision macro du traitement de commandes : à fabriquer, à livrer, et sorties d’atelier
Etablir des fiches produits par article
Utiliser d’autres outils pour gagner en efficacité : Airtable pour les bases de données, GoogleDrive pour le partage des documents par exemple, HubSpot CRM pour les informations clients, et Trello pour la gestion de projet.
A quel salon participer, pour quel moment et quel positionnement ?
Discussion avec Jérôme Buvat, responsable du salon International du Patrimoine culturel, Marion Huchet, relieure de l’Atelier Dreieck, Véronique Joly-Corbin, peintre sur porcelaine et Guillaume Chevalier, chargé de développement à Atelier de la Boiserie.
Des marchés de quartier aux salons professionnels très haut-de-gamme, en passant par les marchés grand public et maintenant les salons virtuels, la question est quel salon privilégier ? Cette discussion entre plusieurs artisans d’art de profils différents et Jérome Buvat, spécialiste de la thématique, a permis d’aborder toutes les questions qu’un artisan d’art peut se poser avant de décider de participer à un salon.
Retrouvez quelques leçons extraites de cette discussion :
Il existe environ 300 salons en France pour les artisans d’art.
Les salons grand public et professionnels offrent de nombreuses opportunités. Il est toutefois nécessaire de bien réfléchir au positionnement que l’on souhaite adopter pour son entreprise et choisir le salon le plus adapté avant de se lancer !
1. Etude de marché et stratégie commerciale
Définir ses objectifs de développement : national ou international ?
Définir son cœur de cible clientèle : grand public ou professionnel ?
L’offre présentée sur un salon doit être alignée avec l’identité de son entreprise pour que les visiteurs la comprennent immédiatement,
Pour aller sur les salons professionnels, il faut avoir la capacité de produire en série,
Chiffrer les coûts financiers qui comprennent aussi bien la location de l’espace, le temps de préparation et de mobilisation sur le salon, les plaquettes à distribuer, les éléments de scénographie. En moyenne, les coûts s’élèvent à 10% du chiffre d’affaires annuel,
Solliciter des financements (Syndicats professionnels, Chambres des métiers, COFACE, BPI, etc.)
Capitaliser sur les retours d’expérience d’artisans pour s’informer sur les salons
Participer à des formations. Par exemple, Ateliers d’Art de France en propose : réussir sa participation à des salons, s’orienter vers l’export, réaliser sa scénographie sur M&O
2. Pourquoi exposer sur un salon ?
Identifier de nouveaux prospects et des acheteurs potentiels
Fidéliser ses clients, et nouer des relations solides
Offrir une visibilité de l’entreprise
Crédibiliser son entreprise à condition de persévérer (en moyenne 3 participations)
Présenter des nouveautés (produits, techniques, services, savoir-faire, etc.)
Se tenir au fait des tendances du marché, et des dernières innovations
Rencontrer de nouveaux partenaires, et créer des synergies de contacts (fournisseurs, investisseurs)
3. Quelles sont les étapes clés ?
AVANT :
Etablir un retroplanning précis (formalités d’inscriptions, réservation d’emplacement, configuration du stand, définition du mobilier, organisation de la logistique)
Concevoir ses axes de communication (messages et discours commercial)
Définir les actions du plan de communication (scénographie, réseaux sociaux, supports : dossiers de presse, bon de commande, CGV, cartes de visite, liste de prix, etc.)
Utiliser des outils pour gagner en efficacité comme Sweet home 3D, un logiciel pour aménager l’espace en 3D
PENDANT
Accueillir les visiteurs
Remplir les fiches clients
Participer aux différentes activités sur le salon (vernissages, conférences, etc.)
Gérer son stand
APRES
Tirer un bilan : définir les facteurs de réussite et les axes d’amélioration en vue du prochain salon
Traiter les demandes et les commandes clients
A écouter sur le podcast VOIES
C’est ICI !
Quels statuts choisir pour quelle situation professionnelle ?
Cette discussion du 12 janvier 2021 a eu lieu en LIVE avec Julien Steinberg, associé du cabinet Perspectives et membre fondateur du collectif Impact Lawyers spécialisé dans l’accompagnement des acteurs à impact sociétal positif, Julien Goffinet, métallier et Maxime Perrolle, tourneur et sculpteur sur bois.
Julien a récemment fait évoluer le statut de son entreprise de la micro-entreprise, elle est devenue SARL Unipersonnelle (SARLU/EURL) et Maxime est artisan d'art inscrit à la Maison des Artistes. Chacun d’eux a témoigné des raisons qui ont motivé leurs choix. Enfin Julien Steinberg a éclairci d’autres questions autour des statuts que chaque artisan d'art peut se poser.
Retrouvez quelques leçons extraites de cette discussion :
Le choix d’un statut est souvent lié au niveau de protection sociale souhaitée. Il faut savoir que plus le montant des cotisations sociales est élevé, meilleure est la couverture (à l’exception de la Maison des Artistes, voir plus bas). C’est donc important en fonction de la maturité de son activité de vérifier que le statut est approprié.
Au démarrage d’une activité, il est conseillé d’adopter le régime de la micro-entreprise qui présente des modalités simplifiées en matière de détermination des charges et d’obligations comptables. Il faut savoir toutefois que la protection sociale est faible et qu’il y a peu de séparation juridique entre vous artisan (votre patrimoine personnel) et votre entreprise.
Les spécificités :
Facilité des démarches administratives : formalités de création en ligne autoentrepreneur.urssaf.fr
Déclaration du chiffre d’affaires auprès de l’URSAFF
Soumission au régime fiscal de l’impôt sur le revenu
Charges sociales calculées sur le chiffre d’affaires (exonération des charges si chiffre d’affaires nul)
Pas de déduction des charges
Franchise de TVA, en contrepartie TVA non récupérée sur les achats
Exercice de l'activité de micro-entrepreneur possible en complément d'autres statuts ou activités. Il faut toutefois être très vigilent sur la distinction pour éviter des confusions auprès de l’URSAFF
L’activité artisanale concerne l’artisan producteur producteur, transformateur, réparateur, personne physique ou morale (société) qui n’emploie pas plus de 10 salariés. Conseils et enregistrement au Centre de Formalités de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat qui dépend de votre région (CMA).
Immatriculation gratuite au répertoire des métiers (RM).
En qualité de ressortissant de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat (CMA), cotisation d’une taxe pour frais de Chambre de Métiers et de l'Artisanat (CMA).
Pour l'exercice de certaines activités artisanales, il faut justifier d'une qualification ou d'une expérience professionnelle correspondant à votre activité.
Si votre activité grandit et que vous ne remplissez plus les seuils d’éligibilité ci-dessus, il est préférable d’opter pour d’autres statuts offrant une meilleure couverture et une séparation distincte entre vous, artisan et l’entreprise que vous gérez. Celle-ci est notamment importante quand vous travaillez sur des chantiers qui impliquent une responsabilité plus élevée. Ce sont des régimes au “réel” qui permettent notamment la déduction des charges.
Deux cadres juridiques permettent de limiter les tâches administratives, mais le coût de la commission de service est élevé :
La Coopérative d’activité et d’emploi (CAE), accompagne les entrepreneurs dans le développement de leur activité avec des moyens mutualisés et en toute autonomie.
Statut d’entrepreneur salarié en CDI
Cadre collectif
Couverture sociale classique et cotisation (droit au chômage, protection sociale et retraite)
Contrepartie : contribution de 10% du chiffre d’affaires reversé à la CAE
Le portage salarial permet de développer une activité professionnelle indépendante en mettant en relation trois acteurs, le client, le porté qui effectue la mission, et la société de portage salarial. C’est un statut qui est utilisé notamment quand l’artisan d’art a un ou deux grands clients.
Statut d’entrepreneur salarié
Couverture sociale classique et cotisation (droit au chômage, protection sociale et retraite)
Evite la création d’entreprise
Commission importante : salaire net équivalent environ à 50% du montant facturé au client
L’EURL (Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) ou SARLU (Société à responsabilité limitée unipersonnelle) ont des cotisations limitées mais offrent une protection sociale faible qu’il faut idéalement compenser par une épargne personnelle.
Gérant non salarié de l’entreprise
Protection du patrimoine personnel
Coût de la protection sociale moins élevé qu’au régime général : 30%
🡪 Exemple 100€ HT facturés reste 70€ à l’entreprise
Cotisation au régime des indépendants : protection sociale faible
Rédaction des statuts complexe
Cotisations minimums à payer en l’absence de rémunération
La SASU (SAS Unipersonnelle) est le statut conseillé pour avoir le maximum de protection sociale. C’est le seul statut qui permet de garantir le salaire pendant une période d’interruption liée à une grossesse par exemple.
Président salarié
Protection sociale du régime général ++
Protection du patrimoine personnel
Le président ne cotise pas au droit au chômage
Formalités de création complexes
Coût des charges sociales salariales et patronales élevées : 65%
🡪Ex 100€ HT facturés reste 35€ à l’entreprise
L’EI (Entreprise Individuelle) n’est souvent pas recommandée car elle engage la responsabilité de l’entrepreneur sur ses biens personnels (hors résidence principale) même si cela évolue dans le bon sens.
Entrepreneur individuel
Indépendance de l’entrepreneur et facilité des démarches administratives
Engage la responsabilité : dettes sur les biens personnels
Protection sociale faible : Régime des travailleurs indépendants
Le cas particulier de La Maison des Artistes (organisme agréé par l’Etat pour les artistes-auteur) s’adresse à des artisans d’art qui produisent des œuvres artistiques '“à caractère uniques non reproductibles” en quantités annuelles limitées. C’est un statut intéressant à condition de respecter ce critère d’unicité des oeuvres.
Couverture sociale avantageuse
Déclaration du chiffre d’affaire auprès de l’URSAFF
Cotisation à hauteur de 16% du chiffre d’affaires
Accès aux aides à la création : appels à projets, résidence d’artistes, appels à candidature du 1% artistique
Dès que vous quittez le statut de la micro-entreprise ou des statuts de portage salarial, il faut tenir une comptabilité. Les coûts annuels commencent à partir de 1500€ par an pour les entreprises les plus petites avec peu de lignes comptables. En moyenne, dans les activités artisanales, les coûts oscillent entre 3000€ et 4000€ par an et dépendent du chiffre d’affaires réalisé.
Pour vous guider et répondre aux questions relatives au choix de statuts :
Il faut se méfier de la littérature trouvée sur internet car beaucoup d’informations sont contradictoires. Vous pouvez obtenir des réponses auprès des avocats, des cabinets d’expertises comptables et des CMA, Maison des Artistes…
Le collectif Impact Lawyers spécialisé dans les projets à impact sociétal positif met en place des permanences de 30 minutes pour répondre à vos questions.
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Quels sont les modèles économiques possibles pour un même savoir-faire ?
Aujourd’hui ce que nous voulons mettre en lumière c’est la variété des modèles économiques dans une entreprise d’artisanat d’art . Notre objectif est de montrer que le choix d’un modèle est très lié à ses moteurs personnels quelque soit le savoir-faire. Ensuite, il y a des bonnes pratiques à connaître, des questions à se poser pour s’assurer de la solidité de son positionnement. Même si chaque modèle est singulier et doit être singulier pour se différencier des autres, il y a des éléments qui méritent d’être mise en valeur.
Nous avons la chance d’avoir Flavie Paris et Aliénor Frolet qui sont bijoutières joaillières vont illustrer dans leur métier deux modèles différents.
Aliénor Frolet est bijoutière depuis 10 ans, elle a un atelier à Bordeaux et un atelier à Paris. Elle crée ses bijoux et aujourd’hui elle a choisi d’axer surtout son activité autour des cours.
Flavie Paris est joaillière. Même si elle a une activité de formatrice aussi, elle a choisi de développer sa marque dans la bijouterie haut-de-gamme.
Enfin, nous avons la chance d’avoir Edouard Eyglunent, co-fondateur de Wecandoo qui a rencontré énormément d’artisans et qui va pouvoir enrichir la discussion pour nous faire part des observations qu’il a faites à la rencontre de ces artisans.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Le modèle économique d’une entreprise se construit grâce à un ensemble de décisions stratégiques. Il repose sur des choix d’activités, de partenaires, et sur la façon dont elle apporte de la valeur aux clients. Il aide à se positionner sur le marché.
En phase de création, le business model canvas (BMC) est un outil qui permet de représenter le modèle économique d’une entreprise, pour engendrer des gains.
Le business plan est un outil qui explique la mise en œuvre opérationnelle et stratégique du business model, et détermine comment gagner de l’argent.
Avant de se lancer il faut définir le contexte dans lequel l’activité va être lancée (marché, tendances, contraintes...), et faire un état de la concurrence.
Il est nécessaire ensuite de répondre à plusieurs prérequis :
La VISION : Elle donne un cap sur le très long terme, et permet de se projeter sur la valeur que vous allez apporter aux autres.
La MISSION : Elle dit ce que vous faites et pourquoi vous le faites.
Les OBJECTIFS : Ils définissent de manière concrète les actions mises en œuvre. Ils doivent être réalisables et en lien avec sa passion et ses ambitions.
Ensuite le modèle est défini selon plusieurs éléments articulés et logiques :
Clientèle : Déterminer la cible
Offre : Définir ce qui différencie l’entreprise et représente la proposition de valeur
Canaux : Choisir les moyens de communication (agence, parution presse, réseaux sociaux) et la distribution pour toucher la clientèle (vente en direct, boutique internet, revendeurs, plateformes spécialisées)
Sources de revenus : Dresser la liste des rentrées d’argent générées par l’activité (la formation, les cadeaux d’entreprise…)
Ressources : Etablir les moyens humains (apprenti ou stagiaire) et matériels (investissement stock ou matières premières, équipement machines)
Relations clients : Définir le type de relation établi avec les clients (SAV, commande particulière, assistance personnelle...)
Les activités clés : Définir les activités indispensables au fonctionnement de l’entreprise (la logistique, la gestion d’un site web…)
Les partenaires clés : S’appuyer sur des alliés utiles à l’entreprise (stratégiques : fournisseurs, banques, agents et autres : clients, amis…)
Coûts : Evaluer l’ensemble des charges fixes (salaires, loyer) et variables (achats divers)
Comment les cours peuvent compléter le développement de l’entreprise :
Partager leur savoir-faire permet aujourd’hui d’assurer aux artisans qui en font le choix un revenu intéressant (estimé entre 20 et 40% du CA). Elle est un vecteur de communication autour de ses produits et lui permet de gagner en visibilité.
Les conditions sont les suivantes :
Savoir organiser son agenda
Avoir un local ou un atelier partagé
Posséder une responsabilité civile professionnel
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
Il faut être prêt à modifier son business modèle, en faisant évoluer son identité (Flavie)
Construire son réseau de clients prend environ 2 ans (Flavie)
Développer des relations de confiance avec ses clients est essentiel (Flavie)
S’adapter en proposant du sur-mesure et avoir plusieurs cordes à son arc (Flavie)
S’immerger dans une entreprise est fondamental pour parfaire la technique (Aliénor)
Prévoir environ un minimum de 10K€ pour démarrer une entreprise avec un statut d’entreprise (Flavie)
Les banques prêtent à des entreprises, pas à des micro-entreprises (Flavie)
S’informer et respecter la législation en vigueur dans son secteur (Aliénor et Flavie)
Se repositionner vers le haut peut amener une clientèle ciblée (Flavie)
C’est souvent la bonne lisibilité de l’offre sur un marché qui fait qu’une entreprise va bien tourner (Edouard)
Le créneau des cadeaux d’entreprise crée de la récurrence de revenus (Edouard)
A écouter sur le podcast VOIES
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Quelles sont les stratégies pour vendre au prix juste ?
Aujourd’hui nous souhaitons vous aider à déterminer votre prix de vente, en tenant compte de vos réseaux de distribution, du coût de revient en-deça duquel l’entreprise n’est pas viable et du marché dans lequel vous évoluez. Vendre au bon prix est au coeur de la stratégie de votre entreprise.
Cet exercice de synthèse a été réalisé à la suite du LIVE dédié à ce sujet où sont intervenues deux artisanes qui ont revu leurs stratégies de prix en s’apercevant que leur entreprise n’était pas rentable et Christine Dubuisson qui les a accompagnées :
Yaël Malignac a créé avec son compagnon Guillaume Descoings Atelier Passage Secret. Ils conçoivent des créations en porcelaine et des objets uniques destinés à des projets inédits d’architecture.
Estelle Matczac explore l’acier et crée des sculptures murales en acier patiné pour des projets destinés aux hotels et restaurants notamment. Elle travaille également en collaboration avec l’artisan ébéniste Romuald Fleury sous la marque Studio Pluriel, Design et Poésie.
Christine Dubuisson co-fondatrice d’AMEADE est consultante et formatrice, spécialisée dans l’accompagnement au développement commercial des professionnels métiers d’art depuis 30 ans et depuis près de 15 ans a développé une expertise et des outils pour aider les créateurs à vendre au juste prix. Vous pouvez retrouver sa formation “Vendre au juste prix” en cliquant sur ce lien.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Avant de fixer son prix de vente, il faut commencer par calculer le taux horaire et le coût de revient de son produit. Il faut ensuite estimer sa marge en fonction du canal de distribution choisi.
Les méthodes de calculs et la fixation du prix sont fondamentaux. Voici en 3 étapes les formules clés :
1 - Calculer le taux horaire de l’entreprise (assure la viabilité de l’entreprise)
Exemple fictif à adapter en fonction de son entreprise et ses besoins :
Taux horaire (A) = Total du plan de charges fixes et variables annuelles (B) / Nombre d’heures annuelles dédiées à la production (C)
(B) = 53 400€ dans notre exemple
(C) = 1080 heures annuelles dédiées à la production (100 heures par mois environ en retirant le temps de vacances)
(A) = (B) / (C) = 53 400€ / 1080€ = 49€
2 - Calculer le coût de revient de la pièce produite (prix plancher en dessous duquel l’entreprise ne gagne pas d’argent)
Coût de revient (D) = Coût des Matières utilisées pour la fabrication du produit (E) (ces matériaux ne font pas partie des charges dans le plan de charges) + (Taux horaire (A) x temps de production du projet (F))
Exemple :
(E) Coût de matière = 20€
(A) Taux horaire = 49€
(F) 2 heures de production
(D) = (E) + (A X F) = 20 + (49 X 2) = 118 €
Cela signifie qu’il faut vendre au minimum 38 pièces (B/D) dans le mois pour couvrir le plan de charge mensuel (B).
C’est important d’estimer correctement le temps de fabrication. Pour cela, on dégage une valeur par analogie avec un projet identique déjà réalisé, ou bien, s’il s’agit d’un projet unique, il faut savoir se fier à son expérience.
Le perfectionnement de son geste et de sa technique va permettre de faire baisser le temps de fabrication et d’accroitre mécaniquement sa marge.
3 – Fixer son prix de vente avec la bonne marge
Le prix de sortie atelier (H)
Il s’agit du prix de revient qui inclut le taux de marge de manœuvre de l’entreprise (G). Il sert à financer ses investissements, et peut servir de facteur d’ajustement par rapport au marché. La marge peut être différente selon les catégories de produits et ajustable selon le type d’activité.
Exemple :
(G) Marge de manœuvre = 20%
(D) Coût de revient = 118€
(H) = (D) X (G) = 118 X 1,2 = 142€
Le prix de revente aux professionnels (I)
Il s’agit du prix de sortie atelier hors taxe auquel on ajoute la marge, coefficient multiplicateur ou commission (J). La marge dépend du type de revendeur :
Le revendeur classique, en moyenne entre x 2,5 et 3 à Paris, et entre x 2,2 et 2,5 en province (avec achat du stock)
L’agent ou prescripteur, variable en moyenne entre 7% et 30% selon la dimension du projet (plus le projet est important, plus la marge diminue)
La galerie, en moyenne x 2 (elles ne sont redevables de la TVA que sur la part de votre marge)
Dépôts vente et boutiques associatives entre 30 et 50% du prix public TTC
Exemple :
(J) Coefficient revendeur = 2
(H) Prix de sortie atelier hors taxe = 142€
(I) = (H) X (J) = 142 X 2 + TVA 20% = 340€
La règle d’or : Le client doit toujours acheter au même prix quel que soit le réseau.
Pour vendre au bon prix :
Des catégories de produits peuvent être allouées à certains réseaux, le grand public peut, par exemple, au lancement d’un produit, servir de test marché.
Les prix du marché sont aussi de bons indicateurs, c’est indispensable de “benchmarker”.
La valeur perçue est parfois subjective et relève du rapport émotion client qui peut aussi faire la valeur d’une pièce.
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
Nous avons deux réseaux de distribution : un professionnel à qui l’on vend des grands projets et des pièces uniques avec des savoir-faire poussés, et le grand public à qui l’on présente des pièces diverses et des objets de décoration. (Yaël)
Les matières premières non achetées ou chinées doivent être valorisées, car si un jour vous devez les acheter, votre coût de revient augmentera de facto. (Christine)
Avant de se rémunérer le temps d’attente est en moyenne de 2 à 3 ans. (Christine)
Les produits vaches à lait qui désignent les produits à forte part de marché contribuent aux bénéfices de l’entreprise et peuvent avoir une marge plus importante. (Christine)
J’inclus toujours mon temps de recherche et développement du projet dans le devis client. (Estelle)
Le désir de création étant plus fort, il est parfois difficile de penser à la stratégie et de créer des pièces à forte marge. (Yaël)
100 jours sur l’année sont dédiés à ma production. (Estelle)
Mon taux horaire est compris entre 40 et 60€. (Estelle)
Dans le cadre des collaborations, celui qui apporte le projet facture le client. (Estelle)
Si j’ai sous-évalué un devis, je ne le modifie jamais par égard pour le client. (Estelle)
Pour revoir ou écouter le replay
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Comment protéger ses créations dans l’artisanat d’art ?
Le live d’aujourd’hui aborde la thématique de la propriété intellectuelle. Le sujet est particulièrement intéressant dans un secteur où la création est intimement liée à la personne créatrice. Connaître les droits apportés par la protection juridique permet de juger si c’est nécessaire d’y avoir recours.
Nous avons recueilli les témoignages de deux artisanes qui ont été copiées sans avoir recours à des procédures. Une avocate spécialisée nous apporte son expertise dans la protection des marques :
Julie Said, est co-fondatrice et créatrice des accessoires de mariées Lizeron. Elle conçoit avec sa cousine Sidonie des pièces entièrement réalisées à la main en porcelaine froide, poudre de nacre et laiton écroui.
Alice Hubert est ciseleuse et créatrice de sa marque de bijoux éponyme. Ces pièces fortes et décalées conjuguent des savoir-faire et techniques très variés en métal et émaux.
Catherine Huynh est avocate spécialisée dans le droit de la propriété intellectuelle. Elle accompagne les entreprises dans le conseil en protection de la création et de l’innovation. Les adhérents Artisans d’Avenir bénéficient de 20 min de consultation gratuite par an, ainsi qu’un tarif préférentiel pour toute assistance juridique.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
La propriété intellectuelle consiste à protéger les innovations, inventions et créations. Voici les 5 dispositifs qui permettent leur exploitation exclusive.
Les 5 dispositifs fondamentaux de protection :
1 - Droit des marques
Enjeux : Il s’agit de garantir le monopole d’utilisation d’un nom, d’un logo, ou de tout signe distinctif apte à identifier l’origine commerciale d’un produit ou d’un service en rapport avec l’activité. Il doit différencier la création de la concurrence et doit apporter un gage de qualité au public.
Le marque, et le logo peuvent être enregistrés de manière indépendante ou ensemble.
Un nom de collection ou de gamme peut aussi être protégé par le droit de marque, si elle représente un intérêt économique ou d’image pour l’entreprise.
Le droit de marque permet d’agir et de se prévaloir (du droit de marque) à l’encontre de tiers et s’opposer à l’utilisation des mêmes produits ou services en date postérieure au dépôt.
Il permet également de faire usage de la marque dans le cadre de licences accordées à des tiers.
Validité : 10 ans renouvelable à l’infini, exploitable sur le territoire français.
Etapes clés : L’INPI examine le dépôt et sous condition d’approbation procède à l’enregistrement du dossier et envoie un certificat.
Coût : en fonction du nombre de classes de produits et de services désignés, et 190€ pour un dépôt de marque pour une classe de produits et services.
La démarche de recherche de disponibilité ou d’antériorité de marque est non obligatoire mais recommandée auprès de l’INPI. Elle permet avant le dépôt de recenser toutes les marques enregistrées sur les classes de produits ciblés.
2 - Droit des dessins et modèles
Enjeux : Ils se rapportent à la création relative à l’apparence du produit qui soit nouveau et ait un caractère propre.
Ils sont destinés au secteur mode et bijouterie qui a vocation à renouveler de manière régulière la forme, le design ou l’esthétique d’un produit.
Ils peuvent être déposés pour un modèle unique ou plusieurs.
Ils permettent d’obtenir comme pour le droit de marque une exclusivité d’utilisation et une certification d’enregistrement.
Le dépôt de dessins et de modèles simplifiés est spécifique à la France.
Il permet de déposer jusqu’à 100 publications protégées, publiées et enregistrées. Les droits débutent au jour du dépôt conservé secret, jusqu’à la date de publication .
Contrairement au droit de marque, il offre une protection sur tous les produits ou services.
Par exemple, pour une ornementation, le créateur peut choisir de déposer une partie du motif ou une constitution de différents ensembles, cela dépend de l’exploitation des dessins et de la complexité du modèle.
Validité : 5 ans renouvelable tous les 5 ans, jusqu’à 25 ans.
Etapes clés : L’INPI examine le dépôt et sous condition d’approbation procède à l’enregistrement du dossier et envoie un certificat.
Coût : en fonction du nombre de dessins et modèles et selon la date de publication souhaitée. 39€ le dépôt (jusqu’à 100 pages) - 47€ la publication couleur - 23€ la publication noir et blanc.
3 - Droit d’auteur
Enjeux : Il protège les œuvres originales contre une exploitation abusive.
Validité : depuis la création jusqu’à 70 ans après le décès de l’auteur.
Coût : Honoraires d’un accompagnement professionnel.
Formalités : Aucune, la création est donc protégée à partir du jour ou l’œuvre est réalisée
Contrainte : En France pas de certificat de droits d’auteur, l’œuvre doit être empreinte de la personnalité et l’auteur doit pouvoir apporter la preuve de la date de la création de l’œuvre, grâce à un dépôt de création auprès d’un notaire, huissier de justice ou bien grâce à l’Enveloppe Soleau.
Ces trois droits peuvent être cumulés sous réserve que les conditions de validité de chacune soit bien respectée.
4 - L’enveloppe SOLEAU
Déposée en ligne sur l’INPI ou en version papier, elle permet de constituer une preuve de création d’idées, ou des projets en cours. Il peut s’agir du dépôt d’une pièce originale unique ou d’une gamme complète.
Toutes les preuves doivent être datés.
Elle est la solution la moins onéreuse, car elle coûte 15€ l’unité. Elle protège la création pendant 5 ans, renouvelable une fois.
5 - Autres
Enveloppe avec Accusé de Réception à soi-même (gestion administrative importante)
Blockchain avec horodatage de la création
Bien conserver ses parutions presse, et les numériser (couverture et article avec date de parution pour prouver l’antériorité d’une création), permet d’apporter une protection sur une pièce précise mais ne protège pas une gamme complète.
Pour les parutions Facebook et Instagram, il est recommandé de conserver les posts avec la date de diffusion et de ne pas les supprimer sur les réseaux.
Risques encourus par le contrefacteur
En cas de contrefaçon sciemment ou non intentionnelle, la bonne foi étant indifférente, la personne devient contrefacteur. Cela peut engager sa responsabilité civile en entraînant un préjudice moral, une mise en demeure, des dommages et intérêts au regard du chiffre d’affaires, une destruction des biens et une publication du jugement obtenu auprès du tribunal.
Les bénéfices
La protection individuelle offre une garantie d’exclusivité de ses modèles ainsi qu’une certification pendant une période donnée. C’est aussi l’opportunité de :
Créer de la valeur
Valoriser ses créations
Stimuler créativité et innovation
Accroitre sa crédibilité
Se développer sur d’autres marchés
Source INPI
POUR ALLER PLUS LOIN
L’action en contrefaçon est une procédure qui se passe devant le tribunal de grande instance et peut durer plusieurs années; il faut donc avoir un avocat. Néanmoins, le chef d’entreprise peut bénéficier de la procédure d’opposition, une action allégée devant l’Inpi, qui juge le litige à moindre frais et décidera de l’enregistrement de la demande de marque attaquée.
Source Le monde des artisans 25/05/2018
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
De toute façon les créateurs sont copiés à un moment donné, donc je me suis attachée à cette idée et j’ai créé d’autres choses, mais j’ai souffert de ne pas agir car il s’agissait de ma pièce phare. (Alice)
La copie a eu un impact direct sur nos ventes. (Julie)
Nous utilisons toute notre énergie pour redoubler d’efforts. Dès qu’on une idée on y va à fond cela nous permet de garder une longueur d’avance. (Julie)
La copie nous pousse à trouver d’autre matières et d’autres finitions. (Julie)
Pour le droit des marques, l’investissement est intéressant car les coûts vont être lissés sur toute la durée des 10 ans que va durer la protection. (Catherine)
Je préconise d’être accompagné par un professionnel qui sera à même de vous conseiller sur un projet qui pourra évoluer au fil du temps. (Catherine)
Il faut bien se renseigner sur l’existence des marques existantes auprès de l’INPI avant un dépôt sous peine de devenir soi-même contrefacteur. (Catherine)
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Comment se former tout au long de sa vie d’artisan d’art ?
L’apprentissage et le perfectionnement du savoir-faire, la connaissance de nouvelles techniques, la recherche d’innovation dans les matériaux choisis ou dans l’entremêlement des savoir-faire sont des sujets qui touchent au cœur du métier des artisans d’art.
Aujourd’hui, nous avons la chance d’avoir le témoignage de deux artisans d’art qui ont eu chacun un parcours très singulier, et nous recueillons l’expertise d’une professionnelle du GRETA CDMA, l’organisme de formation de l’Education Nationale spécialisé dans les métiers d’art et la formation continue :
Karl Mazlo est artiste joaillier. Il est né d’un père joaillier qui lui a transmis à la fois une grande exigence des techniques et un amour pour l’art qui l’a invité à repousser les limites de son savoir-faire. Ancien diplômé de l’école Boulle “art du bijou et du joyau”, résident de la Villa artistique Kujoyama au Japon et des Ateliers de Paris, il continue à développer des collaborations pour continuer son exploration. Avec Karl, nous parlerons parcours initiatique et financement de la recherche.
Sabine Pedrero, tapissière et décoratrice, reconvertie vers ce métier après une première vie professionnelle d’entrepreneuse. Sabine, formée à l’Ecole de La Bonne Graine et à l’école Boulle, c’est aussi au contact d’autres artisans qu’elle approfondit son savoir-faire. Avec Sabine, férue d’apprentissage et de découverte, nous parlerons formation en deuxième partie de vie professionnelle.
Adelaide Belmonte, responsable du développement commercial au Greta des métiers d’art et de la création enrichira cette discussion par ses connaissances dans les dispositifs de formation et de son financement tout au long de sa vie.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Les formations pour apprendre et se perfectionner dans les métiers d’art :
Lorsqu’on choisit d’être artisan d’art, en phase d’orientation ou de reconversion, il faut définir son plan de formation, le budget personnel qui peut être alloué et connaître les dispositifs de financement.
Les formations diplômantes les plus courantes pour les adultes sont le CAP, qui permet L’apprentissage des techniques de base d’un métier d’art. Cette formation initiale de 2 ans a été raccourcie à 1 an pour les adultes.
La formation par un CAP permet d’acquérir les techniques de base. Elle est toutefois insuffisante si elle n’est pas accompagnée par beaucoup de pratique. Il peut être réalisé en apprentissage (16-30 ans) au même titre que le Brevet des Métiers d’Art (BMA) qui dure 2 ans et permet de se spécialiser selon l’option choisie.
Cette formation peut être complétée par un DMA (Diplôme des Métiers d’Art, aujourd’hui appelé Bachelor) plus axé sur la création qui dure 2 ans.
Le DN MADE (Diplôme National des Métiers d’Art et du Design) proposé dans le cadre de la formation initiale, de l’apprentissage ou de la formation professionnelle se déroule en 3 ans et vise à renforcer ses compétences professionnelles dans les différents métiers d’art et du design.
Des formations continues diplômantes et certifiantes tels que des MBA avec spécialité permettent de monter en compétence.
D’autres certifications permettent de valider des acquis comme les Validations des Acquis de l’Expérience (V.A.E) ou encore des formations de perfectionnement non diplômantes professionnalisantes qui permettent d’acquérir une technique spécifique.
Les résidences partagées avec d’autres artistes en France comme à l’international sont un véritable carrefour d’échanges qui permettent d’élargir les champs de compétences. Le partage d’expérience avec ses pairs est essentiel car il permet de se confronter à de nouvelles pratiques.
Les dispositifs d’aides financières à la formation pour les adultes :
Pour financer une formation ou pour se perfectionner, il est possible de bénéficier d’aides différentes en fonction de chaque situation professionnelle : demandeur d’emploi, salarié, indépendant, intermittent, fonctionnaire, et selon la formation demandée : certifiante ou diplômante, et non certifiante.
Le CPF (ex DIF) permet de cumuler 500 € par an valable sur formations diplômantes ou certifiantes.
Les OPCO sont des opérateurs de compétences chargés d’accompagner la formation professionnelle. Ils ont pour mission de financer l’apprentissage et d’accompagner les PME pour définir leurs besoins en formation.
Pour savoir à quel OPCO appartient votre branche, connectez-vous sur Opérateurs de compétences - OPCO (travail-emploi.gouv.fr)
Pour être éligible, un dossier doit être motivé par le savoir-être et la curiosité du candidat qui aura au préalable réalisé une enquête métier sur son secteur.
Il est recommandé de bien planifier sa demande de financement à l’avance car les délais de réponse sont plus ou moins longs: OPCO entre 3 et 4 mois, Pôle Emploi 1 mois, et la Région 3 mois
1-Pour les demandeurs d’emploi
CPF avec possibilité de complément Pôle Emploi – RDV sur la plateforme www.moncompteformation.gouv
AIRE-2 Aide Individuelle Régionale valable sur les formations diplômantes ou certifiantes
Contrat de professionnalisation
Contrat d’apprentissage
AIF Aide Individuelle de formation
POEI Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle
Formations conventionnées par la Région IDF
L’auto-financement partiel ou total
2-Pour les salariés
CPF TP Compte personnel de formation de Transition Professionnelle
Transitions collectives dans le cadre du Plan de Relance
Plan de développement des compétences à l’initiative de l’employeur
Reconversion ou promotion par Alternance
FNE Formation rebond dans le cadre du plan de relance
L’auto-financement partiel ou total
Pour les salariés en cours de licenciement économique : Plan de sauvegarde de l’emploi PSE, Congé de reclassement, Contrat de sécurisation professionnelle (CSP) et auto financement.
3-Pour les intermittents
CPF et CPF TP Compte personnel de formation de Transition Professionnelle
Plan de développement des compétences (Stage conventionné par AFDAS)
Auto-financement partiel ou total
4-Pour les indépendants
La prise en charge peut être effectuée par leur cotisation au Fonds d’Assurance Formation (FAFCEA pour les artisans, et chefs d’entreprise inscrits au Répertoire des Métiers et auto-entrepreneur artisan non inscrit au Répertoire des Métiers)
CPF et CPF TP Compte personnel de formation de Transition Professionnelle
Plan de développement des compétences (Stage conventionné par AFDAS)
PROA
Contrats en alternance
5-Pour les fonctionnaires
Disposer de droits suffisants pour accéder à une formation (25 heures acquises par an dans la limite d’un plafond total de 150 heures)
POUR ALLER PLUS LOIN
Toutes les informations concernant les démarches, modalités et interlocuteurs sont à retrouver sur le lien du GRETA : Financez votre formation - GRETA CDMA
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
Je me suis formé à l’art du bijou et du joyau, avec un CAP qui m’a permis d’acquérir de la pratique, puis j’ai souhaité améliorer ma technique avec des cours du soir à l’école Boulle, complété par une formation en sertissage. J’ai peaufiné ma technique et mon savoir-faire grâce à des stages qui m’ont permis d’être embauché, puis après 7 ans je me suis lancé. (Karl)
Je souhaitais travailler l’échange avec les différents métiers d’art, et aller à la rencontre de savoir-faire traditionnels avec d’autres métiers. Ma candidature pour être résident à la Villa Kujoyama au Japon a été retenue. J’ai découvert de nouvelles matières comme l’étain et des techniques comme la coloration du métal, et le millefeuille d’alliages. (Karl)
3 mois par an sont consacrés à mes recherche composées de lectures, dessins, voyages, expositions. Ce temps est financé par mon travail et aussi grâce à un financement obtenu de la la Fondation de la Banque Populaire sur 3 ans. C’est un formidable accélérateur de projets ! (Karl)
La première année, j’ai fait des stages chez des tapissiers sans être rémunérée. Je me suis assise à côté d’eux, c’est comme cela que j’ai j’ai appris, ça vaut de l’or! (Sabine)
Je n’ai jamais refusé aucune commande. Dès la première, j’ai trouvé l’artisan qui détenait le savoir-faire que je n’avais pas, je lui ai apporté l’affaire et me suis assise à ses côtés pour apprendre. Maintenant je me forme sur des aspects plus spécifiques comme la communication, le digital avec des organismes de formation. (Sabine)
Le métier de tapissière est un métier physique qui nécessite une bonne posture, et de bons gestes appris à l’école et complété par la pratique du Yoga ! (Sabine)
Tout ce que j’ai gagné a été réinvesti dans le matériel et les formations, et dans mon local que j’ai transformé en bel espace de réception, c’était mon choix de départ. (Sabine)
Après trois ans j’ai commencé à gagner ma vie. (Sabine)
Les clients qui vous choisissent vous ressemblent et adhèrent à votre style. (Sabine)
A Paris, et en région parisienne il y a forte une concentration des formations liées aux métiers d’art. (Adélaïde)
La demande est en réelle augmentation chaque année, surtout pour les adultes. Il y a plus de demandes que de personnes formées. (Adélaïde)
Les formations qui ont le plus de succès concernent les métiers d’ébénisterie, la bijouterie, tapisserie d’ameublement, broderie. (Adélaïde)
Beaucoup de personnes s’auto-financent et s’engagent donc sur un projet de vie et ce sont souvent ces dernières qui sont le plus motivées car elles n’ont pas le droit à erreur, et elles réussissent à bien évaluer leur investissement. (Adélaïde)
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Comment se développer à l’international ?
Les savoir-faire s’exportent ! Quels types de projets ? à quoi faut-il être vigilent ? et comment faire ?
Aujourd’hui, nous allons parler développement international. Cela représente une opportunité de business pour les métiers d’art, qui nécessite avant tout d’évaluer son potentiel à l’export puis de mettre en place une stratégie afin de réussir ce grand virage.
Aujourd’hui, deux artisans d’art nous livrent leur expérience dans le secteur de la décoration d’intérieur. Cette conversation sera enrichie de l’expertise et des conseils avisés d’une professionnelle de l’export spécialisée dans les métiers d’art.
Steaven Richard, ferronnier créateur, à la tête d’un atelier de 10 personnes a développé des techniques innovantes qui permettent au métal de prendre des aspects de bois, de végétaux ou de coraux. Aujourd’hui 50% de son chiffre d’affaires est réalisé à l’export. Pour lui, le fait de se développer à l’international doit faire partie d’une stratégie d’ensemble.
Fabienne Fabre, spécialiste de l’art mural réalise ses œuvres artistiques monumentales sur toile peinte. C’est en exposant au salon Maison & Objet en 2011 qu’elle a commencé à développer des relations avec des prescripteurs étrangers. Aujourd’hui, la majorité de son chiffre d’affaires est réalisé avec l’international.
Dominique Andreani est spécialisée dans le développement commercial à l’export depuis plus de 25 ans. Ella a créé le cabinet International Development en 2005 pour accompagner plus spécifiquement les entreprises métiers d’art vers des nouveaux marchés. Avec Dominique, nous nous interrogerons sur ses observations quant aux stratégies de développement à l’international des artisans d’art.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Le savoir-faire français offre à l’étranger par sa notoriété une valeur ajoutée non négligeable. Elle n’est toutefois pas suffisante. Une préparation adaptée est aussi nécessaire avant de se lancer.
Les étapes clés avant de se lancer à l’international :
Définir son projet afin de s’assurer de son potentiel à l’export
Choisir son marché sur une zone géographique déterminée
Faire le point sur les financements disponibles (cf. Les bons plans ci-dessous)
Commencer sa prospection avec la participation à des salons ou des missions par exemple
Définir sa stratégie de communication export (outils, tarifs, plaquettes, échantillons…)
Maîtriser l’opérationnel (logistique et transport), le juridique et le réglementaire
Assurer un suivi efficace
L’international représente tout à la fois des opportunités de business, de nouvelles cibles, et permet de stimuler la créativité en misant sur l’innovation. Il est nécessaire d’être suffisamment calibré pour un secteur de niche fait de projets souvent exceptionnels et surdimensionnés. Il faut valider certains prérequis :
Miser sur l’innovation avec des produits à forte valeur ajoutée (la singularité de son offre doit être visible)
Savoir s’intégrer sur un projet global soit créatif, clé en main, et sur mesure
Se former sur des marchés spécifiques en tenant compte des différences culturelles avec des solutions d’accompagnement clé en main proposées par la CCI IDF, CEGOS, ou FORMATEX.
Savoir adapter sa spécificité avec le bon produit pour le bon marché
Être persévérant, et pouvoir supporter financièrement (des projets à long terme par exemple)
Privilégier l’Union Européenne pour sa proximité et rencontrer des prescripteurs étrangers présents sur ce marché (les grands cabinets de décoration sont principalement situés à Londres et au Bénélux et rayonnent sur les zones Moyen Orient, USA, et Asie)
Quelques autres conseils très utiles délivrés par la BPI France :
Placer le digital au cœur de sa stratégie internationale.
Miser sur l’e-export pour faire ses premiers pas à l’international.
S’appuyer sur son réseau pour grandir à l’international
Les acteurs clés pour accompagner l’internationalisation :
Un réseau d’acteurs publiques et privés proposent des dispositifs d’accompagnement des projets :
Business France : l'internationalisation de la France - Business France ,
Team France Export - Accompagner les entreprises françaises à l'international (teamfrance-export.fr)
CMA qui propose des missions
Les agents spécialisés :
Comment trouver un agent pour l’export :
Créer des opportunité via des organismes et participer à des missions (CMA)
Se fier au bouche à oreille et à son réseau
LES BONS PLANS
Plusieurs dispositifs de relance à l’export des TPE et PME sont proposés pour aider à l’internationalisation , et bénéficier de prestations, tels que le Plan de Relance Export, le Chèque Relance Export et le Chèque Relance V.I.E.
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
C’est à l’occasion d’une mission organisée par la CMA IDF que j’ai commencé à me faire une culture de l’export en participant à un salon au Moyen-Orient. (Steaven)
J’ai compris après une première expérience de salon décevante, qu’il fallait que je m’appuie davantage sur un réseau d’agents. (Steaven)
J’ai fonctionné par opportunités concernant le choix des zones géographiques cibles. L’expérience a démontré qu’il est plus opportun de choisir une zone proche (Union Européenne) pour la langue et la culture. (Steaven)
Les missions de groupe de la CMA ont l’avantage de pouvoir sortir de son quotidien et surtout d’enrichir ma culture d’entrepreneur. (Steaven)
Lorsque j’ai commencé à exporter, mon entreprise était déjà structurée et mature et je savais déjà comment répondre à une grosse commande, ou à des réponses à devis. (Steaven)
J’ai fait le Salon Maison & Objet à Paris et j’ai eu 75% d’intérêt provenant de client étrangers, du coup je me suis naturellement tournée vers le développement export. (Fabienne)
Pour un marché étranger, dans le cas d’un chantier pour une entreprise française comme Louis Vuitton, ce dernier est le prescripteur et ce sont les designers et architectes locaux qui me contactent et qui me rémunèrent. (Fabienne)
Il est important d’avoir un produit innovant qui permette de se démarquer de la concurrence étrangère. (Fabienne)
Les salons offrent de nombreuses opportunités dans un temps très court, et permettent d’entretenir les liens avec ses clients. (Fabienne)
Les clients ne sont jamais acquis, il faut toujours travailler son portefeuille. (Fabienne)
Il n’y a pas véritablement de règle, certaines entreprises des métiers d’art de très petite taille peuvent réaliser une grosse partie de leur chiffre d’affaires à l’export alors qu’ils ne sont pas véritablement structurés. (Dominique)
La présence des italiens est forte à l’international, ils se démarquent particulièrement par leurs compétences en marketing et packaging produit. (Dominique)
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Se retrouver, inspirer des échanges et trinquer !
Ces retrouvailles après plus d’un an sans pouvoir organiser d’événements ont été pour nous une grand joie ! Nous avons mesuré l’importance de nous voir pour mieux nous connaître. Merci aux curieux qui sont venus sans nous connaître vraiment, merci aux habitués qui n’ont pas failli à cette bonne habitude et merci à ceux que nous avons connus dans cette période tourmentée qui sont venus trinquer !
Certains d’entre vous ont participé aux tables rondes. L’objectif était de soulever des questions, apporter quelques réponses et favoriser les échanges pour que l’expérience des uns éclaire celle des autres.
Retour sur les tables rondes du 6 juillet 2021
Une chose qui vous a beaucoup aidé voire changé la vie ?
Les lieux de formation, d'échange et d'accompagnement pour un artisan : des Ateliers de Paris, en passant par les résidences d'artistes, des écoles de formation ou encore Artisans d'Avenir, plusieurs artisans ont remonté l'importance d'être intégré dans un collectif pour développer son projet, trouver du soutien, voire même construire des amitiés qui durent !
Le collectif, le retour des pairs : être entouré d'autres artisans d'art de son secteur pour pouvoir échanger avec eux, pour recevoir des conseils, des retours, de la motivation. Se servir du collectif pour trouver des réponses, mais aussi rompre la solitude de l'entrepreneur et de l'atelier !
Le cercle proche : que ce soit la famille ou les amis, l'aventure entrepreneuriale suggère de s'entourer des bonnes personnes, positives, prêtes à nous aider dans notre cheminement. Elles sont là pour guider, encourager. A l'inverse, il faut éviter toutes les pensées négatives non constructives qui terniraient son envie et son ambition.
L'importance du voyage, de la culture et de l'ouverture d'esprit : que ce soit en France, ou à l'étranger, les voyages permettent une ouverture d'esprit sur d'autres univers, sur des façons de faire ou de vivre, qui inspirent et déclenchent des forces motrices pour son projet.
Enfin, l'importance de la confiance en soi, la foi en ses capacités et ses rêves : osez, foncez, lâchez prise! Il faut s'autoriser à tenter l'aventure, s'autoriser le droit à l'erreur, et profiter du temps que la vie nous offre pour oser et y aller à fond ! L'expérience ne peut qu'être belle si on croit en ce que l'on fait, quelque soit l'issue.
De quoi rêvez-vous pour votre métier aujourd’hui ?
Du rêve lointain aux désirs très spécifiques, ces réflexions montrent l’importance qu’accordent les artisans d’art à se développer avec les autres :
Un réseau de confiance, avec qui échanger des bonnes pratiques, faire partie d’une communauté de qualité autour de valeurs communes,
Un agent pour la partie commerciale et le déploiement des réalisations à travers des galeries aussi par exemple,
La facilité d’accès à d’autres disciplines, savoir-faire, intelligence pour créer son métier sur-mesure, de manière singulière,
Mettre en place un studio de création dédié aux marques de luxe.
La démarche des artisans d’art est réfléchie et construite autour de valeurs fortes :
Une démarche sociale et écologique ancrée dans son travail. Dès le choix des matériaux jusqu’à la finalisation de la pièce,
Une vision claire en étant aligné et cohérent dans son travail,
Réaliser de très belles œuvres pour quelles puissent embellir notre quotidien
Enfin, je rêve de changer l’image que certains savoir-faire peuvent avoir…
Qu’aimeriez-vous savoir qu’on ne vous a jamais dit ?
Aucun artisan d’art n’a eu de questionnement qui touche au savoir-faire, en revanche tous ont abordé les problématiques de gestion d’entreprise et de développement produit :
Développement commercial : Comment booster son activité, élargir sa clientèle, savoir aborder la question du prix, comment se former aux nouvelles méthodes digitales…
Organisation : Où chercher les informations et comment les classer (incubateurs, formations, financements…) ? La notion du bon timing a été aussi abordée : quand se lancer ou lancer une collection même si l'offre n'est pas totalement parfaite ? A quel rythme faut-il se renouveler ?
Produit : Comment renouveler ses gammes, quelle profondeur de collection, et quelle cohérence est attendue ?
D’autres interrogations relèvent aussi d'un sentiment de solitude et d'isolement dont ils n’avaient pas totalement conscience…
Comment imaginez-vous votre activité dans 5 ans ?
Se projeter dans 5 ans a suscité beaucoup de questionnements et rejoint dans une certaine mesure la question “De quoi rêvez-vous pour votre métier ?” !
Avoir un business modèle idéal : posséder un portefeuille de clients identifiés, avoir une offre produit diversifiée et équilibrée, un bon positionnement prix / produit, avoir identifié ses canaux de distribution, avoir un portefeuille de commandes régulier, avoir des ressources pour investir dans du matériel, de l’équipement, des moyens humains (apprenti, et équipe support : commercial, fabrication, gestion)
Posséder un équilibre de vie : Equilibrer vie professionnelle et vie personnelle, imaginer un « Tiers lieu » protéiforme, se concentrer sur sa valeur ajoutée (Création, fabrication)
Se développer : à l’international, innover et développer son offre, initier des collaborations transverses avec d’autres artisans, continuer à se former…
On se revoit bientôt ?
Bienvenue sur le réseau en adhérant ICI pour 49€/ an et bénéficiez notamment :
D’un réseau à l’écoute de vos problématiques
D’une permanence mensuelle gratuite pour vous apporter des solutions
Des tarifs préférentiels auprès de nos partenaires
Des nouvelles rencontres…
Ré-emploi et sur-cyclage : savoir se fournir
Nous sommes très heureux d’aborder un thème qui fait de plus en plus de bruit et qui est très pertinent pour un artisan d’art : comment le réemploi et / ou le sur-cyclage peuvent être utilisés avec un savoir-faire artisanal. Le sujet étant tellement vaste, que nous avons choisi de traiter le sujet selon deux axes. Le premier que nous abordons aujourd’hui, autour des sources d’approvisionnement et nous aborderons le prochain le 6 octobre autour du process de création et de fabrication.
Christine Noyer Virginie Ducatillon Louise Dagorne
Nous accueillons :
Virginie Ducatillon, après avoir passé une dizaine d’années à travailler au sein des plus grandes marques de maroquinerie (Hermes, Chanel, Céline) a pris conscience du rôle que pouvaient prendre les surplus dormants des maisons de luxe. En créant adapta, elle repense la valorisation des matières les plus nobles. Elle déniche pour les créateurs une sélection de peaux de haute qualité dont elle peut assurer la traçabilité. Avec elle, nous allons donc parler notamment de traçabilité.
Christine Noyer, en fondant La Tisserie Parisienne, souhaite donner une seconde vie aux textiles de seconde main en les valorisant par le tissage artisanal, destiné aux professionnels de la mode et de la décoration, auprès de qui elle source ses matières premières.
Louise Dagorne confectionne des bijoux uniques en offrant une seconde vie à des perles et pierres antiques chinées dans les brocantes.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
L’upcycling ou surcyclage signifie littéralement recycler par le haut, et désigne le processus de revalorisation d’un matériau par le biais de techniques de réassemblage. Il ne nécessite pas de transformer la matière comme le recyclage.
Les enjeux de l’upcycling répondent à des arguments écologiques forts : l’upcycling permet de lutter contre le gaspillage, il est un moyen de réguler la production en évitant la surproduction, et il valorise l’économie circulaire en s’appuyant sur des ressources existantes.
Il met aussi en lien les différents acteurs d’une filière et permet aux petites entreprises avec un budget limité de commander sans minimum de quantité.
L’upcycling est une pratique durable qui va transformer le secteur, même si elle représente une certaine contrainte car elle nécessite d’anticiper et de composer avec le stock existant.
Voici un tour d’horizon de l’upcycling à travers la définition des matières récupérables, l’origine de leur source, le processus de mise à disposition , et enfin les points de vigilance à adopter lors du sourcing.
Quels sont ces récupérables ?
Des stocks dormants : des anticipations de production, des projets annulés, des matériaux et/ou produits n’ayant pas coché les prérequis du cahier des charges
Des chutes : les déchets après production
Des stocks d’invendus, des fin de rouleaux, des vêtements de seconde main…
D'où proviennent-t-ils?
Des ateliers/usines de transformation (tanneries, mégisserie pour le cuir)
Des ateliers de confection ou d’assemblage (maroquineries pour le cuir)
Des stocks des Maisons (fils, chutes…)
Des centres de collecte et centrales d’achats : La Réserve des Arts (multi matériaux), Adapta (cuir et textile)
Des brocantes, puces et vide-greniers
Des grossistes
Des collectes auprès de particuliers
Comment sont-ils mis à disposition ?
Ventes privées des stocks des grandes maisons de luxe pour les créateurs en ligne via des négociants (exemple Adapta)
Stockage en entrepôt et vente en ligne
Matériaux souvent présentés par saisonnalité conformément aux calendriers de la mode
Points de vigilance
Si l’upcycling permet de garantir les bonnes pratiques, il est cependant nécessaire d’être vigilant et s’assurer selon ses clients que les ressources utilisées répondent à différentes obligations :
Traçabilité : obtenir les informations d’origine (tanneries pour le cuir ou les maison de luxe)
Règlementation : respecter les normes européennes de type Reach (matières dangereuses), LWG (Leather Working Group), et les règlementations spécifiques comme l’interdiction des matériaux dangereux pour les bijoux (nickel, plomb, cadmium)
Authentification : fournir un certificat pour les produits réalisés à base de matériaux réutilisés (bijouterie)
Spécificité sectorielle : connaître les différentes techniques utilisées comme le tannage (végétal, chrome), le plaquage…
Conformité au brief de départ : le matériau sourcé doit être en phase avec le brief créatif (main, épaisseur du cuir…)
Exportation : présenter une nomenclature aux douanes pour les produits exportés
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
Ce n’est pas parce qu’une tannerie n’est pas auditée que c’est une mauvaise tannerie, cela peut être une question de moyens, car l’audit coûte cher, et le fait de travailler avec les grandes maisons de luxe garantit l’excellence de la tannerie.(Virginie)
Nous définissons les besoins clients grâce à la collecte des données afin de leur présenter une offre adéquate. (Virginie)
Comme nous proposons à nos futurs clients d’utiliser leurs chutes, nous avons un rôle de sensibilisation. (Christine)
Le projet se construit à partir des contraintes de stock. (Christine)
Quand je chine je n’ai jamais d’idée précise, à contrario je vais chez des grossistes précis pour trouver des pièces particulières ou pour des éditions limitées. (Louise)
Je scelle les pampilles du bijou afin que le bijou réponde aux normes en vigueur. (Louise)
Avec des approvisionnements aléatoires, c’est difficile de créer une série néanmoins on peut monter jusqu’à 60 pièces d’un même modèle. (Louise)
Les pièces qui ne sont pas aux normes sont vendues comme objet d’art et destinées aux galerie d’art ou au spectacle vivant. (Louise)
Pour prolonger la discussion :
Virginie Ducatillon, négociante de cuirs en économie circulaire - Leather Fashion Design (LFD)
Ecouter le replay sur le podcast VOIES
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Ré-emploi et sur-cyclage : proposer du nouveau avec de l’existant
Découvrez aujourd’hui notre second volet autour du thème du ré-emploi et du sur-cyclage, sujet d’actualité et pertinent dans l’artisanat d’art. Après avoir évoqué les sources d’approvisionnement nous abordons aujourd’hui le faire à partir de ressources déjà existantes.
Nous avons eu la chance de traiter ce sujet à la Recyclerie, lieu fertile et propice à un dialogue très riche autour de l’éco-responsabilité avec nos deux invités :
Sylvie Bétard, co-fondatrice de la Réserve des Arts en 2008, et consultante fondatrice de l’Upcyclerie depuis 2012, Sylvie est une spécialiste des relations entre l’art et l’écologie. Elle travaille avec des designers, des artisans et des entreprises spécialisées dans la transformation des matériaux pour imaginer comment les déchets peuvent être transformés pour être réutilisés et rendus désirables. Elle pourra nous inspirer sur la façon dont les artisans d'art peuvent exercer leur savoir-faire à partir de matériaux recyclés.
Arnold d’Alger fondateur du Bazar d’Alger, il a choisi non pas de transformer, mais d’utiliser l’existant pour le rendre plus beau, plus contemporain, et surtout fidèle à l’univers graphique qu’il a créé. Arnold chine de la vaisselle et propose de la personnaliser et initie à l’art de la peinture sur porcelaine. Il nous expliquera sa démarche et ses projets !
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Faire du nouveau avec de l’existant n’est pas une démarche nouvelle, elle est aujourd’hui porteuse de sens car elle interroge les enjeux importants du monde d’aujourd’hui.
Retour sur les notions de recyclage et surcyclage :
Le recyclage est un processus industriel qui nécessite une transformation énergivore
L’upcyclage est l’idée de réutiliser une matière en la valorisant de manière durable
Grands principes de l’économie circulaire :
• Les enjeux de l’économie circulaire sont: préserver nos ressources, notre environnement, notre santé, permettre le développement économique et industriel des territoires, et réduire les déchets et le gaspillage.
• Les nouveaux modèles de production et de consommation liés à l’économie circulaire peuvent être générateurs d’activités et de création d’emplois durables et non délocalisables.
• En France, la transition vers une économie circulaire est reconnue officiellement comme l’un des objectifs de la transition énergétique et écologique et comme l’un des engagements du développement durable.
Source www.ecologie.gouv.fr/leconomie-circulaire
Les 7 piliers fondamentaux de l’économie circulaire
- L’approvisionnement durable (sourcing)
- L’éco conception (cycle de vie du produit) régie par la règle des 4 R : Réduire Réutiliser Recycler Réinventer
- L’écologie industrielle et territoriale (échange de flux et mutualisations échelle locale des entreprises)
- L’économie de la fonctionnalité (vente, location, possession ou partage)
- La consommation responsable (transparence sur la fabrication et achat en conscience)
- L’allongement de la durée d’usage
- Le recyclage
“L’économie circulaire vise à passer d’une société du tout jetable, basé sur une économie linéaire (extraire, fabriquer, consommer, jeter) vers un modèle économique circulaire.” Source www.ecologie.gouv.fr/leconomie-circulaire
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
Faire du greenwashing c’est oublier une des composantes de l’économie circulaire. (Sylvie)
L’idée est de se projeter dès la conception du produit, et connaître chaque étape afin de voir si c’est une solution éco responsable et viable. (Sylvie)
La meilleure matière première est celle qu’on trouve à côté de chez soi. (Sylvie)
Le geste le plus écologique est de récupérer ce qui est considéré comme un déchet. (Sylvie)
Lorsqu’on souhaite transformer des ressources, il faut identifier d’abord la matière afin que le produit final possède la finalité choisie, à titre d’illustration un vêtement avec une qualité déperlante. (Sylvie)
Partir des besoins de l’entreprise avant de ré-utiliser des ressources. (Sylvie)
C’est un travail constant d’explication et de pédagogie pour faire comprendre au consommateur pourquoi le matériau n’est pas complètement propre et sans défaut. (Arnold)
Je peux reproduire des motifs à l’infini mais sur des supports toujours différents. (Arnold)
J’ai beaucoup investi dans les réseaux et les partenariats pour me faire connaitre, on peut aussi faire appel à un bureau de presse. (Arnold)
Ne pas hésiter à taper aux portes, le cadeau peut aussi aider à faire parler de soi. (Arnold)
Utiliser 100% de la matière des ateliers car elle fait partie de la valeur économique de l’entreprise. (Sylvie)
SOURCES et RESSOURCES CREATIVES
ADEME Agence de la transition écologique
Sas Minimum - Le Pavé
Cocolis (transport communautaire)
L'art de vendre pour un artisan d'art
Les métiers d'art pèsent 8 milliards d'euros de chiffre d'affaires et emploient 150 000 personnes. Ce secteur a été fortement fragilisé par la crise sanitaire, l'annulation des salons, a privé les artisans d'art de leur principal canal de vente, les obligeant à trouver d’autres formes de vente en ligne pour survivre. En effet, être artisan d’art suppose d’être polyvalent aussi bien créateur que vendeur, l’artisan d’art doit définir une stratégie commerciale singulière, ce qui n’est pas toujours évident, quand on n’est pas familiarisé avec les techniques de la vente.
L’art de la vente est une thématique très plébiscitée au sein de notre communauté, vous étiez plus de 70 participants à suivre le live, ce qui montre l’importance que revêt cette thématique au sein des problématiques du quotidien de votre entreprise.
Les témoignages de nos intervenants passionnants et concrets, ont mis en lumière les bonnes pratiques à adopter et l’importance de mettre en place une stratégie commerciale par étape pour favoriser la vente:
Antoine Baudouin, associé chargé du développement commercial de La Compagnie du Verre. Il œuvre pour vendre l’expertise de transformation à froid du verre dans un but décoratif et ornemental à des professionnels de la décoration. L’atelier est organisé pour dissocier le travail de l’artisan et du développement. Antoine nous dévoile ses techniques commerciales.
Sarah Boyeldieu, reconvertie en 2019 à la céramique, multiplie les projets. Le dernier s’appelle le Studio Primitif et a ouvert à Bordeaux début 2020. En très peu de temps et en pleine crise sanitaire, Sarah a réussi à convaincre banquier et associée à ouvrir ce studio de 160m2 qui accueille artisans et passionnés pour des cours et de la pratique libre ainsi que des professionnels pour des projets sur-mesure. Ancienne du monde de la publicité, elle va nous expliquer comment elle a convaincu partenaires et clients.
Valentine d’Espouy, avec Million Dollar Baby, accompagne les entreprises dans leur stratégie commerciale et les clés de sa mise en œuvre. Elle aime les savoir-faire des artisans, tout en étant convaincue qu’il ne suffit pas de créer du beau pour le vendre. Elle va nous donner les bonnes pratiques à appliquer absolument quand on est artisan d’art.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Il ne suffit pas de créer du beau pour le vendre. Aujourd’hui nous abordons une problématique clé pour un artisan d’art: l’art de vendre.
Développer une stratégie commerciale adaptée à ses besoins :
“La vente est accessible à tous, cependant rien n’est fait au hasard et il est important d’adopter des actions sur-mesure”. Valentine d’Espouy
Bien connaître et comprendre le marché que vous ciblez en France ainsi que définir une stratégie commerciale sont des étapes primordiales de votre activité. Valentine d’Espouy conseille de consacrer du temps dans son agenda à sa stratégie de vente, et de se créer des outils adaptés à ses besoins ( calendrier, base de données de ses clients, tableau de suivi et d’indicateurs…), afin d’évaluer l’évolution et les impacts de la stratégie adoptée.
Deux outils sont indispensables dans cette étape, qui participeront à la réussite de votre vente :
Élaboration d’un plan d’action : Répondre à la question : Quel objectif je vise pour mon activité, à quel terme ?
Créer un plan d’accompagnement et de fidélisation de vos clients
“Il fallait une personne pour vendre et une personne pour gérer l’entreprise. En effet, un binôme qui conjugue d’une part la vente et la logistique et d’autre part la création artistique est très rassurant pour le client” ” Antoine Baudouin, La Compagnie du Verre
Adopter une stratégie marketing multicanal, permet de gagner en efficacité pour la vente. Il s’agit d’utiliser plusieurs canaux de distribution indépendants qui répondent à plusieurs objectifs :
La recherche de nouveaux clients
La fidélisation de la clientèle
Adopter une communication hors ligne
Présence sur les salons
Organisation et participation à des événements
Favoriser le networking - bouche à oreille
Support papier : plaquette, présentation, flyers
Adopter une communication en ligne
Plateforme de vente en ligne, site internet, salons virtuels
Envoi d’une newsletter, important de trouver le bon rythme d’envoi et éviter d’être trop intrusif
Publication sur les réseaux sociaux : Instagram, Pinterest, Etsy peut-être plus pertinent que LinkedIn pour les artisans d’art
Le conseil de Antoine Baudouin pour convaincre et fidéliser ses clients :
“Durant la crise sanitaire, nous avons créé une base de données, afin d’y ajouter tous nos prospects. La recherche des prospects est passée par une recherche minutieuse de référencement, notamment sur Instagram, pour trouver les architectes et les décorateurs qui pourraient être intéressés par nos produits.”
“Instagram est un outil efficace de fidélisation de nos clients, même si la création de contenu peut très vite être chronophage. Cela me permet de suivre l’actualité et les projets de mes clients, en visionnant leurs stories, c’est mon rôle de faire le lien entre leur besoin et nos produits.”
Apprendre à “PITCHER” son entreprise artisanale :
Embarquer ses interlocuteurs autour de son histoire et de son savoir-faire est primordial pour vendre ses produits. Il existe pour cela, une liste de mots magiques, qu’il s’agira de personnaliser afin de créer un pitch qui vous ressemble. Comment parler de soi et de ses collections ? Il faut très soigneusement identifier ses mots magiques et se différencier, ils sont liés à votre activité et à vos créations.
3 objectifs à remplir pour préparer votre pitch :
1 - Faire connaître votre entreprise pour augmenter sa visibilité
2 - Susciter l’intérêt pour maintenir l’attention
3 - Engager la discussion pour tenter de créer une relation d’affaires
Le conseil de notre experte Valentine d’Espouy est de tester son pitch (présentation de son activité d’une forme courte et dynamique, en 3 minutes maximum) auprès de son entourage et de ses amis, ce qui vous permettra de vous améliorer avant de présenter votre entreprise à vos futurs partenaires et clients.
La liste des mots non magiques à éviter : Antoine Baudouin vous conseille d’éviter à tout prix d’utiliser le mot “intéressant” pour parler de vous et de vos créations. Il s’agira de privilégier des synonymes et de chercher des caractéristiques singulières pour définir l’ADN de votre entreprise.
Convaincre ses partenaires - Le trio gagnant face à son banquier :
Préparer une présentation dynamique de votre projet (Pitch) : Selon Sarah Boyeldieu, il est important de bien montrer l’évolution du projet.
Présenter un business plan complet : Il regroupe l’état des lieux global du projet, (budget, financement, cible touchée…). Il peut être attesté par un comptable, ce qui renforce la transparence et la légitimité du projet.
Souscrire à une garantie bancaire ou à un prêt d’honneur garanti auprès d’un organisme tiers, renforce la viabilité économique du projet.
Comprendre sa cible - Savoir analyser les différentes étapes d’achat du prospect sur ses produits :
Le conseil de Sarah Boyeldieu pour acquérir ses premiers clients et fidéliser sa communauté autour de ses produits et de ses services : Interroger vos clients, avant même l’ouverture de l’atelier, à travers un questionnaire en ligne sur Facebook et des rendez-vous téléphoniques, afin d’évaluer leurs besoins. Cette première étape a été une réelle opportunité pour constituer une base de "prospects chauds”. A travers la constitution préalable de l’offre, une base assez importante des clients avaient été créée, les premiers cours de céramiques se sont ainsi remplis très rapidement grâce à la constitution de cette première communauté.
Dans le cadre du marché concurrentiel des arts de la table, la céramiste Sarah Boyeldieu fait le constat de la difficulté de vendre ses objets, qui sont aussi bien en concurrence avec les autres artisans d’art que les boutiques de décoration. De par son expérience avec Studio Primitif à Bordeaux, elle montre qu’il est plus facile de fidéliser les clients qui ont déjà suivi des cours de céramique au sein de son atelier. Cette découverte de la matière permet une prise de conscience du client sur l’importance d’acheter local et de meilleure qualité, ce qui le pousse à acheter auprès d’un céramiste et non plus d’aller obligatoirement se fournir chez IKEA.
Définitions et ressources utiles :
Un prescripteur : C’est un individu qui par son activité ou son statut est en position de recommander l'achat d'un produit, d'une marque ou d'un service.
B2B / Business to Business : Cela désigne l’ensemble des relations commerciales entre deux entreprises.
B2C/ Business to Consumer : Cela désigne l'ensemble des relations qui unissent les entreprises et les consommateurs finaux.
Incubateur féminin et accompagnement/coaching : Bienvenue | Les Premieres Nouvelle-Aquitaine (lespremieresna.com)
CMA Île-de-France - Chambres de Métiers et de l'artisanat - Ile-de-France (cma-idf.fr)
Inscrivez-vous pour faire partie de la prochaine promotion du programme IMPULSER 2022 : Programme d'accompagnement des néo-artisans et artisans d'art — Artisans d'Avenir (artisans d'avenir.fr)
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La posture de l’entrepreneur
Surmonter les défis de l’entreprenariat n’est pas un long fleuve tranquille. Ténacité, résilience, confiance sont des mots qui raisonnent particulièrement aux oreilles des entrepreneurs. Chacun crée son histoire en fonction de sa personnalité, son cœur, ses rêves, ses doutes et ses peurs.
Aujourd’hui nous allons à la rencontre de deux entrepreneures dans l’artisanat, afin de comprendre quelle a été leur histoire et comment elles ont fait face aux défis du quotidiens. Nous rencontrons aussi un Docteur en Neurosciences, entrepreneur, coach et enseignant en entrepreneuriat qui nous livre ses précieux conseils.
Isabelle Roché. Isabelle a repris en 2000 la maison familiale La Maison du Pastel menacée de disparition. Isabelle a mis toute son énergie pour sauver cette entreprise, la plus ancienne fabrique de pastels du monde, dont les origines datent du XVIIIème siècle. Cette aventure représente beaucoup plus qu’un projet entrepreneurial pour Isabelle. Elle va nous expliquer quels ont été ses moteurs pour persévérer de longues années et ce qu’elle a fait pour faire revivre l’entreprise.
Manon Bouvier, fondatrice en 2016 de l’atelier Paelis est une virtuose de la marqueterie de paille. Meilleur Ouvrier de France en 2019 et lauréate de nombreux prix depuis, elle encourage son équipe à se projeter dans la marqueterie de demain en accordant une place centrale à l’innovation. Elle va nous expliquer comment elle a réussi en 5 ans à développer cet atelier de trois personnes reconnu parmi les meilleurs dans le monde de la décoration d’intérieur.
Thibaud Dumas est titulaire d’un doctorat en Neurosciences cognitives obtenu à l’Institut du Cerveau et de la Moëlle épinière (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière) et auteur de plusieurs ouvrages sur le sujet. Il a par la suite cofondé une entreprise dans le secteur des neurotechnologies, puis une entreprise de formation professionnelle. Entrepreneur, coach et enseignant en entrepreneuriat depuis 2014, il rejoint Matrice en 2018 pour la création de l’incubateur Matrice Cube.
Leçons extraites de cette discussion et éléments pour aller plus loin :
Avoir une posture d'entrepreneur :
Un entrepreneur doit avoir une conviction, une raison profonde qui l’anime et qui le porte, contre vents et marées. Il faut être capable de transmettre ce qui vous anime, exprimer votre vision. C’est en expliquant simplement et honnêtement pourquoi vous avez choisi votre métier que vous commencerez à embarquer les personnes à qui vous vous adressez.
Entreprendre peut prendre une multitude de formes selon le projet et la personne qui le porte. Si vous rencontrez plusieurs artisans d’art ou des entrepreneurs de renoms, vous découvrirez que chacun est différent dans son fonctionnement et dans sa manière d’entreprendre. Cette réalité est à la fois rassurante, car elle vous affranchit de règles dictées à l’avance. Mais elle est aussi perturbante, car elle exige de trouver votre chemin. Nous souhaitons vous livrer les recettes qui nous paraissent les meilleures pour entreprendre dans l'artisanat d'art.
Les dix attitudes d’un entrepreneur
Un entrepreneur doit savoir adapter sa façon d’agir selon l’environnement dans lequel il évolue. Cela s’appelle l’agilité ! C’est l'une des compétences les plus importantes lorsqu'on parle de création d'entreprise. L’entrepreneuriat ressemble à un marathon à plusieurs sprints, avec la certitude que vous vivrez des succès et des échecs. De l’agilité dépend votre capacité à tenir ce marathon et à facilement entrer en action.
Nous avons réuni les dix attitudes qui nous semblent importantes à connaître. Elles permettent à la fois d’agir malgré un environnement incertain et de se fixer des limites.
1. Entrez en action : Le passage à l’action marque la différence entre les entrepreneurs, et ceux qui ont seulement des bonnes idées. La plupart des questions qui vous bloqueront auront généralement une réponse dans l’action. Chaque petit pas est une avancée. Le premier pas, le plus dur, est souvent le plus libérateur.
2. Partez de ce dont vous disposez : L’objectif est de construire à partir de la réalité : qui vous êtes, ce que vous connaissez et ce que vous savez faire.
3. Planifiez et suivez une stratégie : Prenez des temps réguliers d’organisation de votre agenda et de votre feuille de route. En déterminant l’objectif que vous voulez atteindre et les étapes nécessaires, vous parviendrez plus facilement à ce but. Les échéances peuvent être à très court terme. Il faut les revoir régulièrement, prioriser vos actions et planifier vos temps de pause. Même si votre plan n’est pas respecté, il vous aide à situer vos actions.
4. Raisonnez en pertes acceptables : Vous mettez dans votre entreprise des moyens (temps, argent, local, outils...) que vous êtes prêts à perdre. Ces moyens deviennent une ressource que vous allez essayer de rentabiliser.
5. Co-construisez avec des parties prenantes : Le résultat de vos actions est le fruit d’un travail collaboratif. Vous agissez avec des personnes qui sont prêtes à mettre des moyens dans votre projet. De nouvelles possibilités vont émerger de cette rencontre.
6. Tirez parti des surprises : Une contrainte peut souvent se transformer en opportunité. Cherchez à tirer parti positivement des évènements que vous n'avez pas prévus.
7. Restez responsables des actions engagées : Ce n'est pas parce que vous n’avez pas imaginé un résultat précis que vous perdez le contrôle de vos actions. N’ayez pas honte de vos échecs, capitalisez sur vos succès ! Cela demande une humilité aussi forte que le courage de vous lancer.
8. Prenez soin de vous : Votre projet dépend de vous. Il est extrêmement important que vous preniez conscience que votre santé physique et mentale doit être préservée, comme celle d’un marathonien. Ne vous laissez pas franchir une limite. Prévoyez régulièrement des temps de respiration et de coupure, pour mieux repartir !
9. Entourez-vous ! Si la solitude de l’entrepreneur est réelle, l’apport et le soutien d’un collectif l’est aussi. Entourez-vous de personnes qui vous encouragent ! A l’inverse, tenez votre projet à l’écart des personnes qui ne le soutiennent pas.
10. Dépassez vos croyances limitantes : Ayez confiance dans vos capacités, votre savoir-faire et votre créativité. C’est parce que vous vous voyez réussir que vous parviendrez à votre objectif.
Illustration d’un projet au lancement :
Une bonne illustration de cette posture agile et de ces principes, est de développer tout nouveau projet, de manière rapide, itérative, en minimisant l’investissement au départ.
En effet, l'artisan d'art dispose généralement de ressources limitées pour démarrer. Son marché est souvent spécifique. L'erreur à éviter serait de se lancer dans une production et une offre coûteuse en développement sans se soucier de l'intérêt qu'il trouvera sur son marché.
Notre recommandation est alors de tester rapidement un concept, une idée de produit ou de service, auprès de quelques personnes à l’aide d’un prototype ou produit-test. Cette expérimentation permet de valider ou non le produit ou le service, puis de le faire évoluer et de l'améliorer selon les retours reçus.
Cette méthode bouscule l’ambition du produit parfait. Il est fréquent que les artisans d’art n’osent pas présenter leurs produits à leurs potentiels clients avant qu’ils ne soient « parfaits ».
“Construire, Tester, Apprendre” sont les maîtres mots qui guident la démarche. Vous pouvez régulièrement, par exemple, demander l’avis des personnes qui suivent votre travail sur les réseaux sociaux. Vous pouvez aussi proposer une première version du produit à moindre frais à un client fidèle pour recueillir son avis. Cette démarche autorise l’erreur voire l’échec. Cette réalité permet au porteur de projet de tester sa persévérance et sa détermination. La confrontation du produit avec la réalité du marché permet aussi de mieux connaître ses clients, de dédramatiser le désintérêt pour l’offre, et d’éviter de lancer un produit qui ne serait pas acheté malgré votre talent.
Illustration Sabine Pedrero
Sabine Pedrero, à la sortie d’une formation pour adultes en tapisserie d’ameublement à La Bonne Graine, voulait vivre de son nouveau métier le plus rapidement possible. Elle manquait de compétence du fait de son manque d’expérience. En revanche, elle avait une grande force, celle de savoir vendre et décrocher des chantiers. Elle a donc décidé de ne refuser aucun projet, peu importe si le savoir-faire lui manquait. Pour pallier ce déficit, elle est allée trouver les artisans qui pouvaient répondre à la commande, leur a confié le projet, en échange de quoi elle s’est formée à cette technique auprès d’eux.
Exercice : Travaillez votre posture d’entrepreneur
- Ancrez des bonnes habitudes : Indiquez les plages que vous souhaitez dédier à la planification de votre projet d’entreprise.
- Cultivez un entourage positif : Citez les personnes bienveillantes qui soutiennent votre projet, les parties prenantes avec qui vous construisez votre produit et à qui vous pouvez exprimer vos problématiques.
- Rencontrez du monde : indiquez les personnes que vous souhaitez rencontrer. Ce seront autant d’expériences intéressantes qui nourriront votre réflexion.
- Dépassez vos peurs : listez toutes les peurs qui vous freinent, essayez d’identifier leur cause pour les dépasser.
- Indiquer les limites (budgétaires, délais..) que vous ne voulez pas dépasser sans avoir atteint un objectif.
Quelques citations intéressantes issues des témoignages :
J’investissais dans l’essence même du produit, j’essayais de gérer au mieux mes ressources, je ne faisais pas des dépenses qui n’étaient pas indispensables. (Isabelle)
Quand on a dans sa tête qu’on ne peut pas arrêter on trouve les ressources, je les ai trouvées. (Isabelle)
J’ai trouvé une personne prête à donner autant que moi, à investir du temps et de l’argent. Je ne voulais pas continuer sans elle. (Isabelle)
Les conseils au début m’ont pesé plus qu’autre chose, en fait on fait avec ses moyens, m’entendre dire « tu n’as qu’a faire ça » était atroce, on fait avec ce qu’on a, on y mets tout ce qu’on peut et je pense que si on a confiance dans son entreprise on trouve les moyens, on trouve les portes de sorties, elles ne sont pas toujours évidentes mais on les trouve. (Isabelle)
Il ne faut pas que je monte mon entreprise pour faire la même chose que les autres, il faut que je trouve mon style. (Manon)
Tout a tout changé quand j’ai été médaillée Meilleurs Ouvriers de France à 26 ans, c’est une valeur universelle. (Manon)
Trouver les bonnes personnes qui t’amènent au bon endroit. (Manon)
Si vous croyez en ce que vous il ne faut pas abandonner, cela va être dur mais il ne faut pas lâcher. (Manon)
Personne ne peut mieux comprendre les difficultés d’un entrepreneur qu’un autre entrepreneur. (Thibaud)
Identifier ses limites tout en ayant un objectif clair. (Thibaud)
Des moments de doutes on en a tous, le plus dur c’est de les surmonter. (Thibaud)
Assumer sa propre légitimité, c’est mon individualité, ce ne sera pas parfait mais c’est comme ça. (Thibaud)
Entreprendre est avant tout un projet personnel, c’est à vous d’assumer votre propre chemin. (Thibaud)
Il y a tellement de choses à faire, il faut apprendre à prioriser et économiser ses ressources. (Thibaud)
Ressources utiles :
CMA Île-de-France - Chambres de Métiers et de l'artisanat - Ile-de-France (cma-idf.fr)
Inscrivez-vous pour faire partie de la prochaine promotion du programme IMPULSER 2022 : Programme d'accompagnement des néo-artisans et artisans d'art — Artisans d'Avenir (artisans d'avenir.fr)
Rejoignez la communauté Artisans d’Avenir et bénéficier chaque mois, de séance de mentorat pour vous accompagner dans les problématiques que vous rencontrez au quotidien : Rejoignez les membres d'artisans d'avenir (helloasso.com)
L’art du storytelling
Nous voulons vous raconter une belle histoire, celle d’une faïencerie créée à la fin du XIXe siècle qui se développe aujourd’hui dans la modernité du XXIe siècle. La Faïencerie Georges parle à travers ses décors. C'est ce qui a séduit notamment Atelier Particulier, les dénicheurs du savoir-faire français. Ensemble ils ont créé une collection qui s’est déjà vendue à plusieurs centaines d’exemplaires.
Nous allons à la rencontre de deux personnes inspirantes dans le monde de l’artisanat, afin de comprendre quelle a été leur rencontre, l’histoire d’une marque familiale, en faveur de la promotion d’un savoir-faire français. Comment une marque raconte-t-elle son histoire au service de sa stratégie ?
Jean-François Dumont est un des deux dirigeants de la Faïencerie Georges dont l’origine date de 1898. C’est en 2010 que Jean-François et Carole Georges reprennent l’entreprise familiale. Tout en conservant le savoir-faire traditionnel - le calibrage des pièces et l’illustration à main levée - ils posent un nouveau regard, spontané et décalé, sur la création des décors.
Jolhane Leite est responsable de la marque Atelier Particulier. Il s’investit tous les jours dans le développement d’actions cohérentes avec l’identité de l’entreprise dont la mission est de dénicher les meilleurs ateliers et révéler leurs savoir-faire. Pour lui, l’histoire racontée doit être un fil rouge pour stimuler les émotions d’une communauté de clients potentiels, au service de la stratégie de la marque.
En tant qu’artisan d’art, votre marque est votre ADN, elle est essentielle à l'histoire que vous souhaitez déployer auprès de votre communauté.
Vous avez dit, storytelling ? Le storytelling est l’art de raconter une histoire, mais il ne s’agit pas de raconter n’importe quelle histoire. En effet, il faut s’interroger sur les meilleures pratiques et les conseils pertinents à adopter pour appréhender les règles du jeu du storytelling pour l’artisan d’art. L’objectif est de créer des connexions entre les personnes et la marque, afin de créer une relation directe, où l’authenticité est la clé.
Depuis 2013, Atelier Particulier (AP) est passé maître dans l’art de raconter l’histoire des artisans et de leurs savoir-faire. Bien plus qu’un axe de communication, le storytelling chez AP se construit comme “un fil rouge, mettant en lumière la manière de communiquer, de développer les pièces, et en parallèle, c’est aussi un axe de développement pour aller chercher les gens avec lesquels on souhaite travailler. Cela devient un axe stratégique de développement pour toujours aller à la rencontre des meilleurs savoir-faire et les mettre en avant, essayer avec le plus d’authenticité de raconter leur histoire auprès de notre communauté.”
Comment avez- vous renouvelé les codes de la faïencerie ?
Jean-François Dumont explique : “Au tout début, le storytelling n’a pas été pensé, rien n’a été réfléchi, ni de stratégie élaborée, l’idée était de proposer des choses différentes dans les visuels. On a mis tout sur la table, l’inscription à Ateliers d’Arts de France, nous a permis de suivre des formations et de s’ancrer dans un réseau.”
“Il n’y avait pas de gamme de dessin, ni de volonté de tout remplacer d’un coup, de passer du traditionnel au moderne, mais bien de procéder par étapes.”
Succès d’estime ne veut pas dire succès commercial
Un premier stade de développement a permis l’apparition d’un succès d’estime auprès des passionnés des arts de la table et de certains médias, mais cela ne s’est pas traduit par un impact commercial auprès du grand public. La clientèle locale n’était pas encore réceptive aux dessins industriels dans l’assiette. A Nevers, ce n’était pas très bien vu les décors contemporains, mais le fait de gagner le prix de la jeune création Métiers d’Art d’Ateliers d’Art de France a permis une meilleure reconnaissance.
“L’idée était d’en finir avec le traditionnel. La bonne réception de nos collections sur les salons nous a permis de faire évoluer la clientèle progressivement”.
Plusieurs années de salons, de tentatives, beaucoup de patience et de ténacité ont permis d’évoluer et de gagner une communauté plus grande attachée à ces nouvelles innovations. Il y a trois ans, la rencontre avec Clara, qui est aujourd’hui la directrice marketing et commerciale de la Faïencerie Georges, est un point de bascule, qui a permis une prise de conscience et la mise en place d’une stratégie de communication adaptée et pertinente, dont les impacts futurs révèleront la justesse.
“ Tout était là, il fallait juste l’organiser un peu”.
C’est un storytelling à plusieurs branches, qu’il a fallu décortiquer, entre l’histoire de la faïencerie de Nevers comme label, le savoir-faire de la Faïencerie Georges et la volonté de moderniser les dessins…pour en faire ressortir l’essentiel et mettre en lumière le trait singulier. Pour Jean-François Dumont, cette rencontre est un déclic, qui leur permet de prendre du recul sur leur travail, “on racontait des histoires, il fallait l’écrire, concevoir notre fil narratif et décrypter les émotions que l’on voulait transmettre à nos clients”.
Un conseil à suivre pour adopter cette prise de conscience, s’arrêter un instant et s’accorder le temps de la réflexion. Il faut se poser des questions et prendre le temps d’y répondre, c’est à travers le processus d’écriture, que le fil narratif se déroulera et qu’on trouvera ainsi la meilleure manière de se raconter.
Cette prise de conscience a permis de construire la singularité du storytelling de la Faïencerie Georges, notamment comme le montre certains exemples indiqués par Jean-François Dumont :
La mise en valeur d’une création en rendez-vous mensuel
La collection “Monthly plate” est devenu le rendez-vous phare de la Faïencerie Georges. Chaque mois, cette collection propose une nouvelle assiette peinte à la main, en série limitée et numérotée. Les thèmes sont variés et mettent en lumière toute la singularité et la modernité des dessins. Cette création a de nombreux avantages, dont une souplesse dans la création et “de production du faire”. En effet, cette collection est mise à l’honneur depuis leur rencontre avec Clara, ils vont se rendre compte de son importance et utiliser les moyens de communication adaptés pour la promouvoir, alliant ainsi communication et commercialisation, à travers un calendrier précis. L’assiette du mois s’est ainsi transformée en un outil de communication, au service du storytelling de la Faïencerie.
“L’assiette du mois fait partie de notre histoire, tous les mois on en propose une nouvelle - c’est ça notre force, qui va rapidement devenir un rendez-vous mensuel et l’opportunité de témoigner”.
2. La promotion d’un ton décalé et innovant
Avoir conscience de sa singularité et du ton sur lequel on veut communiquer est primordial. Pour la Faïencerie Georges, il a fallu trouver sa place, au sein de l’univers très sérieux de l’artisanat des arts de la table, ou l’innovation et la modernité des créations n’est pas toujours bien appréhendée.
“Des dessins de pylônes dans les assiettes. Pourquoi pas ? Nous avons adopté un regard décalé et amusé, pour promouvoir nos créations, en accord avec les illustrations. Tous les dessins présents sur les assiettes sont des moments de vie, vus, pris en photo et finalement dessinés à la main.”
D'après Jolhane Leite, la difficulté qui ressort le plus de ces visites d’ateliers d’artisans, est la difficulté de parler de soi et dans 75% des cas, de prendre de la hauteur sur ce que l’on produit.
Il détermine deux clés de succès pour arriver à parler de soi :
L’UNICITÉ : Il fait toujours faire attention lorsque l’on raconte quelque chose pour parler de l’unicité, qui est le caractère de ce qui est propre à chacun, ce qui le rend unique, et repartir ainsi sur la singularité de son savoir-faire et son identité de marque.
LA PASSION : D’après Jolhane Leite, la passion n’est pas assez mise en avant dans la communication, alors qu’il n’y a pas de sujet plus intéressant que ce qui nous passionne, c’est une force qui favorise la transmission d’information.
Et pourtant, raconter son histoire est loin d’être une chose aisée pour les artisans d’art, nombreux sont ceux qui n’y rencontrent pas le succès escompté.
Trois écueils à éviter dans la construction de votre storytelling :
Attention, si le message qu’on essaye de transmettre ne correspond pas à l’audience, les résultats ne seront pas au rendez-vous. Par exemple, lors de la reprise d’une entreprise familiale, entre la passation d’une génération à l’autre, il s’agira de bien analyser si la communauté de clients a bien suivi avant de proposer une communication trop innovante.
Il est primordial d’aller au contact de sa clientèle et de bien cerner ses attentes, comme par exemple, la mise en place de sondages, d’appels téléphoniques, de rencontres physiques. L’objectif est de récupérer de l’information pertinente pour construire sa stratégie.
Enfin, pour faire un storytelling efficace, il faut savoir se retenir et ne pas tout dire. En tant qu’artisan et porteur du projet, on a souvent envie de tout dire, mais cela n’est pas toujours opportun. Est-ce qu’il vaut mieux parler de l’héritage ou de la création ? Le plus important est de rédiger un message le plus complet qui transmet les valeurs de l’entreprise.
L’art d'enjoliver les choses, vers une communication mensongère
Le storytelling est aujourd’hui devenu un mot à la mode, souvent perçu comme un art, une technique à adopter, il s’agit de ne pas tomber dans les pièges d’une fausse communication et de toujours rester en lien avec l’identité et les valeurs de l'entreprise. Quelque soit la taille de l’entreprise, si on décide de parler de choses qui ne sont pas vraies, cela se saura et un “Bad buzz” peut vite arriver à moyen ou à long terme.
Exemple concret : Votre communauté est peut-être encore plus experte que vous sur le sujet. Elle est ainsi garante de l'authenticité de votre histoire, ainsi si l’artisan décide de raconter des choses qui ne sont pas intimement liées à la marque et au projet, votre communauté pourra vous le faire remarquer. Le conseil est de rester au plus proche de ce que vous faites dans votre narration.
Par qui peut-on se faire accompagner pour établir un storytelling efficace propre à sa marque ?
Différentes options sont possibles dans cet accompagnement, tout dépend du niveau de maturité du projet, avant d’aller chercher des experts en storytelling, de marque, deux démarches peut-être réalisées:
1ère option : Une personne en interne peut se charger d’appeler la totalité des clients, afin de confronter les nouvelles attentes de l’artisan et la réaction de ses clients. Il s’agira par la suite de réaliser une synthèse et d’analyser les résultats.
2ème option : L’artisan peut également se rapprocher des ouvriers et des personnes de son entourage qui travaillent avec lui, ou bien d’autres artisans, afin d’échanger sur les bonnes pratiques à adopter lors de séances de mentorat et d’échange.
Pour Jean-François Dumont, au sein de la stratégie de communication, il s’agira aussi bien de beaucoup parler et que de beaucoup écrire. Dans cette perspective, ils ont écrit une sorte de bible, intitulée “une plateforme de marque”, l’objectif : bien comprendre leurs besoins.
La plateforme de marque est un outil utilisé dans le marketing pour décrire l’identité d’une marque, à travers ce qui fait son ADN et sa différence.
vision : façon de voir le monde, philosophie qui sous-tend le positionnement ;
mission : rôle dans la société et dans son domaine
cible(s) : différents publics auxquels l’entité s’adresse et pour qui elle met en œuvre sa mission. On peut distinguer des cibles principales et des cibles secondaires
promesse : engagement de la marque auprès de ses publics, contrat de confiance instauré
ambition : position que l’entité souhaite avoir, façon dont elle souhaite être reconnue
valeurs : qualités principales qui vont justifier sa réussite
personnalité : traits de caractère qui définissent la façon d’être, d’agir, de communiquer
Questions à se poser : Quel est notre savoir-faire ? Quelles sont nos valeurs ? Qu’est-ce qu’on veut raconter ? Quel est notre objectif ? Quelles sont les attentes de notre communauté ?
La rédaction de la vision de la marque constitue par la suite un atout pour votre entreprise est pourra être utilisé aussi bien comme éléments de contenu dans votre stratégie de communication que d’un point de vue commercial, comme guide de formation pour les commerciaux et les vendeurs en boutique qui ont pour mission de vendre vos produits. Ils pourront ainsi acquérir une vision plus fine de vos valeurs et de vos engagements et pourront la transmettre à vos clients.
Une entreprise peut-elle se passer de storytelling ?
Oui, toutes les communications ne comportent pas de storytelling, il n’est pas essentiel d’adopter une stratégie propre. L’artisan n’est pas obligé de devenir un expert dans l’art du storytelling, et peut se diriger vers des moyens de communication habituels pour vendre sa marque, sans avoir à mettre en avant son histoire.
Comme vous l’aurez compris, l’élaboration d’un storytelling singulier nécessite de s’accorder un moment de calme et de prise de recul sur son travail, et ainsi de faire émerger cette capacité de parler de soi et à présenter les bonnes choses au bon moment.
Pour aller plus loin, ressources utiles :
Le site d’Atelier Particulier, le parrain de la deuxième promotion du programme IMPULSER. Atelier Particulier souhaite transmettre les plus belles émotions à tous ceux qui veulent que la qualité perdure. Pour cela, tel des dénicheurs, ils prennent la route à la recherche d'ateliers, manufactures et artisans à révéler. Accompagnés de leur communauté de 200.000 passionnés, ils mettent en lumière le savoir-faire de ceux qui font et transmettent le meilleur de leurs traditions, en les rendant accessibles à tous ceux qui y sont sensibles.
Découvrez l’univers et les créations de la Faïencerie Georges, faience de Nevers (faienceriegeorges.com)
Ateliers d'Art de France (ateliersdart.com) : Appel à candidatures pour l'édition 2022 des Ateliers d'Art de France, dans la catégorie Création et Patrimoine.
Pour définir votre stratégie de marque, accès à un guide utile sur ces enjeux: strategie_de_marque.pdf (economie.gouv.fr)
Pour les plus curieux, partez à la découverte de Nevers et de son savoir-faire le temps d’un week-end, vous pourrez en profitez pour visiter le Musée de la faïence et des Beaux-arts et sa superbe collection de faïence !
Rejoignez la communauté Artisans d’Avenir et bénéficier chaque mois, de séance de mentorat pour vous accompagner dans les problématiques que vous rencontrez au quotidien : Rejoignez les membres d'artisans d'avenir (helloasso.com)
Questionner son processus créatif
Artisans d’Avenir, le réseau qui active les projets des artisans d’art
L’étape de conception est à l’origine de tout développement de projet. Dans ce processus créatif, le créateur doit réussir à se projeter dans un produit qui répond aux besoins en termes d’usage et d’esthétique. Le designer est formé à chercher une autre manière de répondre aux problématiques de mode de vie, à imaginer la finalité de l’objet qui doit répondre à un besoin tout en étant désirable. Quant à l’artisan d’art, il est formé aux techniques de fabrication.
De plus en plus de designers sont des artisans, à l’inverse de plus en plus d’artisans d’art sont des créateurs. C’est le cas de trois intervenants de ce live, qui vont vous décrypter leur cheminement créatif !
Jean-Baptiste Sibertin-Blanc designer et ébéniste, a élaboré une méthode de conception autour de cinq dimensions constitutives de tout projet. Loin de vouloir apporter une réponse à toutes les interrogations, il propose des priorités à partir desquelles un projet trouvera sa légitimité.
Marie-Bénédicte Emmanuelli Lorenté aménage des espaces et crée des pièces uniques en bois tourné. Formée aux techniques de tournage uniquement, elle a ressenti quelques doutes quant à l’aboutissement créatif de son travail. C’est auprès de Jean-Baptiste qu’elle apprend à questionner la conception de son travail avant de se lancer dans la fabrication.
Maurane Closier est designer et céramiste. Elle a travaillé dix ans en tant que designer produits pour des manufactures, puis auprès du designer José Levy. Depuis cinq ans, elle pratique le tournage auprès de Augusto Tozzola dont elle reprend l’école. Grâce à son expérience de designer, elle maîtrise parfaitement les plans, les cotes, les lignes, les formes, les volumes, entre autres… Elle applique avec rigueur cet apprentissage issu du design aux pièces qu’elle tourne, depuis le dessin en 2D jusqu’aux pièces créées en série.
La conception est une étape essentielle, à l’origine de toute création d’objet, ce processus singulier propre à chacun, questionne la conception du travail.
Quelle définition à donner au design ?
La personne qui fait du design, utilise la matière pour créer son outil. Le designer cherche à répondre à un besoin, il donne ainsi forme à un nouveau besoin. L’origine latine du terme “design” le montre, designare signifie marquer d’un signe. Quand on s’intéresse aux métiers d’art, on produit des signes, des signes de culture, de marque, d’identité, d’appartenance. Quand on achète un objet, on achète un signe.
“Un projet de design, c’est une succession de choix, qu’on ne fait par hasard” Jean-Baptiste Sibertin-Blanc designer et ébéniste
Tout d’abord, on se retrouve face à une page blanche, qui va se noircir de manière plus ou moins rapide, et on va se demander “à quoi va servir le design dans ma démarche ?”. C’est à travers les questions qui se sont posées durant l’étape de la création, que Jean-Baptiste Sibertin-Blanc a pu identifier une méthode constituée de cinq grands axes. Une méthode qui se veut universelle, que tout le monde doit avoir en tête pour mener à bien son processus créatif. Impossible de penser à tous les axes en même temps. Chaque axe de cette méthode doit être appréhendé par étape.
Pour arriver à questionner son processus créatif, vous retrouvez 5 ingrédients :
Une matière
Une fonction
Un process
Un client
et beaucoup d’émotion
Jean-Baptiste Sibertin-Blanc explique: “Mon travail est d’accompagner les artisans d’art à s’organiser un petit peu, à savoir prioriser les étapes”. Il est nécessaire de suivre une méthodologie pour avancer, tout en prenant du recul face à sa propre production. En effet, chaque méthodologie est personnelle, l’objet répond à la marque que l’artisan d’art est en train de créer. Un projet de design est une succession de choix. Les choix ne sont jamais fait au hasard. Il explique également qu’il n’est pas nécessaire de savoir dessiner, l’idée et le processus créatif n’ont pas besoin d’un dessin maîtrisé pour s’exprimer. L’intérêt est de mieux structurer “son musée imaginaire”, qui est nourri de références qu’on déteste ou qu’on adore ou alors qu’on ne voudrait surtout pas copier. Quand on commence son projet de design, souvent on entend “ j’ai plein d’idées mais je ne sais pas comment faire”, c’est à ce moment-là, qu’il faut suivre ces étapes, de l’idée au croquis à l’objet finalisé.
Des étapes successives pour faire avancer son cheminement créatif :
La première étape est de savoir illustrer ces cinq grands axes par une image, c’est une réflexion très subjective, car l’émotion est propre à chacun. Se projeter en choisissant des images de référence permet déjà de délimiter son projet, en se posant différentes questions : “Qui mon client idéal, est-ce que je cherche à ressembler à Hermès ou à vendre à destination d’une clientèle qui entre chez IKEA ou Habitat ?” Les projets de design peuvent démarrer de plein d’endroits, mais ces cinq axes restent fondamentaux dans ce processus. Il faut que le crayon soit le plus libre possible, afin de pouvoir aller de surprise en surprise, comme l’illustre l’écriture automatique. On s’est nourri d’inspirations multiples et à un moment on décroche pour laisser libre court à la création.
Quelques conseils :
Réaliser un travail iconographique en amont autour des 5 axes
Apporter quelque chose de neuf, une touche artistique singulière qui reflète votre personnalité, vos voyages
A éviter “ne pas réinventer l’eau tiède”, innovez !
Etre accompagné dans son processus créatif
Marie-Bénédicte Emmanuelli Lorenté témoigne de l’accompagnement qu’elle a reçu: “Je n’ai pas suivi de formation de designer initialement, et souvent quand j’avais eu une idée je ne savais pas si j'avais été au bout de celle-ci. Maison Agamaou est une nouvelle entreprise que j’ai créé, l’objectif de cet accompagnement était de savoir comment identifier et imposer mon style au sein de mon entreprise. Grâce au programme IMPULSER que j’ai suivi, j’ai pu définir mon projet, et être accompagné pour le faire et m’imprégner d’une méthodologie. Cet accompagnent a un avantage considérable, celui de me permettre de moins me disperser et d’économiser mon énergie.”
“ Une fois qu’on a une masse de croquis, on les reprend et on se rend compte que dans ce qui paraissait incohérent, il y a un chemin qui se dessine” Marie-Bénédicte Emmanuelli Lorenté
“Cette méthodologie m'apporte de savoir mieux m’organiser, de savoir prioriser, notamment de se reposer la question, du matériau, du client… Qu’est-ce que je vais mettre en valeur ? “
Dans la recherche iconographique, ce qui a été intéressant a été de pouvoir identifier mes envies. Ma plus grande difficulté a été d’arriver de sortir de la partie technique, et de passer à la partie créative. Le fait de travailler sur des croquis puis des maquettes, permet d’arriver à faire des choses sans passer par la technique.
Jean-Baptiste Sibertin-Blanc remarque : L’artisan se pose très rapidement la question de “comment faire?”, on ne doit pas se poser la question “comment faire?”, mais plutôt de se demander “quoi faire?”.
C’est une étape fondamentale, qui permet de laisser toute sa place à la créativité. Dans un premier temps, il faut se libérer des contraintes pour être dans la création, d'où l'importance de s’accorder du temps et de faire des croquis, du dessin sans rentrer trop loin dans le détail.
Du design à l’artisanat, deux approches complémentaires
Maurane Closier est designer et céramiste, elle décrit ce passage du designer à l’artisan: “J’ai eu une maîtrise très différente pendant dix ans, j’étais en amont de l’atelier. Maintenant quand je suis au tour dans mon atelier, je n’adopte pas du tout le même état d’esprit. Avec mon cerveau de designer, je me pose plein de questions, alors que quand je tourne, mes gestes sont précis et répétés, ce sont deux pratiques différentes. C’est beaucoup plus vif et intuitif alors que dans le design, je suis une démarche de réflexion. Aujourd’hui si on me donne un plan, je peux arriver facilement à l’imaginer sur le tour. Le dialogue entre l’artisan et le designer est ce qui permet d’aller plus loin”.
“Il faut aussi accepter les erreurs dans la phase de fabrication, où on ne peut revenir en arrière contrairement à la phase de design ” Maurane Closier, designer et céramiste
Au tout début, il fallait apprendre les gestes et la technique, j’arrive petit à petit à sortir de cet apprentissage pour laisser le processus créatif s’épanouir. Dans ce processus, il faut accepter l’erreur pour continuer. Par exemple, dans l’atelier de céramique, la casse peut-être due au fait que les objets soient trop fins, en fonction du rendu de l’email et il n’est pas possible de revenir en arrière comme cela été le cas dans le métier de designer. Elle explique : “Dans ma pratique et mon processus créatif, il faut que j’ai un plan et effectuer des dessins avant de me lancer dans la conception. Je dessine en plan pour faire des séries”.
Comment enseignes-tu ce processus créatif à tes élèves ?
Je leur enseigne une répétition, l'enchaînement de geste efficace, et de la technique qui devient par la suite l’outil. C’est dans une deuxième étape, que le processus créatif arrive.
"Maîtrise tes classiques et tu feras l’artiste après”, Augusto Tozzola
A vos agendas :
Rendez-vous le mardi 14 juin de 18h30 à 19h30, 5 membres d’Artisans d'Avenir animeront un atelier de mentorat pour résoudre la problématique entrepreneuriale de votre choix. L’atelier suivant est le 19 juillet !
Qu’est-ce que le mentorat par Artisans d’Avenir ?
C’est un atelier gratuit de résolution de vos problématiques : vous venez avec votre problématique ou votre question pour votre projet, et des membres d’Artisans d’Avenir aux compétences diverses (marketing, logistique, entrepreneuriat, digital…) répondent et vous aident individuellement à résoudre vos interrogations.
Cet atelier gratuit a lieu tous les mois, dure une heure, et est exclusivement réservé aux adhérents de l’association.
Pour devenir adhérent : https://www.artisansdavenir.fr/adherer . Et pour vous inscrire à la session : envoyez-nous un mail à contact@artisansdavenir.fr, 'je veux participer à l’atelier mentorat du 14 juin.
Rendez-vous à notre prochain événement qui aura lieu le mardi 12 juillet à 18h30, au campus Versailles Patrimoine et Artisanat d’excellence pour un atelier de co-développement et répondre à toutes vos questions. Inscrivez-vous !
Appel à candidature :
Le Programme Impulser redémarre pour une troisième promotion qui aura lieu du 27 septembre 2022 jusqu'au 03 février 2023 ! Vous pouvez candidatez via ce lien ! 20 places sont ouvertes pour cette nouvelle promotion, éligible aux financements de la formation professionnelle.
Impulser est un accélérateur de 4 mois, en collectif et spécifique aux métiers d'art, pour aider à la création ou au développement de votre activité d'artisans d'art.
Candidatez au programme IMPULSER 2023
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Trouver des solutions grâce au collectif
Artisans d’Avenir a organisé une soirée de co-développement pour les artisans d’art
Le co-développement est une méthode qui permet de faire émerger des solutions grâce au groupe. Ce 12 juillet 2022, dans le magnifique Campus Versailles Patrimoine et Artisanat d’excellence, nous avons organisé une soirée qui a réuni une cinquantaine de personnes. L’objectif était de favoriser les rencontres et permettre aux artisans d’art de trouver des réponses à leur questionnement.
Entre les vues ensoleillées sur le château de Versailles, dans la bienveillance, l’ambiance dynamique et joyeuse, les échanges se sont construits sans peine. Démonstration :
Avant de terminer par un apéritif et une visite du campus Versailles, nous avons organisé cette session de co-développement. Chaque artisan d’art a été invité à décrire une ou deux problématiques à laquelle il a fait face récemment. Nous avons retenu six problématiques qui ont fait l’objet des six tables rondes décrites ci-dessous. Chaque artisan qui avait soulevé la problématique est devenu porteur de projet. Les personnes intéressées par la thématique se sont réunies autour de lui.
1 - Mieux gérer son temps au quotidien
Autour de cinq participants, Anne, doreuse et restauratrice sur bois doré, a exposé sa problématique. Le temps de production en atelier et la réponse aux commandes lui prend la grande majorité de ses journées. Elle se laisse porter par ses projets, et voudrait être plus structurée dans son organisation pour allouer du temps au développement commercial.
La question de l’artisan d’art entrepreneur est aussi de trouver du temps pour les autres composantes du métier : la vente, la prospection, la communication, l’administratif, la comptabilité. Les participants se sont donc concentrés à trouver une manière de lisser les différents temps nécessaires à l’activité pour tout faire. Voici les conseils/exercices qui sont ressortis :
Prévoir des temps réguliers à la communication, la prospection… est une solution. Il faut essayer de consacrer dans sa semaine et dans son mois des temps entiers dédiés à des thèmes/chantiers (communication, prospection…). Pour cela, avec le retour d’expérience que vous avez déjà, il faut essayer de calculer le nombre de jours nécessaires sur chaque semaine ou mois à allouer à chaque thème. Vous pouvez par exemple compter les heures sur l’année de production, qui vous permet de savoir le nombre incompressible/idéal d’heures en atelier.
La technique du gâteau du temps est une bonne manière de répartir mieux son temps ensuite avec les différentes tâches à accomplir : dessinez un camembert répartissant vos différentes tâches en part de gâteau, correspondant au temps passé pour chacune d’entre elle aujourd'hui. Ensuite, faites le même gâteau en dessinant la répartition idéale du temps qu’il faudrait. L’écart entre les deux vous permet de voir quel temps vous devez essayer d’ajuster, pour quelle tâche.
La semaine idéale : Grâce à l'expérience que vous avez acquise aujourd’hui, ou à l’exercice du gâteau de temps, essayez de dessiner une semaine idéale sur un calendrier, en répartissant des blocs de travail affilié à une tâche. Prévoyez des temps libres pour laisser place à l’imprévu.
1h30 pour se concentrer : prévoyez toujours une pause après 1h30 de travail, car la concentration diminue au-delà. Vous reprendrez le travail encore plus efficacement.
Les temps de gestion du planning : il faut prévoir régulièrement des temps où vous revoyez vos priorités et l’organisation de chaque jour/semaine. Ce peut être 20 min le lundi matin, le vendredi soir. 10 min tous les matins et soirs. L’important est de permettre de prioriser les tâches à accomplir, et de remodeler sa semaine pour atteindre ses objectifs.
Tout ce que l’on peut faire en 2min : le faire immédiatement. En effet, cela évite d’accumuler de la charge mentale : cela peut être la réponse à un mail, un sms, un commentaire…
Avoir un tableau qui résume toutes les tâches à faire, avec un code couleur (urgent, en cours, à faire…). L’afficher dans son atelier et le mettre à jour lors des temps de gestion de planning.
Savoir dire non : c’est même impératif. En effet, vous êtes très sollicité, et la capacité à vous protéger est primordiale pour tenir dans le temps. Dire non peut se faire simplement, en proposant une solution ou alternative à la personne en face, qui ne prenne pas votre énergie.
2 - Comment pallier aux périodes de crise ?
Damien est maroquinier - ébéniste, il crée des sacs alliant ses deux savoir-faire, dans un atelier- boutique à Versailles qui a pignon sur rue. Avant le COVID son activité se répartissait entre la revente (30%) et la vente aux particuliers (70%). Damien a recentré ensuite son activité sur sa boutique, constatant qu’elle pâtissait de ses commandes B2B. Depuis la crise sanitaire, la fréquentation de la boutique a baissé significativement, et Damien s’interroge sur les moyens :
- de faire revenir physiquement sa clientèle à la boutique
- de booster sa notoriété et visibilité
Après un premier tour de table qui a consisté à aider Damien à préciser sa problématique, la question sous-jacente était comment retrouver un niveau de chiffre d’affaires acceptable dans cette période post-covid, encore marquée par une baisse d’activité importante.
Voici les solutions qui ont été proposées par son groupe :
Créer des événements dans sa boutique, en-dehors des périodes déjà très animées. En dehors des JEMA, Noël, et autres périodes de fréquentation ou d’activité nécessairement fortes, créer des animations au sein de l’atelier, et notamment :
Des ateliers d’initiation au savoir-faire : sur des périodes bien limitées et cadrées dans le temps (pour que cela ne déborde pas sur les périodes nécessaire à la création et la fabrication)
Des nocturnes / soirées à l’atelier, à l’occasion du lancement d’un nouveau modèle, d’une actualité forte de la ville de Versailles… peut-être en s’associant à d’autres artisans du quartier.
Capitaliser sur l’innovation produit pour communiquer et créer du buzz. Damien a revisité un fauteuil Wassily des années 20, projet qui a passionné ses abonnés autant que lui. Envisager d’autres collaborations et projets atypiques qui sont un moyen toujours gagnant pour créer de la notoriété. Réserver la communication à des périodes commercialement creuses.
Communiquer d’avantage, en s’entourant éventuellement d’une personne. Envoyer plus régulièrement une newsletter, et notamment pour inviter ses clients à venir à la boutique pour les événements qu’il mettra en place.
Envisager l’embauche sous forme d’alternance par ex (aides de l’état jusque fin décembre) pour se charger du site internet et des réseaux sociaux.
Creuser les possibilités de collaboration avec des acteurs locaux comme le Campus Versailles.
3 - Comment recentrer son activité sur la production en diminuant les cours :
Lucile est céramiste, aujourd’hui les cours représentent 90% de son activité. Cette activité est rentable et appréciée, elle a de nombreux clients en liste d’attente, mais elle n’y prend vraiment plus de plaisir, on peut presque dire qu’elle est au bord du ‘burn out’. Lucile donne ses cours dans sa boutique atelier à Versailles, dans lequel ses propres productions sont peu mises en avant. Elle souhaiterait se concentrer sur la vente de ses productions et réduire à 30% la part prise par les cours.
Conseils donnés par le groupe :
Faire une analyse de l’existant en comprenant ce qui a marché jusqu’à présent dans les ventes de la production personnelle.
Par exemple les deux évènements partagés avec d’autres artisans semblent avoir très bien marché : peut-on doubler le nombre d’évènements mutualisés ?
Quelle gamme de produits fonctionne le mieux ? Faudrait-il tester de nouvelles gammes de produits pour répondre à la demande du marché ?
Quel est l’état de l’existant concernant la communication, la plateforme de marque, les activations (réseaux sociaux, RP, Site, salon, partenariats, revendeurs…) : quelles sont les priorités à travailler et quel est le rétro-planning de mise en oeuvre ?
Organiser au mieux l’espace boutique pour qu’il soit très dominant visuellement lorsque l’on rentre dans la boutique car de toutes les façons les cours se remplissent sans effort.
Importance de se poser la question : Comment les cours que je donne peuvent être aussi source d’énergie positive ? Lucile aime notamment les échanges et l’expérimentation ; elle gagnerait à designer et marqueter ses cours autour de ces thèmes.
4 - Comment trouver le prix juste ?
Anne est peintre en décor, tout juste diplômée, elle ne sait pas encore comment elle va se rémunérer, alors elle s'interroge sur la méthode de calcul du prix juste et sur la manière de rémunérer ses expérimentations.
Le groupe va l'aider à préciser sa question en l'interrogant sur : son produit, sa technique, son catalogue produit, les projets sur mesure, et sa cible. Le groupe va l'amener à repenser son positionnement : quel statut choisir : artisan ou artiste? dans le premier cas elle devra prospecter afin de trouver des clients, et bien connaître le prix de marché en interrogeant ses pairs par exemple, afin de facturer au bon prix.
Anne doit pouvoir se vendre, et ne doit jamais sous évaluer son tarif même avec une faible expérience car cela devaloriserait son travail. En tant qu'artiste elle peut se faire représenter par un agent et obtenir le statut a la Maison des Artistes. Elle doit aussi définir sa clientèle cible : grand public ou professionnel ?
Pour ses devis, elle pourra proposer une prestation modulée avec plusieurs choix (prestation simple ou plus complexe), ou proposer un forfait journalier tout simplement.
Concernant la phase d'expérimentation, la phase de maturité de l entreprise est importante. Lors de la création il faut privilégier la rentabilité. Néanmoins, le groupe est unanime et souligne qu'innover créé de la valeur ajoutée et permet de mieux vendre. Il est donc est vivement conseillé d'expérimenter à toutes les phases de développement de son entreprise.
5 - Comment prospecter efficacement auprès de partenaires B2B ?
Frédérique, bronziere d’art a plusieurs activités : l’une est de créer des bijoux et objets utilitaires, l’autre des sculptures. Elle vend via des salons, la plateforme Empreintes et sa boutique atelier. Elle se demande aujourd’hui comment prospecter et démarcher les bons acteurs du B2B: galeristes et boutiques physiques.
Un premier tour de table a permis de recentrer le débat, démêler les problématiques multiples de Frédérique et son positionnement entre art et artisanat. Il a fallu analyser qui étaient ses clients actuels et potentiels, quelle direction elle souhaitait donner à son travail et qui lui assurait sa source de revenus principale.
Le tour de table a révélé les difficultés à fixer ses prix et son offre avant de commencer la prospection.
Les solutions proposées par le groupe ont été les suivantes :
Redéfinir son offre et la cible des clients visés.
Segmenter son offre en trois catégories selon la clientèle.
Revoir son pricing en fonction des catégories.
Réaliser un Benchmark sur réseaux sociaux/ dans les villes/ revues spécialisées
Avoir un apporteur d’affaires rémunéré à la commission pour le développement commercial.
6 - Comment faire face à une activité trop chargée ? Et recruter la bonne personne dans son équipe ?
Depuis de nombreux mois, Sophie, artisane d’art créatrice d’abat jours, fait face à un rythme d’activité trop important pour son entreprise qu’elle mène seule. Elle s’épuise à travailler le soir et le week-end pour répondre à ses clients dans les délais. Sophie souhaiterait sous-traiter une partie de ses tâches, ce qui lui ferait gagner 50% de son temps de production. Sophie a du mal à trouver la bonne personne pour ce poste.
Solutions évoquées :
Définir de manière très précise ce qu’elle attend d’un bon candidat afin de réaliser une fiche de poste : Missions à effectuer, compétences et qualités requises, lieu, contrat, rémunération. Le besoin doit être très cadré, pour attirer le bon profil.
Choisir les canaux de diffusion de cette offre en fonction du profil qu’elle recherche pour atteindre l’objectif : Instagram, Facebook, Linkedin et/ ou écoles ? Compagnons du devoir, La bonne Graine, Octave Feuillet…
Nous nous sommes rendus compte que Sophie recherchait par exemple un profil d’ouvrier de production, avec des tâches répétitives et peu de créativité. Elle ne doit donc pas s’adresser à des écoles qui forment des créatifs.
Effectuer un premier filtre téléphonique avec les critères spécifiques définis afin de pouvoir sélectionner les candidats adaptés.
Faire venir la personne et la faire tester au moins une journée en découverte/immersion dans l’atelier pour vérifier si la mission correspond aux attentes de chacun.
rappel : appel à candidature IMPULSER
Le Programme Impulser redémarre pour une troisième promotion qui aura lieu du 27 septembre 2022 jusqu'au 03 février 2023 ! Vous pouvez candidatez via ce lien ! 20 places sont ouvertes pour cette nouvelle promotion, éligible aux financements de la formation professionnelle.
Impulser est un accélérateur de 4 mois, en collectif et spécifique aux métiers d'art, pour aider à la création ou au développement de votre activité d'artisans d'art.